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Politique - Gouvernement

À défaut du tiers de blocage, Baabda veut rafler la mise sur les « gros » ministères

L’initiative de Bkerké reste tributaire des desiderata des protagonistes.

À défaut du tiers de blocage, Baabda veut rafler la mise sur les « gros » ministères

Le patriarche Raï lors de sa dernière visite à Baabda, le 18 décembre. Photo Hussam Shbaro

C’est dans un champ truffé de mines que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, tente d’avancer pour débloquer la formation du gouvernement. Poursuivant son initiative auprès du chef de l’État et du Premier ministre, Bkerké tente de concilier l’inconciliable tout en prenant soin de ne pas afficher un parti pris pour l’un ou l’autre des protagonistes. Le premier voudrait garantir un gouvernement au sein duquel sa formation politique pourrait avoir une prépondérance certaine – que ce soit à travers un tiers de blocage ou, à défaut, un nombre substantiel de ministères régaliens qui leur donnerait les coudées franches dans plusieurs secteurs. Le second insiste pour une formule réduite de 18 ministres au profil indépendant– à l’exception des portefeuilles alloués au tandem chiite qui aura son mot à dire plus que les autres pour le choix de ses candidats – sans qu’aucune partie ne puisse détenir un quelconque veto au sein de l’exécutif. En somme une formule qui puisse concorder a minima avec l’initiative française.

Pour l’heure, la démarche du patriarche n’a suscité que peu d’optimisme. Du côté de Baabda on laisse pourtant entrevoir un brin d’espoir en affirmant qu’une réunion entre M. Hariri et Aoun va avoir lieu au cours de cette semaine. Sans pour autant prédire un déblocage quelconque, les propos du député aouniste Ibrahim Kanaan, qui a rencontré hier le patriarche maronite, se veulent rassurants sans pour autant être clairs quant à leur portée politique. « Les querelles ne peuvent plus continuer », a-t-il dit. « Le président Aoun est prêt à clore le dossier gouvernemental, conformément à la logique constitutionnelle et à l’initiative française », a ajouté M. Kanaan. Par logique constitutionnelle, le député veut dire que les prérogatives du chef de l’État restent intouchables et qu’il reste un partenaire à part entière dans la désignation de l’ensemble des ministres et non seulement des chrétiens.

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Mais du côté du courant du Futur, le scepticisme est à son paroxysme. « Je ne vois aucun compromis à l’horizon », assure à L’Orient-Le Jour Moustapha Allouche, membre du directoire politique du courant du Futur.
Le responsable haririen affirme également ne pas prendre au sérieux les propos distillés dans les milieux de Baabda, à savoir que « la question du tiers de blocage n’est plus de mise ». C’est en tous les cas ce qu’avait affirmé le patriarche maronite après sa réunion vendredi avec le chef de l’État en déclarant que ce dernier n’a pas exigé une telle condition. Une information qu’une source proche du président a confirmé à L’OLJ, soulignant qu’au cours de la rencontre le président a laissé entendre « indirectement » qu’il ne souhaitait pas obtenir le tiers de blocage.

Une combinaison détonante
Pour le camp haririen, s’il devait être confirmé, le renoncement de principe du chef de l’État au tiers de blocage serait alors remplacé par une condition tout aussi rédhibitoire : pour compenser l’absence d’un veto détenu par le camp au sein de l’exécutif, Michel Aoun exigerait désormais, en plus de la Défense et de l’Énergie, les portefeuilles de la Justice et de l’Intérieur ou au moins d’avoir son mot à dire pour le choix du ministre de l’Intérieur.

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Une combinaison détonante, dira en substance un responsable politique qui suit de près le dossier. Les adversaires du camp aouniste craignent en effet que celui-ci ne se serve de sa mainmise sur les ministères régaliens pour régler des comptes politiques, notamment à l’ombre de l’enquête judiciaire sur l’explosion du port. Le ministère de la Justice peut aussi servir d’arme dans le cadre de la lutte contre les crimes de corruption notamment. Le bras de fer qui a actuellement lieu entre la procureure générale près la Cour d’appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, proche du président, et le directeur général des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Imad Osman, un haririen, sur fond d’une enquête relative aux « dollars subventionnés », est symptomatique à cet égard. Une bataille que tous les observateurs qualifient d’éminemment politique.

