
Gebran Bassil et Saad Hariri. Photo d’archives
Toute la planète attend les résultats du duel Biden-Trump, y compris les personnalités concernées par le processus de formation du gouvernement au Liban. En ce temps mort précédant l’annonce de la victoire de l’un des deux candidats dans la bataille pour la Maison-Blanche, les protagonistes locaux semblent de plus en plus noyés dans leur futile guerre pour les quotes-parts ministérielles, à l’heure où il est pourtant urgent que les autorités mettent sur les rails les réformes exigées par la communauté internationale, afin de redresser le pays. Théoriquement, toutes les parties reconnaissent la gravité de la situation et disent faciliter la tâche du Premier ministre désigné Saad Hariri. Mais dans les actes, il n’en est rien. On continue à se disputer les sièges au sein de ce qui devait, en principe, être un cabinet de spécialistes épuré des protagonistes politiques.
La prochaine équipe Hariri bute donc sur plusieurs obstacles, dont les principaux sont, notamment, le nombre de ministres dont elle doit être composée, le principe de la rotation des ministères et le partage des portefeuilles dits « de services » entre les principaux protagonistes, rapporte notre chroniqueur politique Philippe Abi-Akl. Ce à quoi il faut ajouter le fameux tiers de blocage revendiqué, selon plusieurs milieux politiques, par le Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
Entre Bassil et Hariri
Toujours selon notre chroniqueur politique, c’est surtout la mésentente entre le leader du CPL et le Premier ministre désigné qui retarde la mise sur pied du gouvernement. Saad Hariri, dans une volonté manifeste de mettre en application la rotation une bonne fois pour toutes, aurait tenté d’échanger le ministère régalien de l’Intérieur (traditionnellement dirigé par un sunnite) contre le portefeuille des Affaires étrangères (traditionnellement attribué à un maronite). Saad Hariri aurait, par ailleurs, proposé d’appliquer la rotation aux juteux portefeuilles dits de services, tels que les Télécoms et l’Énergie. C’est donc un véritable package-deal qu’il aurait présenté à M. Bassil. Mais une entente entre les deux hommes autour de la nomination de Gilbert Najjar, économiste, aux Télécoms est tombée à l’eau, l’intéressé ayant refusé de prendre part à la future équipe. De source informée, on apprend que Gebran Bassil a alors continué d’insister pour garder le portefeuille de l’Énergie, dans la mouvance aouniste depuis 2008. Cela avait valu à la formation des accusations de corruption et de fiasco avec, en toile de fond, l’échec des plans de redressement du secteur de l’électricité. C’est ce qui expliquerait les craintes exprimées dans certains cercles politiques quant à la désignation de proches des partis traditionnels aux postes ministériels, dans la mesure où cela retirerait au cabinet son indépendance. Un tweet posté hier par le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, va dans ce sens. « Le projet de gouvernement de spécialistes devient plus clair de jour en jour », a-t-il écrit dans une pique au binôme Baabda-CPL.
De leur côté, les aounistes démentent ces accusations. Contacté par L’Orient-Le Jour, Georges Atallah, député CPL du Koura, assure que sa formation ne plaide pour aucun portefeuille, et que les tractations se déroulent entre le chef de l’État et le Premier ministre désigné. Une façon de garder M. Bassil en dehors du processus et de se laver les mains de tout blocage.
Entre Aoun et Hariri
Sur un autre registre, et alors qu’une nouvelle réunion était attendue entre MM. Aoun et Hariri, le chef du gouvernement désigné ne s’est pas rendu à Baabda ces deux derniers jours. Expliquant cette attitude, notre correspondant politique Mounir Rabih fait savoir que le chef de l’État est hostile à l’idée que le Premier ministre désigné participe à la nomination des ministres pour les portefeuilles qui seraient, selon l’accord entre les deux hommes, accordés aux chrétiens, à savoir : l’Intérieur, la Défense, la Justice et l’Énergie. Ce climat de tension entre Baabda et la Maison du Centre devrait être apaisé à la faveur d’une médiation du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim. Ce dernier pourrait se rendre prochainement à Baabda pour paver la voie à un nouvel entretien Aoun-Hariri.
PAUVRES LIBANAIS. RIEN N,A CHANGE. PAR CONTRE ILS SONT DEVENUS PLUS AGRESSIFS.
22 h 37, le 06 novembre 2020