Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé mercredi que la réponse aux sanctions lancées vendredi par Washington à l'encontre du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, un de ses alliés, passe par le développement des relations entre le parti chiite et la formation aouniste. Dans un discours prononcé pour la journée du martyr, le dignitaire chiite a salué la prise de position "honorable et courageuse" de M. Bassil, qui avait déclaré vendredi qu'il avait refusé de couper les liens avec le Hezbollah, même si cela lui permettait d'éviter d'être sanctionné. Le chef du Hezbollah a par ailleurs estimé, dans son discours que la victoire du démocrate Joe Biden à l'élection présidentielle américaine n'allait "rien changer" pour le Proche-Orient, étant donné que la politique des Etats-Unis dans la région vise uniquement à soutenir Israël.
"Sanctionner les alliés du Hezbollah"
Le "problème essentiel" de Washington au Liban est "la présence de la résistance", a affirmé Hassan Nasrallah, qui a souligné que "quand des délégations US viennent au Liban, elles ne parlent que des frontières et du Hezbollah" et que l'"ambition" américaine est d'aboutir à une normalisation des relations entre le Liban et Israël. Il a dans ce cadre accusé les États-Unis d'avoir mené plusieurs tentatives de lancer une guerre civile au Liban afin de mener au désarmement du parti chiite, la dernière en date étant la provocation d'une crise économique et financière dans le pays, afin de faire en sorte que les Libanais, et surtout la communauté chiite, "se retournent contre le Hezbollah" en lui faisant porter la responsabilité de cette crise. Mais ces stratégies "ne les ont menés à rien", a-t-il lancé.
"La seule voie qu'il leur reste est d'imposer des sanctions aux alliés du Hezbollah", a-t-il dès lors lancé, en réactions aux mesures prises par Washington à l'encontre de l'ancien ministre et chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil. "En imposant des sanctions à des personnalités du Courant patriotique libre, Washington estimait peut-être pouvoir aboutir à des résultats plus efficaces" que lorsque des sanctions avaient été infligées (deux mois plus tôt) à Ali Hassan Khalil, du mouvement Amal, et Youssef Fenianos, des Marada, a estimé Hassan Nasrallah. Relevant que les États-Unis avaient "négocié" avec Gebran Bassil avant de passer à l'acte, le chef du Hezbollah a affirmé que le chef du CPL avait par la suite discuté avec lui des choix qui s'offraient à lui, "bien que sa décision ait été déjà prise".
Gebran Bassil a été visé par des sanctions dans le cadre du Magnitsky Act américain qui cible tout responsable étranger portant atteinte aux droits de l'homme et ayant trempé dans des affaires de corruption. Dans ce cadre, le Trésor américain avait affirmé que les différents postes que le chef du CPL a occupés au sein de l’exécutif libanais, notamment à la tête des Télécommunications, de l’Energie et des Affaires étrangères, "ont été marqués par des accusations significatives de corruption". M. Bassil a été également pointé du doigt pour son alliance avec le Hezbollah qui lui a permis de "perpétuer le système de corruption en place et d’empêcher l’engagement des réformes dans des secteurs-clés". Conformément à ce texte de loi, les actifs du chef du CPL seront pour l'essentiel gelés aux Etats-Unis.
"De quel droit, légal ou moral, classez-vous les gens ?", a lancé Hassan Nasrallah à l'intention des États-Unis. Vous n'avez pas le droit de juger qui est corrompu ou terroriste alors que vous êtes à la pointe de la corruption et du terrorisme". Et d'appeler les Libanais à "se serrer les coudes et rejeter ces classifications" qui violent, selon lui, la souveraineté du pays. Nasrallah a par ailleurs qualifié la prise de position de Gebran Bassil de "courageuse, nationale et honorable". Ce dernier avait affirmé dimanche qu'il ne mettrait pas un terme à l'entente entre sa formation et le Hezbollah, confirmant des pressions exercées sur lui dans ce but par l'administration Trump. L'ambassadrice américaine a répondu le lendemain aux déclarations du gendre du président Michel Aoun, affirmant dans une vidéo qu'il avait "lui-même exprimé sa volonté de rompre" avec le Hezbollah, "à certaines conditions". "La réponse à ces sanctions passe par le développement des relations entre le Hezbollah et le CPL", a estimé Hassan Nasrallah dans son discours. Et de poursuivre : "A tous nos amis et alliés au Liban, si vous êtes soumis à des pressions américaines, vous êtes libres de faire le choix que vous voulez, en toute conscience, et nous le comprendrons et serons même prêts à vous aider".
Négociations "purement techniques"
Concernant les négociations sur le tracé des frontières terrestre et maritime, Hassan Nasrallah a rappelé qu'en 2000, peu avant le retrait israélien du Liban-Sud, il avait estimé qu'il ne revenait pas à la résistance d'entrer dans de telles discussions, et que cette question relevait de "la responsabilité de l’État". "Notre avis à ce sujet n'a pas changé", a-t-il déclaré, assurant que la "résistance" se conformerait aux décisions officielles. Les négociations sont "indépendantes" des développements dans la région et notamment des accords de normalisation entre certains pays du Golfe, comme les Émirats arabes unis et le Bahreïn, et Israël, a-t-il déclaré, soulignant qu'elles ne sont pas "le début d'une normalisation" des relations entre le Liban et l'Etat hébreu. Ces négociations sont "indirectes et purement techniques", a-t-il insisté.
