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Environnement - Initiative

« EcoSwitch Coalition » : les entrepreneurs écolos ont désormais leur plate-forme

Le programme vient d’être lancé avec un financement de l'Union européenne, afin d’encourager les idées qui répondent autant au besoin d’une production locale de qualité qu’à l’amélioration de l’environnement.

« EcoSwitch Coalition » : les entrepreneurs écolos ont désormais leur plate-forme

Les entrepreneurs verts profiteront de l’expérience et des ressources de plusieurs partenaires aux profils variés. Photo DR

Batoul el-Hakim, chimiste de formation, était loin d’imaginer, au début de son parcours, qu’elle deviendrait un jour une entrepreneuse écolo. Et pourtant, cela fait déjà plusieurs années qu’elle a lancé sa propre marque artisanale de produits de soins personnels et de ménage naturels, Savvy Element, qui continue de grandir malgré la crise économique et les ravages de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août, sur une partie de son équipement. « Vu mes standards écologiques stricts, j’ai eu du mal à m’imaginer dans l’industrie traditionnelle, dit-elle. Or au Liban, dans les industries qui requièrent mon expertise, les produits de base utilisés sont trop toxiques à mon goût. Même mon expérience dans les ONG internationales n’était pas concluante, vu que les conditions des donateurs, aussi louables soient-elles, ne sont peut-être pas toujours adaptées aux besoins du Liban. » C’est ainsi que, peu à peu, Batoul el-Hakim s’est dirigée vers l’entrepreneuriat, dont elle ne savait pourtant pas grand-chose. C’est un programme de formation international, Switch Med, financé par l'Union européenne et lancé en 2015, qui lui a permis de se familiariser avec les différentes facettes de ce secteur. Actuellement, c’est un second volet de ce programme, « EcoSwitch Coalition », qui vient d’être lancé au Liban, mais aussi dans huit autres pays de l’est de la Méditerranée, tout comme le premier programme de 2015. Également financé par l'Union européenne, ce programme a pour partenaire principal – en charge de son exécution – la Fondation Diane, mais bénéficie également de l’apport de quelque 14 autres partenaires de profils très différents, ce qui facilitera l’accès des candidats à l’expérience et aux ressources que fourniront ces institutions, ONG et entreprises.

« Cette coalition sera là pour appuyer tous les entrepreneurs verts, par la création d’une plate-forme qui les aidera à se lancer et à persévérer, explique la fondatrice de EcoConsulting, Maya Karkour, assignée pour faciliter la mise en place d’EcoSwitch. Cette plate-forme sera ouverte à toute entreprise à caractère environnemental établie dans le pays ou venant d’être lancée, ainsi qu’à tout entrepreneur souhaitant tester son produit sur le marché avant de donner le coup d’envoi à son initiative. »

Un apport de spécialistes autour de formations ciblées. Ici, lors du premier programme Switch Med. Photo DR

« Vert » d’un bout à l’autre

Mais qu’est-ce qu’un entrepreneur « vert » ou écolo ? Il s’agit, selon Maya Karkour, de toute entreprise, mise sur pied par un individu ou plusieurs associés, qui, dans sa gestion tout comme dans le produit ou le service qu’elle propose, sert un objectif écologique. Il peut s’agir d’une compagnie concernée par la gestion des déchets, par le tri et le recyclage par exemple, ou portée sur l’agriculture biologique (ou toute autre culture qui promeut le respect de la terre), ou proposant des produits conçus pour être facilement désassemblés et réutilisés dans la chaîne de production (ce qu’on appelle l›« ecodesign », destiné à remplacer l’usage unique, particulièrement néfaste pour la planète). Ou encore l’industrie du textile et de la mode revisitée, de manière à mettre en avant les matières écologiques et la réutilisation de vêtements… « Au Liban, à part les entreprises du secteur des énergies renouvelables, solaire et autres, ces entreprises sont généralement des PME », explique Maya Karkour.

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Comment cette plate-forme compte-t-elle, pratiquement, aider ces entrepreneurs ? « Les institutions partenaires sont en charge de programmes souvent financés par des partenaires internationaux, ce qui leur ouvre déjà des portes, dit-elle. La coalition en tant que telle leur proposera des formations et des expertises apportées par des spécialistes. Elle pourra également faire appel aux investisseurs, donner aux candidats un accès à des prêts » verts «. Fait non négligeable, ils jouiront d’un soutien technique et opérationnel très précieux, ainsi que d’un soutien administratif. Et, cerise sur le gâteau, de cette expérience découlera un partage de ressources avec d’autres entrepreneurs qui, on l’espère, contribuera à la naissance d’un réseau fonctionnel. »

De son expérience dans Switch Med, Batoul el-Hakim retient tous ces points positifs. « Les formations à l’entrepreneuriat respectueux de l’environnement et concernant les moyens de rendre son business durable ont été fondamentales pour moi, raconte-t-elle. Ce que je garde de cette expérience aussi, ce sont mes liens avec d’autres entrepreneurs qui évoluent dans des domaines comparables au mien. »

Un marché prometteur

Pour que le lancement de cette nouvelle coalition tienne toutes ses promesses, Maya Karkour souligne qu’après la création du consortium de partenaires essentiels à ce projet, un recensement des entrepreneurs écolos au Liban est en cours. « Nous avons lancé en parallèle un sondage pour comprendre les besoins de ces nouveaux entrepreneurs, et nous les invitons à remplir le formulaire qu’ils trouveront sur nos pages en ligne, dit-elle. Nous allons bientôt entamer une série de formations gratuites, notamment dirigées vers les entrepreneurs qui en sont à la phase de la réflexion autour d’idées. À plus long terme, nous réaliserons un plan d’action plus vaste. Les institutions partenaires interviendront chacune selon sa spécificité. »

Une telle initiative sera doublement bénéfique pour le Liban, estime Maya Karkour : d’une part, au vu de la crise économique actuelle, une production locale de qualité et des services offerts à la population permettront de réduire la dépendance aux importations. Et d’autre part, en raison de la situation environnementale désastreuse, la mise sur le marché de tels produits ne peut que réduire la toxicité et contribuer à la sensibilisation de la population aux pratiques écologiques. Enfin, l’alternative ainsi offerte pourrait permettre à nombre de jeunes de se réaliser. « Et la meilleure nouvelle, c’est que la structure que nous mettons en place est faite pour durer et devenir pérenne », insiste Maya Karkour.

Les jeunes devraient-ils franchir le pas ? Batoul el-Hakim les y encourage, malgré tous les défis qu’ils pourront rencontrer. « Le marché pour de tels produits reste un marché de niche, dit-elle. Mais le public libanais est plus réceptif à la production locale, surtout depuis la thaoura et en raison de la crise économique, qui rend le prix de ces produits, autrefois prohibitif, plus compétitif par rapport à l’alternative importée. D’un autre côté, il faut dire que si la sensibilisation écologique a fait son chemin dans les esprits, elle n’est toujours pas une priorité dans un contexte aussi difficile. Mais l’expérience mérite d’être tentée. »

Pour entrer en contact avec l’équipe en charge de ce projet, il est possible de se connecter à leur pages Facebook, ou écrire à l’adresse mail : nancy.boueri@fondation-diane.org.

Batoul el-Hakim, chimiste de formation, était loin d’imaginer, au début de son parcours, qu’elle deviendrait un jour une entrepreneuse écolo. Et pourtant, cela fait déjà plusieurs années qu’elle a lancé sa propre marque artisanale de produits de soins personnels et de ménage naturels, Savvy Element, qui continue de grandir malgré la crise économique et les ravages de l’explosion...

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