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Campus - TÉMOIGNAGES

Ces étudiants qui viennent à Beyrouth pour les fêtes, malgré tout

Malgré les crises financière et sanitaire, certains étudiants libanais installés à l’étranger ont décidé de venir passer les fêtes en famille au Liban.

Ces étudiants qui viennent à Beyrouth pour les fêtes, malgré tout

Malgré la situation, de nombreux étudiants libanais n’hésitent pas à braver les difficultés pour passer les fêtes au pays du Cèdre. Crédit photo Samer Khouri

Instabilité politique, crise économique et pandémie, les facteurs décourageant les jeunes Libanais de venir au Liban pour les fêtes ne manquent pas. De nombreux étudiants à l’étranger se sont ainsi retrouvés devant un dilemme, écartelés entre inquiétude et nostalgie.

Au Liban pour deux semaines, Bruna Sarouphim, étudiante en master de marketing et communication à l’École supérieure de publicité (ESP)-Paris, a beaucoup hésité à rentrer au pays pour les fêtes. « Je me sentais bien là où j’étais : la stabilité me soulageait après avoir vécu de près les événements du 4 août durant mes dernières vacances. À l’étranger, on se sent un peu épargné, on a sa propre routine et un mode de vie différent. Et je savais que revenir, même pour une courte durée, allait demander une certaine réadaptation qui s’avère de plus en plus difficile », précise-t-elle. Il faut ajouter à cela plusieurs autres éléments à prendre en compte comme le prix des billets d’avion devenus assez chers et le coût des tests de dépistage du coronavirus à l’aller et au retour, sans oublier le risque d’être contaminé durant le voyage.

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Néanmoins, malgré toutes ces difficultés, la volonté de retrouver sa famille pour Noël l’emporte : l’étudiante prépare sa valise qu’elle traîne tout au long de l’escalier de l’ancien immeuble parisien où elle habite, et se rend vers la gare d’où elle prend un train pour l’aéroport, en attendant impatiemment le moment des retrouvailles avec les siens. « Il y a un bon nombre de détails, aussi minimes soient-ils, qui font de notre voyage en tant qu’étudiants solitaire une affaire stressante et fatigante », avoue-t-elle. Et de poursuivre : « Il faut, par exemple, nettoyer son appartement avant de partir, payer ses factures, gérer les provisions de nourriture des quelques derniers jours, s’assurer que tout est en ordre, etc. Tout ça en parallèle avec les études et les examens ayant souvent lieu juste avant les fêtes. » Pourtant, Bruna ne s’imagine pas passer les fêtes sans sa famille, estimant qu’il est « vraiment dur d’être loin de chez soi, parce que quoi que l’on fasse, on ne ressentira jamais la même affection à l’étranger ».

Remplacer les cadeaux par des donations aux démunis

« Pour beaucoup, comme moi, la première motivation derrière ce voyage est notre volonté de soutenir nos familles. J’espère que cela donne un peu d’espoir à ceux qui en ont besoin », indique encore Bruna Sarouphim. Évoquant l’impact matériel du retour des Libanais de l’étranger pour les fêtes, elle insiste sur l’importance de la solidarité. « Comme plusieurs membres de ma famille travaillent à l’étranger et désirent apporter un certain support financier au pays, nous avons décidé cette année de ne pas échanger de cadeaux et d’utiliser les sommes prévues pour les présents afin d’aider les plus démunis », précise-t-elle. L’étudiante conclut : « Cela me réconforte beaucoup de constater la résilience incroyable du peuple libanais. J’ai des amis de mon âge qui se battent encore pour rester au Liban, en essayant de reconstruire ou même d’investir dans le pays. J’espère sincèrement pouvoir le faire un jour. »

