L'interrogatoire des députés et anciens ministres Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil dans le cadre de l'enquête sur la double explosion du port de Beyrouth a été reprogrammée pour le 4 janvier, selon des informations de l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). MM. Khalil et Zeaïter, respectivement anciens ministres des Finances et des Travaux publics et des Transports, sont, au même titre que le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, et l'ancien ministre Youssef Fenianos, mis en accusation pour négligence dans le cadre de cette affaire.
Les deux députés, membres du mouvement Amal du président de la Chambre, Nabih Berry, devaient être entendus aujourd'hui par le procureur général près la Cour de justice, Fadi Sawan, mais ils ont refusé de se présenter, arguant qu'ils n'avaient pas été informés officiellement, c'est-à-dire via le secrétariat général du Parlement, de leur convocation, et qu'ils jouissent donc de leur immunité parlementaire. Et selon la LBC, ils ont demandé à ce que le dossier soit transféré à un autre juge pour "suspicion légitime" d'incompétence.
Par ailleurs, le juge Sawan a interrogé, dans la matinée, l'ancien chef d'état-major, le général Walid Salmane, en tant que témoin. Il a en outre engagé de nouvelles poursuites contre le directeur de l'Office en charge de la gestion et des investissements du port de Beyrouth, pour négligence et pour avoir causé la mort de personnes innocentes.
En outre, selon des informations de la chaîne d'informations locale LBCI, le juge Sawan a envoyé au secrétariat général de la présidence du Conseil, via le Parquet en cassation, les demandes d'interrogatoire de Hassane Diab, Youssef Fenianos et du directeur général de la Sécurité de l'Etat, Tony Saliba. Le Sérail aurait toutefois renvoyé au Parquet la convocation de M. Fenianos, celui-ci n'étant plus ministre. De son côté, Tony Saliba aurait également refusé de se rendre devant le juge, estimant que la convocation aurait dû lui parvenir conformément aux usages, ce qui pourrait impliquer, selon des sources citées par la LBCI, qu'elle soit envoyée au Conseil supérieur de Défense.Lettre au Parlement
Réagissant à ces derniers développements, le vice-président du Parlement, Elie Ferzli, a affirmé dans l'après-midi avoir reçu une lettre du juge Sawan, mais que le Bureau du Parlement a décidé de ne pas la publier "par respect pour la justice libanaise", regrettant toutefois que le procureur "s'adresse au Parlement comme si ce dernier avait négligé d'exercer ses pouvoirs constitutionnels". "Nous attendons qu'un dossier plus complet, comprenant des preuves sérieuses, nous parvienne, a-t-il déclaré depuis Aïn el-Tiné, à l'issue d'une réunion du bureau de la Chambre. "Nous espérons connaître les circonstances et les causes du crime du port", a-t-il ajouté. "En lisant le dossier, il se peut que le juge ait +oublié+ de clarifier de graves accusations et soupçons liés à ceux dont les noms ont été mentionnés dans la lettre adressée au Parlement et certains noms n'ont pas été mentionnés alors que le juge Sawan les considérait comme responsables", a-t-il souligné, précisant que ces noms sont ceux de tous les ministres concernés et chefs de gouvernement de 2013 à 2020.
Les inculpations de MM. Diab, Khalil, Zeaïter et Fenianos sont les premières annoncées à l'encontre d'hommes politiques quatre mois après le drame qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, et détruit le port et des quartiers entiers de la capitale. Selon une source judiciaire qui a requis l'anonymat citée par l'AFP, ces responsables sont inculpés de "négligence, de manquement et d'avoir causé des décès ainsi que des nuisances à des centaines de personnes". Les 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium qui ont explosé le 4 août étaient stockées selon les autorités sans mesures de précaution depuis 2014. Plusieurs avertissements avaient été lancés à ce propos au cours des dernières années jusqu'en juillet 2020, sans qu'aucune disposition ne soit prise pour évacuer ces matières de manière sécurisée. Ces inculpations ont provoqué une levée de boucliers politiques et une confessionnalisation du dossier. Les autorités politiques et religieuses sunnites ont volé au secours de Hassane Diab, pour défendre la présidence du Conseil, dévolue à la communauté sunnite. Le Premier ministre sortant, qui n'est affilié à aucun parti, a pour sa part accusé le juge Sawan d'avoir "violé la Constitution et de contourner le Parlement".
Mardi, Youssef Fenianos s'était rendu au palais de Justice de Beyrouth afin de comparaître devant Fadi Sawan, qui est également juge d'instruction dans cette affaire, sans savoir que son audience avait été reportée à jeudi. L'audience de Hassane Diab, qui avait refusé de recevoir le procureur lundi au Sérail et avait, la veille, regagné son appartement de Tallet el-Khayat, a, elle, été repoussée à vendredi.
commentaires (9)
Affligeant. Du jamais vu même dans ,es tribus les plus reculés. Lorsqu’une personne représentant la justice d’un pays ou même de tribu interpelle un accusé, il s’exécute sous peine de se voir jugé pour non-respect de la loi ou trainé par la peau des fesses devant le juge sauf dans notre poulailler où tous s’improvisent jugés et comptables alors qu’ils ont oublié leur connaissance en droits lorsqu’il a s’agit de faire leur boulot qui est de protéger notre pays des mafias qui gagnèrent le pays par ces actes criminels. Où étaient ils donc ses pédants qui ont retrouvé l’usage de la parole maintenant que la justice veut faire son travail pour nous sortir du miasme pour se faire les avocats du diable (sans jeu de mots) et entraver la justice en s’armant d’excuses et de clauses qui ne riment qu’à casser les efforts du juge pour continuer à voler et tuer. Le juge a procédé à dresser une liste qu’il a qualifié de non exhaustive et ils lui trouvent un subterfuge pour la qualifier de sectaire. Alors on attend que le juge Sawan dresse sa liste ou il n’exclut personne et on verra qui de ces loubards daignera se présenter sans avoir à redire le jour venu. Bon courage Monsieur le juge, ois savons combien votre tâche est difficile face à ses hyènes mais il ne faut pas flancher. Vous êtes notre héros. Le peuple a le devoir d’appuyer ce Monsieur qui prend des risques pour récupérer notre dignité en lambeaux.
Sissi zayyat
12 h 14, le 17 décembre 2020