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Politique - Visite de Patrick Durel au Liban

Aoun réitère son attachement à l'initiative française

Le conseiller du président Macron s'entretient avec le chef de l'Etat, le président du Parlement et le PM désigné ainsi qu'avec les principaux chefs de file dont Mohammad Raad.


Aoun réitère son attachement à l'initiative française

Le président libanais, Michel Aoun (d), s'entretenant le 12 novembre 2020 à Baabda avec le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, et l'ambassadrice de France au Liban Anne Grillo. Photo Dalati et Nohra

Le président libanais, Michel Aoun, a réitéré jeudi son attachement à l'initiative française visant à sortir le pays du marasme politique et économique, dans le cadre d'une rencontre avec Patrick Durel, conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. M. Durel est arrivé à Beyrouth mercredi soir pour une visite qui se poursuivra jusqu'à vendredi et durant laquelle il se concertera avec les principaux ténors politiques du pays, après l'expiration du deuxième délai accordé par M. Macron à la classe politique libanaise pour former un gouvernement de "mission".

La visite de M. Durel s'inscrit dans le prolongement de l’initiative française qui vise à aider le Liban à sortir de sa crise économique et financière, alors que les tractations gouvernementales menée par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, s'enlisent. C’est donc principalement pour remettre sérieusement sur le tapis l’initiative portée par Emmanuel Macron que l'émissaire français effectue cette tournée. Ce déplacement revêt une importance au vu de son timing. Il intervient peu après la fin de l’élection présidentielle américaine, remportée par le démocrate Joe Biden, et avant la réunion du Groupe international de soutien au Liban, prévue fin novembre, afin de mobiliser, une fois de plus, la communauté internationale en faveur du pays du Cèdre, notamment sur le plan financier. Sans vouloir trancher sur le point de savoir si cette réunion risque d’être reportée sine die en cas d’échec à former le prochain cabinet, une source diplomatique se contente de faire valoir que "la conférence serait principalement axée sur l’aide humanitaire aux ONG parce qu’il est difficile de s’engager politiquement avec un pays sans gouvernement". Selon des sources citées par notre correspondante Hoda Chédid, la tenue de la conférence sera tributaire de la formation du nouveau gouvernement.

"Crise dangereuse"
Lors de son entretien avec le président Aoun au palais de Baabda, où il entamé jeudi matin sa tournée, M. Durel a appelé, selon la présidence libanaise, à "hâter la formation d'un gouvernement compétent et accepté par toutes les parties afin qu'il puisse mener les réformes requises pour regagner la confiance de la communauté internationale". Selon ce communiqué, l'émissaire français a constaté que la crise économique au Liban était "délicate et dangereuse". Il a ensuite insisté sur la "nécessité de hâter la formation d'un gouvernement compétent et accepté par toutes les parties afin qu'il puisse mener les réformes requises pour regagner la confiance de la communauté internationale". Toujours selon Baabda, M. Durel a indiqué que la France "allait continuer à octroyer des aides urgentes sur plusieurs plans, notamment pour le secteur éducatif", rappelant que "l'engagement de la communauté internationale envers le Liban est conditionné à la mise en place de réformes".

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Pour sa part, M. Aoun a affirmé à Patrick Durel que "le Liban est attaché à l'initiative française car elle est dans l'intérêt du pays. Cela ne peut se traduire qu'à travers un gouvernement digne de confiance et capable de mener les réformes nécessaires qui figurent dans la feuille de route qui a fait l'objet d'un accord entre le président Macron et les forces politiques libanaises". Selon Baabda, ce gouvernement "doit être capable de coordonner de manière efficace avec les partenaires internationaux qui se sont engagés à aider le Liban pour le sortir de la situation économique et financière difficile dans laquelle il se trouve".

"Maintien de la stabilité"
"La principale préoccupation en ce moment est le maintien de la stabilité dans le pays, au milieu des tempêtes régionales et des crises inédites auxquelles fait face le Liban, en sus des conséquences de la présence des déplacés syriens, de la crise économique, de la pandémie du coronavirus et de l'explosion (du 4 août) au port de Beyrouth", a encore affirmé le président Aoun.