En chemin depuis l’aéroport, des images tristes et choquantes

Georges Karam, lui, est étudiant en quatrième année d’ingénierie mécanique à l’Université McGill-Montréal. Pour lui, il n’était pas question de passer les fêtes loin de sa famille. « Cela faisait déjà un an que je n’étais pas revenu, principalement à cause de l’instabilité politique. Même si la situation a toujours été difficile au Liban, jamais il n’y a eu une crise aussi profonde à tous les niveaux. L’été dernier, mes parents ont préféré que je ne prenne pas le risque d’être coincé au Liban à cause de la fermeture de l’aéroport », explique-t-il. Malgré son inquiétude, Georges décide de rentrer au pays pour les fêtes. « En faisant le compte à rebours pour mon voyage, je priais toujours pour que rien de dangereux ne se produise au Liban, tellement j’avais envie de retrouver les miens. Même si je savais que je n’allais pas passer le réveillon de Noël seul dans mon appartement avec ma bougie et mon chat, et que j’aurais sans doute contacté quelques proches et amis résidant au Canada », plaisante-t-il. Compte tenu des problèmes économiques et de la difficulté à transférer de l’argent à cause des restrictions bancaires et de la dépréciation de la livre, ainsi que de la flambée des prix des billets d’avion transatlantiques, Georges tente de donner un coup de main à ses parents : « J’ai essayé de contribuer à mes frais quotidiens en travaillant durant l’été, et en faisant quelques économies, puis maintenant en réalisant tous mes achats ici en livres libanaises. » Selon cet étudiant qui a préféré se confiner dès son arrivée au Liban, l’insécurité sanitaire constitue, elle aussi, un obstacle qui reste franchissable. « Même si je n’ai pas effectivement profité de la totalité des 18 jours de mon congé auprès de ma famille, j’ai pu en revanche éviter un retour anticipé. Étant donné que les cours universitaires continuent en ligne à la rentrée du second semestre, je pourrais faire la quarantaine obligatoire au Canada tout en poursuivant mes études à domicile », explique-t-il.

Pour mémoire

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Par ailleurs, l’étudiant s’attarde sur son premier contact avec la capitale post-4 août. « C’est la première fois que je rentre dans un chez-moi qui me paraît méconnaissable. Sur la route menant de l’aéroport de Beyrouth jusqu’à notre appartement, le panorama est tellement triste et choquant », confie-t-il. Originaire d’al-Mina, à Tripoli, Georges passe une partie de son séjour auprès de sa grand-mère dans leur maison familiale. « À vrai dire, ce qui m’a le plus manqué quand j’étais au Canada, à part ma famille bien sûr, c’était le beau temps et la chaleur. Ça m’a réellement fait plaisir de me reconnecter avec mes racines tripolitaines et j’étais plutôt rassuré de voir que rien n’a changé… » témoigne-t-il. Revenant à l’essentiel, Georges précise : « Mon retour et celui de beaucoup d’autres jeunes reflète notre tradition en tant que libanais de se réunir en famille pour les fêtes de Noël et du Nouvel An. C’est quelque chose à quoi nous ne pouvons pas facilement renoncer. Il s’agit sans doute aussi d’un symbole d’espérance, dans le sens où nous sommes confiants que, par la bonne volonté de Dieu, la situation ne se dégradera pas davantage et que notre retour durant les fêtes aidera peut-être nos parents à remonter la pente petit à petit. »

Instabilité politique, crise économique et pandémie, les facteurs décourageant les jeunes Libanais de venir au Liban pour les fêtes ne manquent pas. De nombreux étudiants à l’étranger se sont ainsi retrouvés devant un dilemme, écartelés entre inquiétude et nostalgie. Au Liban pour deux semaines, Bruna Sarouphim, étudiante en master de marketing et communication à...

commentaires (1)

Le retour pour les fêtes , de ces jeunes est nécessaire pour leur parents certes. Ce n'est pas évident de passer les fêtes dites en famille avec des enfants à l'étranger. Idem pour les jeunes qui ont besoin de sentir cette affection. Le bémol qu'il faut soulever en revanche. Il est obligatoire dès leur retour, de se soumetter en AUTOquarantaine de 7 à 8 jours, le temps de confirmer la négativité du test COVID et ce, pour ne pas risquer de transmettre l'éventuel virus sans doute chopé à l'aéroport ou dans l'avion. Dans l'intérêt des parents et/ou grand parents. Ce qui veut dire, perdre une semaine en autoquarantaine au liban. Luxe qui n'est pas à la portée des étudiants, qui n'ont pas des congés à rallonge. Malheureusement, tous arrivent au liban et se mettent en contact direct avec leur entourage. D'où le risque pour les proches.

LE FRANCOPHONE

10 h 48, le 31 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • Le retour pour les fêtes , de ces jeunes est nécessaire pour leur parents certes. Ce n'est pas évident de passer les fêtes dites en famille avec des enfants à l'étranger. Idem pour les jeunes qui ont besoin de sentir cette affection. Le bémol qu'il faut soulever en revanche. Il est obligatoire dès leur retour, de se soumetter en AUTOquarantaine de 7 à 8 jours, le temps de confirmer la négativité du test COVID et ce, pour ne pas risquer de transmettre l'éventuel virus sans doute chopé à l'aéroport ou dans l'avion. Dans l'intérêt des parents et/ou grand parents. Ce qui veut dire, perdre une semaine en autoquarantaine au liban. Luxe qui n'est pas à la portée des étudiants, qui n'ont pas des congés à rallonge. Malheureusement, tous arrivent au liban et se mettent en contact direct avec leur entourage. D'où le risque pour les proches.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 48, le 31 décembre 2020

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