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Politique - Décryptage

Abbas Ibrahim, entre les ennemis de l’extérieur et les adversaires de l’intérieur...

Abbas Ibrahim, entre les ennemis de l’extérieur et les adversaires de l’intérieur...

Abbas Ibrahim recevant, le 16 octobre, le prix James Foley, créé par Diane Foley à la mémoire de son fils journaliste, qui fut le premier otage américain à avoir été exécuté par le groupe État islamique, en 2014. Photo DR

Qui en veut à Abbas Ibrahim au point de laisser entendre que l’administration américaine compte lui imposer des sanctions prochainement ? L’information qui a fait la une du quotidien al-Akhbar samedi a secoué le monde politique tant elle est inattendue, surtout après la dernière visite effectuée par le directeur de la Sûreté générale à Washington à la mi-octobre, au cours de laquelle un hommage lui a été rendu pour son rôle dans la libération de prisonniers américains ou proches des Américains, en Iran et en Syrie.

Interrogé par les chaînes de télévision LBCI et al-Jadeed samedi, le général Ibrahim s’est contenté de déclarer qu’il s’agit « de bavards locaux et étrangers » qui se dévouent pour envoyer aux autorités américaines des rapports à son sujet pour les inciter à lui imposer des sanctions. À la question de savoir s’il les a identifiés, le général Ibrahim a répondu laconiquement : « Si nous ne l’avions pas fait, nous serions en train de mal faire notre travail. »

Le général Ibrahim n’en dira pas plus, mais depuis samedi, les milieux politiques et médiatiques s’emploient à essayer d’en savoir plus sur cette affaire.

Dans un petit rappel des faits, Abbas Ibrahim s’était rendu à Washington le 14 octobre sur la base d’une invitation qui lui avait été adressée par le conseiller à la Sécurité nationale à la Maison-Blanche, Robert O’Brien. Ce dernier occupait auparavant les fonctions de responsable du dossier des prisonniers et otages américains dans le monde. O’Brien avait adressé à Ibrahim une invitation ouverte, et ce sont les Américains qui ont finalement choisi la date. Au cours de cette courte visite de trois jours, le directeur de la SG a rencontré les responsables du FBI et de la CIA ainsi que Robert O’Brien et le secrétaire d’État adjoint David Hale. Il a aussi reçu le prix James Foley lors d’une cérémonie officielle et rencontré la mère d’Austin Tice, un photographe américain qui se trouverait actuellement en Syrie. Il aurait promis à cette dernière de tout faire pour obtenir la libération de son fils.

Peu de temps après son retour à Beyrouth, le général Ibrahim est passé par Damas où il a rencontré de hauts responsables sécuritaires et politiques. Coïncidence ou non, quelques jours plus tard, le Premier ministre albanais est venu à Beyrouth au bureau du général Ibrahim pour prendre en charge une famille albanaise qui avait rejoint le père et conjoint affilié à Daech et actif dans le Nord syrien. Cette famille avait été capturée et elle était détenue par les Kurdes de Syrie. Il s’agissait en tout cas d’une mission difficile, voire impossible, en raison des relations compliquées entre les Kurdes considérés comme pro-Américains et le régime syrien. Pourtant, le général Ibrahim a réussi à obtenir la libération de cette famille (la femme et les enfants) qui a rejoint Beyrouth par voie terrestre, en passant par les zones contrôlées par le régime syrien.

Quelques jours plus tard, le quotidien américain The Washington Post publiait (le 21 octobre) un article sur la visite du général Ibrahim à Washington. Tout en affirmant que le directeur de la Sûreté générale au Liban a apporté plus que le coronavirus à Washington (dans une allusion au fait qu’Ibrahim aurait été testé positif lors de sa visite et a pu contaminer ses interlocuteurs), l’auteur de l’article a mentionné les relations supposées d’Ibrahim avec le Hezbollah et avec le régime syrien. Il a aussi fait état de la proposition faite par le sénateur républicain Joe Wilson d’une loi qui sanctionnerait spécifiquement le Hezbollah et ses actions de blanchiment d’argent, selon le texte de la proposition présentée sous le titre « The Hezbollah Money Laundering Prevention Act of 2020 », le 30 septembre.

Cet article du Washington Post, en dépit de son importance, n’avait pas fait grand bruit au Liban au moment de sa publication. Pourtant il est curieux de constater qu’il a été publié juste après la remise en liberté de la famille albanaise dans la mouvance de Daech détenue par les Kurdes.

