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Société - Rougeole

Reprise de la campagne de vaccination, dans un contexte de flambée des cas

En sus d’une hausse des cas, observée au Liban et dans le monde, la pandémie de Covid-19 a retardé l’immunisation des enfants.

Reprise de la campagne de vaccination, dans un contexte de flambée des cas

Une campagne de vaccination contre la rougeole est lancée depuis la mi-octobre et se poursuivra jusqu’à la fin de l’année. Elle bénéficie aux enfants âgés de six mois à dix ans. Photo d’illustration Bigstock

Depuis le 15 octobre, une campagne nationale de vaccination contre la rougeole au bénéfice des enfants âgés de six mois à dix ans est menée sur l’ensemble du territoire par le ministère de la Santé, en partenariat avec les bureaux du Liban de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Financée par le Fonds koweïtien pour le développement, cette initiative se poursuit jusqu’à la fin de l’année dans les centres de soins et de santé communautaire, relevant du ministère de la Santé, et dans les dispensaires.

La campagne est d’autant plus importante que le monde connaît depuis quelques années une flambée des cas de rougeole. En effet, un rapport récent de l’OMS et des centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) aux États-Unis fait état d’une forte progression de la maladie dans le monde. Selon ce document, en 2019, « le nombre de cas recensés a atteint son plus haut niveau depuis 23 ans » avec 869 770 cas. Une hausse des décès dus à la rougeole a également été notée avec 50 % plus de morts en 2019 (207 500) qu’en 2016. Selon le document, cette recrudescence des cas est due à une vaccination insuffisante, liée notamment dans certains pays à une méfiance envers les vaccins, notamment celui de la rougeole-oreillons-rubéole (ROR) associé à l’autisme, d’après une étude publiée en 1998 et démentie par plusieurs autres travaux de recherche qui ont montré que ce vaccin n’augmentait pas le risque de ce trouble. L’auteur de ladite étude avait, en effet, falsifié ses résultats. La baisse de la vaccination est également due à la pandémie du Covid-19 qui a perturbé les programmes de vaccination. Le Liban n’est pas en reste dans cette recrudescence mondiale de la rougeole. Déjà, en mars 2018, une flambée de cas a été signalée dans plusieurs régions, principalement dans les camps des réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. L’épidémie s’est par la suite étendue dans la Békaa, le Akkar et le Liban-Sud.

Pour mémoire

Pendant ce temps, ne pas oublier de faire vacciner ses enfants

« En décembre 2019, nous avons entamé la première phase de cette campagne de vaccination au Akkar, à Tripoli, Baalbeck et Hermel », explique à L’Orient-Le Jour Randa Hamadé, cheffe du département de soins de santé primaires et directrice du programme national de vaccination au ministère de la Santé publique. « La campagne s’inscrivait dans le cadre de la stratégie mondiale de lutte contre la rougeole et devait se poursuivre vers la fin du mois de janvier 2020 dans les autres régions du Liban, poursuit-elle. La pandémie du Covid-19 a tout retardé, non seulement au Liban, mais partout dans le monde. »

Peur du coronavirus

La campagne de vaccination a ainsi été ajournée plusieurs mois durant. Elle devait reprendre avec la rentrée scolaire, « puisqu’une partie des enfants cibles sont scolarisés ». Celle-ci ayant été retardée et vu que l’enseignement se fait essentiellement à distance, « nous avons décidé de ne plus tarder, d’autant que nous allons vivre encore longtemps avec le Covid-19 et que nous devons garantir le droit de l’enfant à la santé et à la vaccination », insiste Mme Hamadé.

Aussi, la deuxième phase de la campagne a été relancée vers la mi-octobre. « Les enfants âgés de six mois à un an reçoivent le vaccin de la rougeole et de la poliomyélite, précise-t-elle. Ceux âgés d’un an à dix ans recevront le vaccin combiné ROR et également celui de la poliomyélite. »

Mais une réticence est observée, « causée essentiellement par la peur suscitée par le Covid-19 », constate Mme Hamadé. « Les gens ont peur de sortir », relève-t-elle, assurant que « toutes les mesures de prévention sont prises dans ces centres de soins et de santé communautaire et dispensaires ».

Le Liban ne dispose pas de chiffres exacts sur les cas de rougeole en 2020, « en raison de la pandémie, tous les cas n’ont pas pu être recensés ». « En nous basant toutefois sur les dernières statistiques et sur l’évolution de l’épidémie au cours des dernières années, nous ne pouvons que prévoir une hausse des cas », insiste Mme Hamadé. Au début du mois de décembre 2019, 1 061 cas de rougeole ont été enregistrés sur l’ensemble du territoire libanais, contre 893 en 2018 à la même période, selon les chiffres du ministère de la Santé publique.

Cette flambée des cas est due aussi « au changement des priorités des familles, en raison de la crise économique et financière » qui pèse lourd sur les foyers, déplore Mme Hamadé. « Par ailleurs, le vaccin était en rupture de stock dans le secteur privé, ajoute-t-elle. Or celui-ci est toujours disponible dans les centres de soins et de santé communautaire et les dispensaires. Toutes les familles ne sont pas orientées vers ces centres. »

La rougeole est une maladie virale qui infecte les voies respiratoires avant de se propager à tout l’organisme. Transmise par contact direct ou par l’air, elle se caractérise par une forte fièvre, accompagnée d’un écoulement du nez, d’une toux, d’une rougeur aux yeux et de petits points blanchâtres sur la face interne des joues. L’éruption cutanée apparaît plusieurs jours plus tard, d’abord sur le visage et le haut du cou, puis sur les mains et les pieds.

À ce jour, il n’existe pas de traitement curatif contre la rougeole. La prise en charge médicale permet d’éviter ses complications, notamment la cécité, une encéphalite, une diarrhée sévère, une infection auriculaire ou respiratoire. Le vaccin reste le seul moyen de la prévenir.

Depuis le 15 octobre, une campagne nationale de vaccination contre la rougeole au bénéfice des enfants âgés de six mois à dix ans est menée sur l’ensemble du territoire par le ministère de la Santé, en partenariat avec les bureaux du Liban de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Financée par le Fonds koweïtien pour le développement, cette initiative se...

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