Les délégations du Liban et d’Israël ont tenu mercredi à Naqoura (Liban-Sud) un troisième cycle de négociations afin de délimiter leurs frontières maritimes et lever les obstacles à la prospection d'hydrocarbures, sous l'égide de l’ONU et la médiation des États-Unis. Selon notre correspondante Hoda Chedid, la prochaine réunion se tiendra le 2 décembre. Les délégations se sont rencontrées dans un contexte de sécurité renforcée dans une base de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dans la ville frontalière libanaise de Naqoura.
Dans un communiqué conjoint, l'administration américaine et le bureau du Coordinateur spécial de l'ONU au Liban, Jan Kubis, ont qualifié ce troisième round de "productif". Les deux médiateurs ont dit être "confiants dans le fait que les négociations aboutiraient à un règlement tant attendu".
"Guerre de cartes"
Le contentieux maritime entre les deux voisins concerne une zone de 860 km² qu'Israël conteste. Cependant, selon une source proche de la délégation libanaise, le Liban revendique désormais une superficie maritime pour sa zone économique exclusive (ZEE) de 2 290 km². Une source israélienne proche des pourparlers a déclaré que l'Etat hébreu avait également exigé une frontière maritime plus au Nord. Officiellement, la teneur des pourparlers reste secrète. "Aujourd'hui nous sommes entrés dans une phase de guerre de cartes", a déclaré dans ce contexte l'experte libanaise Laury Haytayan à l'AFP.
Le dossier des hydrocarbures est particulièrement stratégique pour le Liban en faillite, qui mise sur la prospection pour enrayer un effondrement économique total. Les pourparlers de la session précédente du 29 octobre, avaient été qualifiés de "constructifs" par les États-Unis et le bureau du coordinateur spécial pour le Liban (l'UNSCOL), qui "gardent l'espoir que ces négociations aboutiront à une résolution tant attendue". Les deux parties avaient fait pression pour maximiser leurs frontières maritimes, et l'on s'attend à ce que le round d'aujourd'hui, qualifié de décisif par certains observateurs, soit marqué par des revendications maximalistes.
Après plusieurs années d'efforts américains en coulisses, les deux pays ont annoncé le 1er octobre le coup d'envoi de ces pourparlers qualifiés "d'historiques" par Washington. L'annonce a été faite quelques semaines après la normalisation entre Israël et deux pays du Golfe, les Émirats arabes unis et Bahreïn. Mais le Liban insiste sur le caractère "technique" et non politique des discussions. Ces négociations indirectes ont débuté depuis quelques semaines sous l'égide l'ONU entre le Liban et Israël. Trois réunions ont déjà eu lieu, les 14, 28 et 29 octobre au siège de la Finul à Naqoura.
En 2018, le Liban avait signé son premier contrat d'exploration pétrolière pour deux blocs off-shore (4 et 9) avec un consortium emmené par le groupe français Total et incluant l'italien Eni et le russe Novotek. Le contentieux maritime entre les deux voisins concernait à la base une zone de 860 km2, qu'Israël contestait en partie.
La Finul mène également une médiation pour des discussions séparées sur les contentieux concernant la frontière terrestre. Son commandant, le général Stefano Del Col, a évoqué "une opportunité unique de réaliser d'importants progrès sur des contentieux" concernant la frontière terrestre.
Sur le terrain, une poignée de manifestants brandissant des drapeaux du Parti communiste libanais ont brûlé des drapeaux israéliens, lors d'un rassemblement à Naqoura en marge des négociations, selon des images de l'agence Reuters.
Un conseiller de Aoun désavoué
Sur le plan politique, la présidence libanaise a désavoué mercredi un ancien conseiller du chef de l'Etat, Michel Aoun, qui avait été implicitement pointé du doigt par le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, lors de sa prise de parole après les sanctions américaines contre lui.
Dans un communiqué, le directeur général de la présidence, Antoine Choucair, affirme que les fonctions d'Antoine Haddad, qui était conseiller du président pour les affaires publiques, avaient pris fin le 9 octobre dernier après une résiliation de son contrat, assortie d'une interdiction d'entrer au palais de Baabda. Il a ajouté qu'Antoine Haddad a, durant ses fonctions au palais de Baabda, formulé des requêtes illégales et anticonstitutionnelles dans le cadre du dossier des frontières afin qu'elles soient exaucées (...)". Ce à quoi Antoine Choucair dit s'être opposé.
commentaires (7)
PAIX AU CIEL. PAIX SUR LA TERRE. PAIX PARMI LES HOMMES.
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 40, le 11 novembre 2020