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Société - Éclairage

Au Liban, l’ombre du coronavirus plane au-dessus des fêtes

Les fêtes de fin d’année révèlent une déconnexion entre la réalité sanitaire et le ras-le-bol des Libanais.


Au Liban, l’ombre du coronavirus plane au-dessus des fêtes

Des personnes portant un masque à Beyrouth le 15 décembre. Mohammad Azakir/Reuters

La question trotte dans tous les esprits en cette fin d’année : comment célébrer les fêtes en période de coronavirus? Comment profiter de ses proches sans risquer de se contaminer ou de les contaminer ? Alors que le nombre de nouveaux cas quotidiens repart à la hausse ces derniers jours avec quelque 2 000 nouveaux malades journaliers, les spécialistes craignent que les chiffres flambent à la suite des fêtes de fin d’année. Aux États-Unis, les contaminations ont explosé après les célébrations du Thanksgiving, les gens se retrouvant à plusieurs dans des espaces restreints où les règles de distanciation ne sont pas respectées. Au Liban, où les réunions familiales dépassent le plus souvent les dix personnes, et alors qu’aucune consigne gouvernementale n’a été émise pour les restreindre, chacun adopte sa propre stratégie. « On a décidé tous de se faire tester avant les réunions de famille », raconte Pascale, une chef d’entreprise d’une cinquantaine d’années. « Pour nous, ce sera en petit comité, même le dîner sera minimaliste », confie Élie, un étudiant de 26 ans. « Je reste chez moi », affirme pour sa part Mohammad, 22 ans, qui craint de contaminer ses proches. Si certains ont décidé de modifier leurs habitudes, d’autres en revanche veulent profiter pleinement des fêtes après une année des plus éprouvantes. « Pour Noël, on sera quatre. Mais après le 26, je compte me lâcher, je n’en peux plus. Je vais faire comme si le coronavirus n’existait pas », raconte Samir, 31 ans, actuellement sans emploi. « Je vais organiser une soirée privée où il y aura 50 personnes ! » lance Farid, 23 ans, qui cherche un emploi. « C’est irresponsable, avec les festivités, il risque d’y avoir un pic », déplore Salim Adib, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) qui explique le « ras-le-bol » par la « fatigue populaire ». « Les gens peuvent faire un effort pendant quelques semaines, voire deux mois, mais après, le sens de l’urgence diminue », estime-t-il.

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« Si le système hospitalier n’a toujours pas atteint sa capacité maximale (estimée à 80 %), le risque d’augmentation des cas à cause des fêtes risque de le submerger, commente Firas Abiad, directeur général de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri. Aller à des festivités, c’est mettre les gens en danger. Ce n’est pas juste. » Le directeur de l’hôpital estime que les risques d’infection pour une personne qui se rend à un dîner rassemblant plusieurs convives de foyers différents dans un espace clos sont très élevés. Les cas asymptomatiques, à ce titre, peuvent largement contribuer à la diffusion du virus. Une personne qui ne présente aucun symptôme pourrait avoir tendance à ne pas faire attention aux règles de distanciation, mettant ainsi la vie d’autrui en danger.

« Une soirée dans une vie »

La situation est appréhendée avec d’autant plus de craintes du côté des professionnels de la santé que le personnel hospitalier est éreinté par des mois de bataille contre le virus. « Le corps médical est fatigué physiquement et émotionnellement, et voit tous les jours des patients mourir car quelqu’un a voulu s’amuser et faire la fête. Nous sacrifions nos vies à cause de personnes qui ne veulent pas sacrifier leurs sorties », s’énerve Firas Abiad.

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Ahmad, infirmier à l’unité de soins intensifs Covid à l’hôpital Rizk, a « peur ». « Je suis sûr que le nombre de cas va augmenter. À cause de la crise économique, les gens se moquent du Covid, ils veulent se défouler… Nous sommes fatigués et en sous-effectifs, j’enrage quand je vois les centres commerciaux remplis durant cette période. » Entre le 11 et le 24 novembre 2020, d’après un rapport bimensuel émis par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, plus de 1 600 personnes du corps médical ont été infectées au Liban. Les restaurants, les bars et même les boîtes de nuit (même s’il sera interdit d’y danser) seront ouverts pendant les fêtes alors que le Liban devrait accueillir, mais dans une proportion bien moindre que les années précédentes, des émigrés de la diaspora. Pour les restaurants, c’est une question de survie. Mais là aussi les risques doivent être pris en compte. « Nous sommes dans le flou… Je ne sais pas si je vais ouvrir. 50 % de capacité, ce n’est pas rentable. Si j’ouvre, le bar respectera les mesures sanitaires », rapporte Hady Chehlaoui, propriétaire d’un bar à Gemmayzé. André Mallak, propriétaire de bars et restaurants, ne compte pas organiser d’événement spécial pour la soirée du 31, comme c’est le cas d’habitude. « Ce sera une soirée normale. » D’autres préfèrent se retirer, à l’instar de Jade, fondateur et directeur général de Factory People (groupe d’artistes qui organisent des événements). En réponse à la dernière mesure interdisant de danser dans les discothèques, il a annoncé sur Instagram qu’il n’organisera pas d’événement, critiquant l’absence ainsi que l’imprudence du gouvernement au vu de la forte hausse des cas et son manque de soutien pour le corps médical. « Je sais que notre industrie est en difficulté et que nous saignons, mais ces deux semaines ne changeront rien », écrit celui qui est aussi DJ, appelant à la patience. « La période des fêtes est la plus lucrative pour nous : on organise 32 événements en 15 nuits. Cette année, notre groupe a décidé de ne rien organiser alors que deux de nos boîtes de nuit ont été gravement touchées par l’explosion (AHM et Grand Factory). Ce ne serait pas logique. Nous voulons avoir une influence positive sur la jeunesse et notre communauté, c’est pour cela que nous avons fermé la première fois avant même que le gouvernement ne le demande. Nous ne pouvons pas risquer la santé des gens et de leurs proches », confie-t-il à L’OLJ. De son côté, le professeur Salim Adib demande aux Libanais d’accepter la réalité : « C’est une soirée dans une vie. Quand on perd un proche à cause d’un comportement imprudent, c’est pour la vie. »

