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Politique - Frontière méridionale

Les pourparlers entrent dans le vif du sujet

Israël conteste la validité des nouvelles données présentées par la délégation libanaise; prochain rendez-vous à Naqoura le 11 novembre.

Les pourparlers entrent dans le vif du sujet

L’ambassadrice US Dorothy Shea reçue hier par le président Aoun. Photo Dalati et Nohra

Dans le cadre du deuxième round des pourparlers organisés sous l’égide des États-Unis et de l’ONU, les délégations libanaise et israélienne ont poursuivi, jeudi, pour le deuxième jour consécutif, les négociations sur « la délimitation » de leur frontière maritime, dans une base de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) à Naqoura.

Ces discussions, qui ont débuté vers 10 heures, se sont achevées aux alentours de 13h30. « Sur la base des progrès enregistrés lors de la réunion du 14 octobre dernier, les représentants des gouvernements d’Israël et du Liban ont tenu des pourparlers constructifs sous la médiation des États-Unis au bureau du coordinateur spécial pour le Liban (UNSCOL) », a indiqué un communiqué conjoint du gouvernement américain et du bureau du coordinateur spécial pour le Liban publié à l’issue des discussions du jour. « Les États-Unis et l’UNSCOL gardent l’espoir que ces négociations aboutiront à une résolution tant attendue », poursuit ce texte, indiquant que les deux parties se sont engagées à poursuivre les discussions « le mois prochain ». Selon notre correspondante Hoda Chedid, les deux parties se sont accordées pour la tenue du prochain round des pourparlers à la date du 11 novembre prochain.

Naqoura, où ont lieu les pourparlers autour de la frontière maritime. Photo Hussam Chbaro

« Confirmation » des frontières

Toutefois, selon notre correspondant politique Mounir Rabih, la séance de jeudi n’a pas été facile, Israël ayant contesté la validité des nouvelles données présentées par la délégation libanaise, et en vertu desquelles le Liban affirme que sa zone économique exclusive couvre en fait une superficie de 2 290 km2, alors que le contentieux entre le Liban et Israël, sur lequel les États-Unis travaillent depuis des mois, concernait à la base une zone de 860 km2.

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Selon l’expert de l’Institut Issam Farès (AUB) Marc Ayoub, le Liban a cependant clairement affirmé, par la voix du chef de sa délégation, qu’il mènerait les négociations en se basant sur la loi internationale, l’accord d’armistice de 1949 et les accords franco-britanniques de Paulet-Newcombe de 1923 (qui dessinent la frontière entre le Liban et la Palestine historique à l’époque des mandats français et britannique), conclus bien avant l’accord de partage de la Palestine (1948) et la naissance de l’État israélien. Ce sont les droits que lui assure ce dernier accord qu’il fait valoir, en revendiquant la nouvelle superficie de la ZEE. La délégation libanaise, d’ailleurs, insiste sur un point de vocabulaire et souhaite que l’on parle de « confirmation » des frontières et non de « délimitation ». Et M. Ayoub d’ajouter que le Liban, chemin faisant, cherche aussi à corriger une grave erreur commise en 2007 par une délégation libanaise du ministère du Travail (dont le portefeuille était détenu à l’époque par Ghazi Aridi). La délégation – composée de non-spécialistes – avait délimité de façon erronée avec Chypre, où elle s’était rendue, le point de jonction des ZEE des deux pays. C’est cette erreur, sur laquelle s’est basé Israël pour définir sa propre zone économique exclusive, que le Liban cherche à corriger aujourd’hui, cartes à l’appui, en déplaçant vers le sud le point de jonction des trois ZEE, dit « point de jonction tripartite ».

Par ailleurs, le Liban et Israël sont en litige sur le point de départ terrestre de la ligne qui rejoint le point de jonction tripartite Chypre-Liban-Israël. En effet, il y a un écart entre le point de départ réclamé par le Liban et celui souhaité par Israël. Ce dernier voudrait repousser ce point de 35 mètres vers le nord, donc en territoire libanais, alors que le Liban insiste pour le fixer à la perpendiculaire du promontoire rocheux de Ras Naqoura (B1), ultime repère fixe terrestre, avant la mer, de la « ligne bleue » dessinée par la Finul. Cet écart ferait perdre au Liban une superficie de 400 km2 de sa ZEE.

C’est à la lumière de ces premiers litiges qu’on comprend mieux l’empressement dont les États-Unis et l’ONU ont fait preuve hier, en envoyant leurs représentants respectifs, l’ambassadrice Dorothy Shea et Jan Kubis, à Baabda. Les deux diplomates auraient argumenté auprès du président Aoun, selon Mounir Rabih, en faveur du maintien tel quel de la base des négociations. Et ce, d’autant plus que Washington semble pressé de voir les pourparlers libano-israéliens se conclure d’ici à la fin de l’année.

L’armée met en garde contre les « fuites »

Par ailleurs, l’armée a publié un communiqué jeudi dans lequel elle appelle les médias à ne pas rapporter de « fuites » provenant de la délégation libanaise au sujet des négociations. « La direction de l’armée assure que le chef de la délégation libanaise et les membres de celle-ci se conforment entièrement aux directives de l’armée, celles-ci consistant à s’abstenir de faire des déclarations ou d’être à l’origine de fuites d’informations au sujet des négociations », souligne le communiqué militaire. L’armée rappelle enfin que les informations officielles à ce sujet sont « exclusivement publiées » par l’institution sur son site internet et ses pages officielles. La délégation libanaise aux pourparlers de Naqoura est conduite par le général Bassam Yassine, chef d’état-major pour les opérations. Elle est composée du colonel Mazen Basbous, qui a occupé le poste d’adjoint du commandant des forces navales, et de deux civils, Wissam Chbat, président sortant du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie (LPA, principalement chargée de suivre le dossier des hydrocarbures offshore), et Nagib Massihi, expert en droit international et spécialiste du dossier des frontières maritimes, connu pour son travail dans le domaine de la cartographie auprès du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.

Après la fin de la réunion à Naqoura, la délégation libanaise s’est rendue auprès du commandant en chef de l’armée à Yarzé, puis auprès du président Michel Aoun au palais de Baabda, et les a informés de la teneur des discussions.

Signalons enfin que la Finul mène également une médiation pour des discussions séparées sur les contentieux concernant la frontière terrestre. Le général Stefano Del Col, commandant de la Finul, a évoqué mardi « une opportunité unique de réaliser d’importants progrès » sur ce dossier.

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