Conscients que la composition du gouvernement et le subtil partage des quotes-parts seront décisifs en matière de détermination des équilibres à venir, ni Saad Hariri ni Michel Aoun ne semblent, pour l’heure, disposés à lâcher du lest. L’un et l’autre savent pertinemment que le gouvernement à venir aura une durée de vie bien plus longue que ne le laissent croire les propos de Saad Hariri qui parle d’une période transitoire de six mois. Le cabinet devrait survivre jusqu’à la fin du mandat du président, assurent plusieurs analystes. C’est ce qui expliquerait l’insistance du président à garantir, à moyen et à long terme, la survie de son courant ainsi que l’avenir politique de son gendre, Gebran Bassil.

C’est dans un champ truffé de mines que le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, tente d’avancer pour débloquer la formation du gouvernement. Poursuivant son initiative auprès du chef de l’État et du Premier ministre, Bkerké tente de concilier l’inconciliable tout en prenant soin de ne pas afficher un parti pris pour l’un ou l’autre des protagonistes. Le premier voudrait...

commentaires (6)

Wow...Malin le CPL...le pays est en état de sublimation et s'évapore mais le CPL garde des ministères hénormes et hutiles, mooosieur, pour compléter l'épilogue tant attendue de "don quichotte de la maskhara"

Wlek Sanferlou

23 h 06, le 21 décembre 2020

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Commentaires (6)

  • Wow...Malin le CPL...le pays est en état de sublimation et s'évapore mais le CPL garde des ministères hénormes et hutiles, mooosieur, pour compléter l'épilogue tant attendue de "don quichotte de la maskhara"

    Wlek Sanferlou

    23 h 06, le 21 décembre 2020

  • Et entre temps Israel se frotte les mains et prend les postes des libanais dans les emrats ??????????

    Eleni Caridopoulou

    18 h 19, le 21 décembre 2020

  • qu ils s entre-tuent,la meilleure solution pour nous....pour les remplacer.

    Marie Claude

    11 h 29, le 21 décembre 2020

  • Je ne sais pas s’il est un véritable bras de fer, mais la plainte de la magistrate et le rappel à l’ordre au directeur des Forces intérieures fait partie de sa méthode de travail et de ses compétences et n’a rien "d’éminemment politique" comme vous l'écrivez. En tout cas, c’est comme ça que je vois les choses, et j’aime bien la méthode de travail de Madame Aoun, et il en faut une femme à poigne par les temps qui courent. Bien sûr, Ils font partie du même dispositif du pouvoir, et pour rappel ils sont nommés par qui. Mais "tiers de blocage", et "gros ministères" ou plutôt régaliens, ce qui m’échappe, c’est le système. Est-il présidentiel, semi-présidentiel, tricéphale etc, etc. S’il est majoritaire, il s’estime en droit de réclamer ces ministères. Qui peut comprendre que Macron durant son mandat (sauf cohabitation), céder les portes feuilles à l’autre camp. Le problème à mon avis est le suivant : M. Bassil par son durcissement, ne cherche qu’à sauver les meubles, lui qui est la cible de mes amis révolutionnaires, (hola ho), de l’arrêt DU projet du mandat, un barrage d’eau pour irriguer le pays, l’arrêt des travaux du mausolée à Nahr el kalb, et in fine l’hémorragie de l’effectif de son parti, et la fuite des cerveaux et autres éminences grises de la formation aouniste. Un désaveu quoi, sans parler de l’explosion nucléaire au port. En un mot, c’est une fin de règne en bonne et due forme.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    10 h 47, le 21 décembre 2020

  • IL NE RESTE QUE LES OS. ILS VEULENT PARTAGER LES OS DEVANT LE MONDE ENTIER.

    Gebran Eid

    02 h 11, le 21 décembre 2020

  • After the next legislative elections, the power of the FPM will be weakened because they will lose most of their seats. The FPM no longer represents the aspirations and agenda of the Lebanese Christians. The new generation of Christians and Muslims aspire for major reforms in which confessionalism will be abolished in the new Lebanese state.

    Mireille Kang

    01 h 17, le 21 décembre 2020

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