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Société - Saint-Sylvestre

Au Liban, la menace du coronavirus plane sur le Nouvel An

Le danger ne se présente pas tant au niveau des établissements touristiques, contraints de respecter les mesures préventives du Covid-19, que des soirées privées où aucune précaution n’est prise.

Au Liban, la menace du coronavirus plane sur le Nouvel An

De nombreux restaurants ne prévoient pas de programmes spéciaux pour célébrer le Nouvel An. Photo Mohammad Yassine

« Moi, c’est très simple, j’ai décidé de fermer. » Rabih, propriétaire de deux restaurants au Metn, ne se fait pas d’illusions. « Le soir de la Saint-Sylvestre, il va être difficile de contrôler les gens, explique-t-il. J’ai alors décidé de me limiter aux commandes, et ce sont les clients qui viennent récupérer leurs plats. Je ne livre même pas. Je ne veux pas prendre de risques. »

Si des publicités de quelques restaurants qui prévoient des soirées en grande pompe – animées par des DJ ou des chanteurs – pour célébrer le passage à la nouvelle année circulent sur les réseaux sociaux, de nombreux restaurants, pubs et cafés se contenteront d’un DJ ou, tout simplement, ne prévoient rien du tout. C’est le cas du propriétaire d’un restaurant du caza de Baabda qui propose de la cuisine libanaise. Chez lui, « les clients choisiront leurs plats à la carte ». « Avec les mesures de distanciation et d’hygiène qui nous sont imposées par les autorités pour lutter contre le coronavirus, je ne pourrais pas rentrer dans mes frais si je prévoyais une soirée animée par un chanteur, comme nous avions l’habitude de le faire, affirme-t-il. Comme de plus nous ne pouvons pas non plus servir le narguilé dans les endroits fermés, nos pertes seront considérables. Sur le plan financier donc, organiser une fête est trop risqué. »

Toujours dans le caza de Baabda, un pub huppé prévoit de son côté une grande fête qui sera animée par un DJ. « Nous respectons toutes les directives des ministères de la Santé et du Tourisme », assure le gérant des lieux, soulignant que la soirée pourrait se poursuivre jusqu’à 1h ou 1h30.

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À l’approche des fêtes et malgré le nombre sans cesse croissant des contaminations au coronavirus – hier un peu moins de 3 000 cas ont été enregistrés –, le ministère de l’Intérieur avait allégé les mesures de prévention, contrairement à d’autres pays où celles-ci ont été fortement durcies. Ainsi, le couvre-feu a été fixé de 3h à 5h tout au long de la période allant du 23 décembre au 1er janvier. Les pubs, boîtes de nuit et restaurants sont contraints de recevoir les clients à 50 % de leur capacité de salle, avec interdiction de danser. Le ministère du Tourisme a de son côté invité tous les établissements touristiques qui envisagent d’organiser des soirées en cette période d’obtenir une autorisation au préalable et de s’inscrire à cet effet sur la plateforme eventregistry.net

Malgré cela, des débordements ont été observés à la veille de Noël. Les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont en effet dressé des centaines de procès-verbaux à l’encontre des établissements contrevenants, et une dizaine d’entre eux ont été mis sous scellés.

Appeler le 112

Le soir de la Saint-Sylvestre, « les forces de l’ordre redoubleront de vigilance pour préserver la sécurité, mais aussi pour s’assurer du respect des mesures de prévention », affirme à L’Orient-Le Jour une source des FSI. La police touristique sera aussi sur le terrain, insiste-t-on dans les mêmes milieux. L’objectif est de sortir de ces fêtes avec le moins de dégâts possible.

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Pour cette source, « la responsabilité est partagée ». « Les FSI font leur travail, assure-t-il. Les gens doivent de leur côté assumer leurs responsabilités. Il est interdit de continuer à se comporter avec nonchalance. Nous sommes responsables les uns vis-à-vis des autres, puisque nous faisons face à une pandémie qui, bien que bégnine dans la majorité des cas, fait aussi des morts. Le problème ne se pose donc pas uniquement pour les fêtes organisées dans les établissements touristiques, mais aussi et surtout pour celles qui ont lieu dans les maisons et les chalets où aucune mesure de prévention n’est respectée. » Et d’appeler toute personne qui serait témoin d’une infraction à ces mesures à ne pas hésiter à appeler le 112.Mardi, le ministre libanais sortant de la Santé, Hamad Hassan, avait déjà estimé que le pays serait « au cœur de la tempête » après le 10 janvier, alors que les autorités redoutent un pic dans les contaminations après les fêtes de fin d’année.

Mauvaise expérience

Dans ce contexte, le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf, réclame quant à lui des mesures plus drastiques. Déplorant la saturation observée dans les unités du Covid-19, notamment dans les soins intensifs, mais surtout le nombre élevé de contaminations parmi les médecins, il a précisé lors d’une conférence de presse qu’il a tenue au siège de l’ordre qu’à ce jour dix médecins sont décédés des suites du Covid-19, alors que quinze se trouvent actuellement aux soins intensifs et 200 sont confinés chez eux. « Si cette tendance se poursuivait, il n’y aurait plus de spécialistes pour traiter les patients », a-t-il mis en garde.

Le Dr Abou Charaf a en outre appelé les responsables à ordonner la « fermeture des boîtes de nuit et restaurants » pour la Saint-Sylvestre. « Nous n’avons pas les capacités requises pour absorber le nombre de contaminations actuelles au coronavirus, et l’expérience de Noël n’a pas été bonne », a-t-il conclu.

« Moi, c’est très simple, j’ai décidé de fermer. » Rabih, propriétaire de deux restaurants au Metn, ne se fait pas d’illusions. « Le soir de la Saint-Sylvestre, il va être difficile de contrôler les gens, explique-t-il. J’ai alors décidé de me limiter aux commandes, et ce sont les clients qui viennent récupérer leurs plats. Je ne livre même pas. Je ne veux pas...

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