Le clin d'œil

Noël/Défection

Noël/Défection

D.R.

Quand les petits étaient petits, la chose ne faisait aucun doute. Noël, c’était chez vous. Avec les deux grand-mères aimantes, les oncles, tantes, cousins et leur smala et la joie trépidante des enfants.

Dès le matin, la cuisine fleurait bon la bûche au chocolat maison, amoureusement confectionnée par votre chère belle-mère, une sainte femme et cordon-bleu patenté de la famille. L’après-midi était consacré à la sacro-sainte dinde ou plutôt aux efforts visant à parer la terreur de toute maîtresse de maison qui se respecte à Noël : la dinde trop sèche. Et que je te fasse des piqures de cognac et que je te farcisse de saucisses et autres astuces censées être infaillibles. En n’oubliant pas de dissimuler les cadeaux des enfants derrière le sapin et la crèche – à laquelle manquait immanquablement l’un des Rois mages – en faisant semblant de ne pas remarquer leurs stratagèmes de Sioux pour tenter de deviner ce que le Père Noël leur avait apporté.

Mais votre bâton de maréchal, c’était les bottes de Noël. Des chaussons rouges géants garnis de toutes sortes de friandises : bâtons de réglisse, guimauves pastel, sucettes géantes colorées, bonhommes de neige en chocolat, bonbons acidulés au coca, marshmallows cotonneux, et j’en passe. Pas trop écolo ces bottes, il faut dire, mais un succès fou. Que de fois vous avez aperçu les adultes piochant allègrement, l’air de rien, dans l’une d’entre elles et vos garçons, devenus étudiants à Paris, en réclamer encore pour leur Noël. Et les lendemains de fête, on voyait les fameux chaussons gisant éventrés au pied du lit de gamins barbouillés mais ravis.

Depuis, les choses ont bien changé. Comme les perles d’un immense sautoir, les protagonistes de la fête se sont éparpillés. D’abord, votre belle-mère si douce enlevée par la grande faucheuse. Suivie par votre chère maman avec ses chemisiers roses et ses beaux livres offerts aux enfants « pour leur ouvrir l’esprit ». Puis le départ de votre frère vers les Canadas où, paraît-il, « la vie est plus sûre ». Enfin, l’estocade finale : le départ des garçons dans des contrées où ils ont d’autres amis, d’autres habitudes, d’autres Noëls aussi…

Il paraît que « c’est la vie ». Quelle vie ?

Quand les petits étaient petits, la chose ne faisait aucun doute. Noël, c’était chez vous. Avec les deux grand-mères aimantes, les oncles, tantes, cousins et leur smala et la joie trépidante des enfants.Dès le matin, la cuisine fleurait bon la bûche au chocolat maison, amoureusement confectionnée par votre chère belle-mère, une sainte femme et cordon-bleu patenté de la famille....

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