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Vers quoi court ce monde ?

De confinement en confinement, les petits commerces qui sont le sel des villes peinent à survivre et ne sont plus assurés de remonter la pente. Avec la pandémie, la solitude s’ajoute à la solitude dans les grandes villes où les épiciers, les libraires, les petites boutiques de prêt-à-porter, le pressing du quartier offraient la possibilité d’une conversation; où les retraités s’attardaient à la caisse pour bavarder avec la vendeuse. Pour l’approvisionnement, il faudra désormais compter sur les entreprises de commerce électronique qui livrent les produits à votre porte. Le livreur, de nos jours, est l’unique chaînon humain entre la plate-forme de vente numérique et le client. Le coronavirus neutralise l’odorat, mais il nous tient aussi à distance des odeurs familières qui nous guidaient à travers nos parcours quotidiens.

Jusqu’à quand va durer cette pandémie ? L’hiver dernier, à ses prémices, on espérait la voir disparaître en été, mais elle s’est révélée indifférente aux températures. Combien d’années ont défilé en quelques mois ? En décembre, l’épidémie est encore concentrée à Wuhan, en Chine, où elle commence tout juste ses ravages. Fin février, l’Italie commence à enregistrer une recrudescence de contaminations record que le reste du monde, encore relativement épargné, observe avec terreur. On ignore tout de la bête, de son comportement ou de sa psychologie. On la conjure avec des chants, des concerts de casseroles, des fêtes de balcons. On attend l’été, on espère que le virus n’aime pas la chaleur. On ne tarde pas à constater qu’on a tort. On parle alors de vagues. De la prochaine, la scélérate, qui allait se lever à l’automne. En avons-nous atteint la crête ou le creux, en ce novembre lourd ? Même cela, nul ne saurait le dire.

La seule certitude, pour l’heure, est l’accélération désordonnée de la transition vers le tout numérique annoncée au début de ce millénaire comme une perspective de science-fiction. Déjà le télétravail rend obsolète le concept de bureau et l’enseignement virtuel balaie des siècles de tradition scolaire. Le bureau, c’était ce lieu considéré dignifiant qui vous accueillait à la sortie de l’université. On y entrait comme on entre dans la vie et l’on n’en oubliait jamais l’odeur, ni le décor, la première table qui vous était assignée, les premiers collègues, premières émulations ou premières jalousies, premières complicités ou premiers coups bas. Là se développait une famille parallèle à l’ombre d’un patronat souvent paternaliste. Tenue correcte exigée. Les femmes longtemps interdites de pantalon. Fidélité à l’entreprise ou droit de grève, travail d’équipe ou rébellions, médisances de cafètes ou confidences émues… Les jours de boulot étaient moins monotones que l’on n’a voulu le faire croire.

L’école et les débuts maladroits de la socialisation. Quitter la maison au petit matin, la boule au ventre, s’aligner avec les autres, grandir avec eux dans l’angoisse partagée de l’arrachement aux choses familières, apprendre le goût de la craie et de l’encre, la solidarité des braves, apprendre à connaître les limites à ne pas franchir quand il s’agit de chahuter la sensibilité d’autrui. Que deviendra tout cela, quand l’écran sera la norme et la chambre à coucher la frontière ?

Déjà l’économie du monde bascule dans un modèle inédit dont on a vu l’évolution, des souks d’Orient aux merciers de Venise, des boutiques aux grands magasins, fierté de la fin du XIXe siècle, aux « malls » qui jouèrent les Léviathans commerciaux du XXe. Tout cela semble voué à la disparition avec l’invasion du commerce en ligne profitant du vide créé par le virus sur les lieux de convivialité. On a rêvé de voir l’humanité donner une pause à la Terre, du ralentissement de la production et de la consommation, de l’abaissement de l’empreinte carbone, et l’on a cru ce rêve impossible tant il compromet d’intérêts. Mais le virus nous y achemine et il ne serait pas étonnant de voir ce processus introduire tout un nouvel ordre de valeurs, de nouveaux concepts politiques et sociaux. Derrière nos portes closes, tout nous semble déjà obsolète. Quant au système politique libanais, il suinte tant son archaïsme que sa chute n’est qu’une évidence.


De confinement en confinement, les petits commerces qui sont le sel des villes peinent à survivre et ne sont plus assurés de remonter la pente. Avec la pandémie, la solitude s’ajoute à la solitude dans les grandes villes où les épiciers, les libraires, les petites boutiques de prêt-à-porter, le pressing du quartier offraient la possibilité d’une conversation; où les retraités...

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AVEC TOUS LES ABRUTIS QUI GOUVERMENT LES PAYS DE CE MONDE... VERS L,ANNIHILATION TOTALE.

LA LIBRE EXPRESSION

07 h 45, le 19 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • AVEC TOUS LES ABRUTIS QUI GOUVERMENT LES PAYS DE CE MONDE... VERS L,ANNIHILATION TOTALE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 45, le 19 novembre 2020

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