"Les sanctions américaines qui ont ciblé des politiques libanais ont également compliqué la donne", a en outre estimé M. Aoun, en allusion aux sanctions imposées par Washington contre le gendre du chef de l'Etat, le député Gebran Bassil, ainsi que les anciens ministres des Finances, Ali Hassan Khalil, et des Travaux publics, Youssef Fenianos. "Toutes ces questions nécessitent un consensus national élargi pour former un gouvernement capable de mener les missions requises, en coopération avec le Parlement pour le vote des lois nécessaires", a ajouté M. Aoun, en insistant sur la nécessité de "mener des tractations nationale élargie durant cette période délicate".

Audit de la BDL
Sur le plan financier, le président Aoun a reconnu que l'audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban, qui est pointée du doigt pour sa responsabilité dans cette crise, faisait face à "de nombreux obstacles". "Mais face à cela, nous sommes très déterminés pour aboutir à cet audit, et c'est pour cela qu'un délai de trois mois a été accordé pour que le cabinet Alvarez & Marsal puisse effectuer sa mission", a rappelé le chef de l'Etat.

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Un délai supplémentaire de trois mois a été accordé à la BDL par le ministère des Finances pour fournir les documents réclamés par le cabinet de conseil Alvarez & Marsal en charge de l'audit juricomptable des comptes de la Banque centrale, une procédure censée permettre de retracer l’historique des transactions afin de détecter d’éventuelles fraudes. Mais l'institution financière a jusque-là refusé de communiquer certaines données, basant cette décision sur le Code de la monnaie et du crédit, ainsi que sur la loi sur le secret bancaire.
L’audit de la BDL occupe pourtant une position importante dans la liste des réformes urgentes que le Liban, en crise depuis plus d’un an, doit lancer pour prétendre recevoir une aide financière internationale. Il s’agit aussi d’un pilier de la feuille de route française.

Tournée auprès des chefs de file... dont Raad
M. Durel s'est par la suite rendu à Aïn el-Tiné où il a rencontré le président du Parlement, Nabih Berry. Ce dernier a fait état d'un "bon" entretien. Le chef du Législatif libanais a estimé que "la seule voie pour le sauvetage du Liban passe par la formation d'un gouvernement dès aujourd'hui, formé d'experts jouissant d'une confiance (...)". Il a fait part lui aussi de son attachement à l'initiative française, selon les médias locaux.

Patrick Durel s'est également entretenu avec le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à la Maison du Centre. Le bureau de presse de M. Hariri s'est contenté d'indiquer dans un communiqué que lors de la rencontre "la situation au Liban, l'initiative française et le dossier de la formation du gouvernement" ont été abordés. M. Durel n'a pas fait de déclarations à l'issue de sa réunion avec M. Hariri. Selon des informations rapportées par Hoda Chédid, l'émissaire français a souligné, devant M. Hariri, l'importance de former rapidement un gouvernement d'experts non partisans afin de mettre en œuvre les réformes requises pour arrêter l'effondrement du pays et reconstruire sa capitale.

Patrick Durel reçu par Saad Hariri. Dalati et Nohra

L'émissaire français, qui s'envole vendredi pour Paris, a en outre entamé une tournée auprès des chefs des principaux partis politiques, dont le chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad. Ce dernier a souligné à l'issue de l'entretien que l'initiative française était toujours en vigueur et qu'il était nécessaire que le nouveau gouvernement s'engage à mettre en œuvre les réformes prévues et décidées à la Résidence des Pins. "Nous sommes responsables d'accélérer la formation du gouvernement parce que la situation du pays est devenue intolérable et que la situation économique est désastreuse", a-t-il ajouté. Le quotidien libanais al-Akhbar, proche du parti chiite, a cité jeudi des sources qualifiant la visite de l'émissaire français de "dernière tentative pour relancer l'initiative française".

Patrick Durel et Mohammad Raad. AFP / ANWAR AMRO

Le président libanais, Michel Aoun, a réitéré jeudi son attachement à l'initiative française visant à sortir le pays du marasme politique et économique, dans le cadre d'une rencontre avec Patrick Durel, conseiller du président français Emmanuel Macron pour les affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. M. Durel est arrivé à Beyrouth mercredi soir pour une visite qui se...

commentaires (10)

Aussitôt que Hariri a annoncé sa candidature au poste de PM tout le monde savait que c’était perdu d’avance. On ne fait pas du neuf avec du vieux. La preuve, son approbation Manu militari aux conditions des vendus avant même qu’ils ne le lui demande. Ils ont tenu à l’avoir comme PM parce qu’ils savent le manipuler et lui faire mordre la poussière quand ils veulent. Il a accepté leurs conditions malgré les expériences douloureuses dans le passé proche. Il réitère ses erreurs alors il doit assumer ses responsabilités puisqu’il a décidé de jouer un double jeu. Promettre un gouvernement réduit et technocrate et en concocter un avec les memes critères qui l’ont obligé à démissionnerez tout ça pour conserver le poste du PM qui n’a rien de premier et encore moins de ministrable, rien qu’un joujou qu’on jette une fois lassé.