Et de démentir les allégations que ces pourparlers, dont le troisième round a eu lieu plus tôt dans la journée au siège de la Finul à Naqoura, étaient liés à des "négociations secrètes entre l'Iran et les États-Unis ou entre le Hezbollah ou la Syrie avec Israël". "Nous avons entièrement confiance dans la gestion par Michel Aoun de ce dossier" et dans le fait qu'il l'administrera "dans l'intérêt des Libanais, pour que leurs droits soient respectés", a déclaré Hassan Nasrallah. Il a souligné qu'avec le mouvement Amal, le Hezbollah aurait préféré que les délégations libanaise et israélienne soient "uniquement composées de militaires", estimant toutefois que la délégation libanaise est "en position de force" dans les pourparlers.
Manœuvres "défensives"
Le dignitaire chiite est par ailleurs revenu sur les manœuvres israéliennes ayant eu lieu ces derniers jours à la frontière avec le Liban et dans le Golan occupé, estimant qu'elles étaient "parmi les plus importantes menées par l’État hébreu jusqu'à ce jour". Il a souligné que ces manœuvres sont passées de stratégies d'attaque à une logique défensive, ce qui prouve "la puissance" de la résistance et un "changement de l'équation" et de l'équilibre des forces. Il a encore estimé que les forces israéliennes "souffrent d'une crise importante" notamment en matière de préparation et d'effectifs et que ce genre de manœuvres "permet de remettre en confiance les soldats israéliens". Pendant ces manœuvres, la résistance étaient "en état d'alerte", a encore déclaré Hassan Nasrallah.
Mardi, l'armée israélienne avait annoncé avoir abattu un drone du Hezbollah violant son espace aérien. Aucun commentaire n'avait été fait par le parti chiite après cet incident. Peu avant, deux tanks israéliens avaient brièvement enfreint la barrière technique entre les deux pays. En août, Israël avait déjà abattu deux drones présumés du parti chiite, tandis que fin juillet il avait effectué des tirs d'artillerie sur un secteur frontalier, en représailles selon Tel-Aviv à une tentative d'infiltration de "terroristes" du Hezbollah sur son territoire, ce que ce dernier avait démenti. En septembre, c'est l'armée libanaise qui avait annoncé avoir abattu un drone en provenance du territoire israélien.
Gouvernement
Le leader chiite a brièvement évoqué la crise gouvernementale, estimant que ce dossier "nécessite plus de tractations entre le président Aoun et le Premier ministre désigné, Saad Hariri". Il a toutefois souhaité que l'équipe ministérielle soit mise sur pied sans tarder. M. Hariri tente depuis le 22 octobre de former un cabinet mais il se heurte aux revendications des différentes formations. La question gouvernementale est également impactée par des différends entre le chef de l'Etat et le chef du courant du Futur, alors que le pays est gouverné depuis août par le cabinet chargé de la gestion des affaires courantes de Hassane Diab.
Élections américaines
Le chef du Hezbollah a enfin commenté les résultats de l'élection présidentielle américaine. Il a affirmé que l'entrée, en janvier, de Joe Biden à la Maison Blanche "ne changera rien" pour le Proche-Orient, étant donné que la politique américaine en ce qui concerne la région est "une politique israélienne" et que tous les présidents US précédents, qu'ils soient républicains ou démocrates, se sont toujours "empressés d'apporter leur soutien" à l'Etat hébreu. Il a ainsi jugé peu probable que M. Biden revienne sur certaines décisions de l'administration Trump, telles que la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Hassan Nasrallah a par ailleurs estimé que l'administration de Donald Trump avait été "l'une des pires de l'histoire des Etats-Unis" et qu'elle avait placé "le monde entier au bord de la guerre pendant quatre ans".
Le chef du Hezbollah a dans ce contexte appelé à "rester prêts à faire face au danger" au cours des deux prochains mois, jusqu'à la fin du mandat de Donald Trump, estimant que d'ici janvier, "tous les scénarios sont possibles", autant au point de vue interne aux Etats-Unis, que sur la scène internationale.
commentaires (10)
Ce n'est que mon troisième commentaire, j'espère qu'il va enfin être publié ... Voilà le gendre idéal pris dans la nasse du barbu, il n'a plus que le choix de rester engluer dans le venin de la résistance "Iranienne". Et notre barbu nous donne des leçons de morale encore une fois distribuant son satisfecit à certains et clouant au pilori tous ceux qui osent le critiquer ... ça doit être un droit divin qu'il s'est octroyé tout seul. Bien entendu il ne supporte aucun avis contraire et aucune critique. Merci monsieur le Barbu de dégager vous aussi car nous avons souper de vos discours mielleux et fourbes.
Zeidan
17 h 16, le 12 novembre 2020