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Politique - Décryptage

Aoun et Hariri : du respect mutuel aux accusations réciproques

Le premier effet de l’annulation de la visite au Liban du président français Emmanuel Macron, initialement prévue le 22 décembre, est que les responsables ne se sentent plus obligés de faire le moindre effort afin de reprendre les négociations pour la formation du gouvernement.

Selon des informations diplomatiques, la cellule de l’Élysée chargée du dossier libanais avait en effet pressé le président du Conseil désigné Saad Hariri de renouer le dialogue, interrompu après la douzième rencontre, avec le chef de l’État Michel Aoun. Face au manque d’empressement du palais de Baabda de rouvrir le sujet avec le chef du courant du Futur après les 12 rencontres infructueuses, ce dernier s’était même rendu auprès du patriarche maronite Béchara Raï pour solliciter son aide et son intervention auprès du président de la République. D’ailleurs, selon des sources proches de Bkerké, le patriarche Raï aurait accepté d’intervenir à ce sujet auprès du chef de l’État, sachant qu’il doit le rencontrer au plus tard le 25 décembre, lors de la messe traditionnelle de Noël. Mais selon les mêmes sources, il pourrait solliciter une audience au palais présidentiel au cours des prochains jours.

L’appel à l’aide de Saad Hariri a donc été lancé avant l’annonce de l’annulation de la visite du président français, mais selon les sources précitées, le patriarche maronite considère qu’il est de son devoir de chercher à rapprocher les points de vue entre les deux parties concernées par la formation du gouvernement, surtout dans une période aussi délicate. Il cherchera ainsi à faire de son mieux pour qu’une nouvelle rencontre entre les deux hommes se tienne avant la fin de l’année, mais il est clair qu’avec le report de la visite du président français, il a encore moins de chances d’être entendu.

La question qui se pose toutefois est la suivante : comment le chef de l’État et le Premier ministre désigné en sont-ils arrivés là ? Beaucoup de Libanais se souviennent encore de l’accolade émouvante entre Michel Aoun et Saad Hariri le 22 novembre 2017, après le retour la veille de ce dernier à Beyrouth suite à l’épisode de la démission depuis Riyad. Ce jour-là, et après avoir été retenu dans la capitale saoudienne avant de revenir à Beyrouth, le Premier ministre avait étreint le président à Yarzé, dans le cadre des cérémonies de la fête de l’Indépendance, sous les projecteurs des caméras. À ses visiteurs, Michel Aoun déclarait à l’époque qu’en plus de leurs responsabilités constitutionnelles qui les obligeaient à collaborer, une relation filiale le liait à Saad Hariri. De son côté, le chef du courant du Futur parlait du chef de l’État avec beaucoup de respect. D’ailleurs, les autres protagonistes politiques ne manquaient pas de remarquer la relation particulière qui liait les deux hommes. Certains, comme le président de la Chambre Nabih Berry, en étaient irrités et d’autres en étaient surpris, surtout que depuis les accords de Taëf, le président du Conseil avait plus de prérogatives que le chef de l’État, ce qui était censé déranger Michel Aoun qui se voulait « un président fort ».

Pourtant, en dépit de tous les sujets qui auraient pu être conflictuels, en dépit des élections législatives de 2018 et de la volonté des deux parties de préserver leur popularité au sein de leurs rues respectives, les deux hommes ont réussi à préserver leur relation... jusqu’au 29 octobre 2019, lorsque Saad Hariri a présenté la démission de son gouvernement sans en avertir au préalable le chef de l’État. La raison évoquée par le Premier ministre à l’époque était sa volonté de répondre à la pression populaire. Mais les milieux de Baabda n’ont jamais été totalement convaincus par cette justification. Pour ces milieux, Saad Hariri avait plutôt agi conformément à des « conseils américains » qui lui avaient suggéré de démissionner pour revenir en force et dans des conditions plus favorables pour lui. Les milieux haririens ont eu beau démentir ces rumeurs, les proches de Baabda en sont restés convaincus.