Il faudra toutefois attendre le 14 novembre pour que la proposition du sénateur Joe Wilson, qui avait pourtant été faite plus d’un mois auparavant, soit connue du grand public au Liban, à travers la une du quotidien al-Akhbar. Du coup, l’article du Washington Post qui s’étend sur les relations supposées entre Abbas Ibrahim et le Hezbollah est revenu sur le tapis, l’article mentionnant des citations attribuées au sénateur Wilson. Toutefois, si on lit le texte présenté au Congrès par le sénateur, il n’y est nulle part fait mention spécifiquement du général Ibrahim. Son nom figure dans une annexe du projet. Des sources proches de l’administration américaine pensent que ce projet a peu de chances d’être adopté. S’il est vrai que le sénateur Wilson pensait à lui en rédigeant sa proposition, il ne le cite pas en tout cas nommément.

C’est pourquoi la question qui se pose est la suivante : qui souhaite vraiment que le général Ibrahim soit passible de sanctions, et par conséquent ne puisse plus accomplir ses missions de médiation au profit de prisonniers américains dans la région ? Pourquoi aussi cette cabale contre lui, au moment où il semble jouer un rôle très délicat entre le Liban, la Syrie, l’Irak… et les États-Unis ? La réponse est simple, selon ceux qui connaissent bien les dossiers suivis par le général Ibrahim : des parties aussi bien locales qu’étrangères sont dérangées par le rôle qu’il joue et surtout par les succès qu’il a enregistrés, toujours à sa manière discrète, loin de toute fanfaronnade, dans plus d’un cas jugé épineux et alors que tous les contacts étaient coupés entre les différentes parties. Les ennemis de l’extérieur et les adversaires de l’intérieur peuvent parfois avoir un même objectif… À partir de cette conclusion, il devient plus facile d’y voir plus clair.

Qui en veut à Abbas Ibrahim au point de laisser entendre que l’administration américaine compte lui imposer des sanctions prochainement ? L’information qui a fait la une du quotidien al-Akhbar samedi a secoué le monde politique tant elle est inattendue, surtout après la dernière visite effectuée par le directeur de la Sûreté générale à Washington à la mi-octobre, au cours de...

commentaires (5)

Yen na quand même un qui a compris, bravo!

Christine KHALIL

17 h 15, le 16 novembre 2020

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Commentaires (5)

  • Yen na quand même un qui a compris, bravo!

    Christine KHALIL

    17 h 15, le 16 novembre 2020

  • Bravo Scarlett, toujours en train de jeter un peu de lumière et d'injecter un peu de réalité dans les cerveaux des libanais moyens désemparés et obnubilés par les mass media americanossionistes

    Chucri Abboud

    16 h 31, le 16 novembre 2020

  • Vous semblez tout connaître sur tous les sujets Rester je vous en prie sur vos contacts spéciaux et dites tout le bien de Bassil et Nasrallah mais éviter de discourir sur les États Unis SACHEZ QU’LS FONT TOUT LEUR POSSIBLE POUR LIBÉRER LEURS RESSORTISSANTS ARRÊTÉS DE PAR LE MONDE POUR DES RAISONS POLITIQUES CONTRAIREMENT À NOTRE PRÉSIDENT AOUN QUI N’A JAMAIS RÉUSSI À RAMENER UN SEUL DE NOS SOLDATS QU’IL A ENVOYÉ À LEURS SORTS EN FUYANT LUI MÊME POUR JOUIR DE 15 ANS DE VIE DANS LE LUXE A PARIS

    LA VERITE

    11 h 08, le 16 novembre 2020

  • Rien compris non plus, puis en lisanr le nom de la pigiste j'ai compris pourquoi je n'avais rien compris.

    Christine KHALIL

    10 h 38, le 16 novembre 2020

  • En voila beaucoup de mots pour ne rien dire. Cet article est aussi inutile qu'ennuyant. "Les ennemis de l'extérieur et de l'intérieur" ! On se croirait en république soviétique! Mme Haddad vous ferez mieux d'écrire pour un quotidien d'Etat d'une des république autocratiques qui nous entoure. Vos talents y seraient fortement apprécié.

    Naji KM

    01 h 08, le 16 novembre 2020

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