Sissi zayyat

12 h 10, le 13 novembre 2020

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Commentaires (10)

  • Aussitôt que Hariri a annoncé sa candidature au poste de PM tout le monde savait que c’était perdu d’avance. On ne fait pas du neuf avec du vieux. La preuve, son approbation Manu militari aux conditions des vendus avant même qu’ils ne le lui demande. Ils ont tenu à l’avoir comme PM parce qu’ils savent le manipuler et lui faire mordre la poussière quand ils veulent. Il a accepté leurs conditions malgré les expériences douloureuses dans le passé proche. Il réitère ses erreurs alors il doit assumer ses responsabilités puisqu’il a décidé de jouer un double jeu. Promettre un gouvernement réduit et technocrate et en concocter un avec les memes critères qui l’ont obligé à démissionnerez tout ça pour conserver le poste du PM qui n’a rien de premier et encore moins de ministrable, rien qu’un joujou qu’on jette une fois lassé.

    Sissi zayyat

    12 h 10, le 13 novembre 2020

  • bla bla... il n'est pas crédible le gars. Celui qui demande "les dossiers et preuves pour transmettre soi disant à la justice" et d'autre part, il bannit et interdit d'accès la personne qui a dévoilé le scandale... Ca veut tout dire.. Il n'est pas crédible. S'il cherchait vraiment la vérité, il n'aurait pas boycotté ( et s'il pouvait mettre en prison le type j'sais plus comment il s'appelle) . Donc dire qu'il tient à l'initiative de M Macron est du même genre qu'il tient à faire justice. D'un côté il dit "oui" alors que de l'autre, son gendre et lui bloquent tout (avant c'était berri et nasrallah et cie pour les finances). Si ce n'est pas l'un , c'est l'autre. Ils se ressemblent tous: Kellone yaané kellone au final. Qu'ils le veuillent ou non. ca pue et ON PERDU DU TEMPS au liban. C'est tout.

    LE FRANCOPHONE

    22 h 46, le 12 novembre 2020

  • Ils commencent à faire disque rayé, non?

    Christine KHALIL

    20 h 01, le 12 novembre 2020

  • tous càd tous sont des menteurs comme les arracheurs des dents , meme un gouvernement formé et approuvé par un parlement boiteux ne changera rien . les américains ont raison il faut commencer les sanctions de tous ceux qui ce sont enrichit sur le dos du peuple ( ils se cachent ) et ils font semblent vouloir changer les choses , pour sauver le liban il faut qu ils mettent la main à la poche au nom de quoi on ne doit pas les juger et condamner à payer on n a pas besoin des preuves on les connait puis après viendront les reformes inchalla

    youssef barada

    18 h 47, le 12 novembre 2020

  • Comment hâter la formation d'un gouvernement compétent dans un pays tribal mafieux ?

    Antoine Sabbagha

    17 h 46, le 12 novembre 2020

  • La France peut s'impatienter les mafieux ont tout le temps tant qu'ils n'ont obtenus ce qu'ils veulent ...

    Zeidan

    17 h 11, le 12 novembre 2020

  • ET LE BAUDET CONTINUE SON CHEMIN IMPERTURBABLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 00, le 12 novembre 2020

  • Une manière d activer la formation du Gouvernement, Il serait bon de définir au préalable les compétences requises et les objectifs attendus pour le choix des nouvelles recrues du nouveau gouvernement ...

    Menassa Antoine

    16 h 11, le 12 novembre 2020

  • "un gouvernement digne de confiance et capable de mener les réformes nécessaires ". exactement le contraire de celui qu'on est en train de cous concocter.

    Yves Prevost

    15 h 23, le 12 novembre 2020

  • Hariri est un obstacle majeur dans toute réforme. Jamais il ne concèdera l'audit sur la BDL. C'est une girouette qui change d'opinion avec le vent, d'où les complications. Il est impératif qu'il dégage et surtout qu'il soit comptable de ses échecs.

    Guy de Saint-Cyr

    14 h 52, le 12 novembre 2020

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