Dès lors, le fossé n’a cessé de se creuser entre les deux hommes, d’autant que le pays était plongé dans une grave crise institutionnelle, populaire et sociale. Michel Aoun voulait former un gouvernement qui pourrait prendre rapidement les décisions indispensables pour sortir le pays de la crise, et Saad Hariri estimait que la crise allait s’aggraver et qu’elle était beaucoup trop importante pour être réglée par des décisions internes. Les milieux proches de Baabda ont ainsi accusé ce dernier de jouer pendant des mois un double jeu en refusant de former le gouvernement, tout en posant des entraves devant ceux qui chercheraient à le faire. C’est ainsi que Saad Hariri a été le plus fervent opposant au gouvernement de Hassane Diab en refusant de le recevoir ou de s’entretenir avec lui pendant toute la période où son gouvernement était en fonctions. Même après la démission du gouvernement Diab le 10 août, le chef du Futur a poursuivi la même tactique, selon les milieux de Baabda, jusqu’à sa propre désignation le 22 octobre pour former le gouvernement. Michel Aoun n’avait pas alors caché son manque d’enthousiasme pour la désignation de Saad Hariri, notamment à travers le discours prononcé la veille de sa désignation, le 22 octobre. Le chef de l’État n’a pas en effet les moyens d’empêcher celle-ci. Les deux hommes ont essayé malgré tout de maintenir entre eux une relation de respect mutuel, mais les douze rencontres qui ont eu lieu depuis ce fameux 22 octobre n’ont fait qu’envenimer leurs rapports. Pour les milieux de Baabda, Saad Hariri n’est pas sérieux dans sa volonté de former un gouvernement. Ce qui peut être compréhensible en raison de la complexité de la situation. Mais ce qui l’est moins, aux yeux des proches du chef de l’État, c’est son insistance à vouloir rejeter sur le président la responsabilité des entraves. Les proches de Saad Hariri n’ont d’ailleurs pas cessé de dire cela dans les médias, et dans leurs entretiens diplomatiques et politiques récents, accusant Michel Aoun d’être trop interventionniste et même d’être influencé dans ses exigences par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. De leur côté, les milieux de Baabda estiment que ces accusations sont injustes.

Ces deux versions contradictoires ont envenimé les relations entre Baabda et le Futur, qui n’en sont pas toutefois encore à échanger des accusations directes. Un médiateur agréé entre les deux parties affirme d’ailleurs que lorsqu’il y aura un déblocage régional et international, le climat tendu entre les deux parties sera aussitôt balayé. Pour l’instant en tout cas, il n’y a aucun signe de détente...

Le premier effet de l’annulation de la visite au Liban du président français Emmanuel Macron, initialement prévue le 22 décembre, est que les responsables ne se sentent plus obligés de faire le moindre effort afin de reprendre les négociations pour la formation du gouvernement. Selon des informations diplomatiques, la cellule de l’Élysée chargée du dossier libanais avait en effet...

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CELUI QUI VEUT FORMER UN GOUVERNEMENT D,EXPERTS COMPETENTS ET INDEPENDANTS ET EST EMPECHE DE LE FAIRE PAR LES CPL/HEZBOLLAH/BERRIOTE ET SURTOUT PAR LA TETE DE L,ECHELLE EST CELUI QUI A RAISON ET QUI VEUT SAUVER LE PAYS ET SON PEUPLE.

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 30, le 18 décembre 2020

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  • CELUI QUI VEUT FORMER UN GOUVERNEMENT D,EXPERTS COMPETENTS ET INDEPENDANTS ET EST EMPECHE DE LE FAIRE PAR LES CPL/HEZBOLLAH/BERRIOTE ET SURTOUT PAR LA TETE DE L,ECHELLE EST CELUI QUI A RAISON ET QUI VEUT SAUVER LE PAYS ET SON PEUPLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 30, le 18 décembre 2020

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