Plus de 2 000 nouveaux cas et près de 1 000 hospitalisations actuellement

Le Liban a enregistré 2 051 cas de Covid-19 et 11 décès au cours des dernières 24 heures, selon le dernier bilan du ministère de la Santé publié vendredi. Le taux de résultats positifs moyen par rapport au nombre de tests effectués est de 12,8 %, poursuivant sa légère hausse entamée cette semaine. Ces chiffres font grimper à 154 944 le nombre cumulé des contaminations depuis l’apparition du virus au Liban en février, au nombre desquelles 1 259 décès et 108 737 guérisons. Parmi les personnes actuellement contaminées, 990 sont hospitalisées, dont 409 en soins intensifs.

En dépit des inquiétudes liées à la croissance des contaminations, la Commission nationale de suivi des mesures préventives contre le coronavirus avait recommandé mercredi la prolongation des heures d’ouverture dans les établissements touristiques jusqu’à 3h du matin pendant la première semaine suivant l’entérinement de cette recommandation. À partir de la semaine suivante, le secteur touristique pourrait fonctionner 24 heures sur 24, toujours selon cette même recommandation. Cette mesure, saluée par le syndicat de l’Horeca, devrait faire dans les prochains jours l’objet d’une circulaire de la part du ministère de l’Intérieur afin d’être appliquée sur le terrain.

Réunion du Comité interministériel

Dans ce contexte, le Comité interministériel en charge du suivi de la pandémie s’est réuni au Grand Sérail et a « débattu des mesures à mettre en place pendant les fêtes de fin d’année », selon un communiqué laconique publié après cette réunion, sans plus de précisions.

La question trotte dans tous les esprits en cette fin d’année : comment célébrer les fêtes en période de coronavirus? Comment profiter de ses proches sans risquer de se contaminer ou de les contaminer ? Alors que le nombre de nouveaux cas quotidiens repart à la hausse ces derniers jours avec quelque 2 000 nouveaux malades journaliers, les spécialistes craignent que...

commentaires (1)

DES CITOYENS QUI NE RESPECTEBT PAS LES MESURES SANITAIRE DONT LE PORT DU MASQUE ET LA DISTABCIATION ET LE LAVAGE DES MAINS APRES AVOIR TOUCHE DES CHOSES EN DEHORS DE LA MAISON. POUR EXEMPLE A TRIPOLI ET MINA LES RESTAURANTS ET CAFES SONT A CEAQUER FULL COMPLETS ET LES GENS SE BALLADENT SANS MASQUE ET SERRES COMME SI DE RIEN N,ETAIT. JE SUIS SUR QU,UN PEU PARTOUT AU LIBAN ON FAIT LA MEME CHOSE. CES ECERVELES CONVOIENT ET REPANDENT LE FLEAU A LEURS FAMILLES, PARENTS, AMIS ET CONNAISSANCES. ET LES RESPONSABLES SONT INCOMPETENTS.

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 00, le 19 décembre 2020

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Commentaires (1)

  • DES CITOYENS QUI NE RESPECTEBT PAS LES MESURES SANITAIRE DONT LE PORT DU MASQUE ET LA DISTABCIATION ET LE LAVAGE DES MAINS APRES AVOIR TOUCHE DES CHOSES EN DEHORS DE LA MAISON. POUR EXEMPLE A TRIPOLI ET MINA LES RESTAURANTS ET CAFES SONT A CEAQUER FULL COMPLETS ET LES GENS SE BALLADENT SANS MASQUE ET SERRES COMME SI DE RIEN N,ETAIT. JE SUIS SUR QU,UN PEU PARTOUT AU LIBAN ON FAIT LA MEME CHOSE. CES ECERVELES CONVOIENT ET REPANDENT LE FLEAU A LEURS FAMILLES, PARENTS, AMIS ET CONNAISSANCES. ET LES RESPONSABLES SONT INCOMPETENTS.

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