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Politique - Liban

Levée des subventions : Diab met en garde contre des "conséquences désastreuses"

Le pays "a besoin maintenant d'un gouvernement actif", a déclaré le Premier ministre sortant lors d'une allocution télévisée.

Levée des subventions : Diab met en garde contre des

Le Premier ministre libanais sortant Hassane Diab, le 9 octobre 2020 lors d'une allocution télévisée au Grand Sérail. Photo bureau de presse de M. Diab

Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, a mis en garde vendredi soir contre toute levée des subventions sur les produits de première nécessité, qui aurait, selon lui, des "conséquences désastreuses" aggravant encore la pire crise économique et financière que traverse le Liban depuis trente ans.

Alors que le pays avait commencé à s’enfoncer dans la crise et que la monnaie nationale, dont la parité avec le dollar était fixée à 1 507,5 livres en 1997, avait commencé à se déprécier, la Banque du Liban (BDL) avait lancé ses premiers mécanismes de subventions des importations il y a un an. Un premier permet aux importateurs de blé, de carburant et de médicaments d’obtenir une importante partie des dollars nécessaires pour payer leurs fournisseurs contre des livres au taux officiel. Un dispositif similaire a ensuite été mis en place en novembre pour le matériel médical et les matières premières destinées à l’industrie pharmaceutique libanaise. Enfin, en mai et juillet, la BDL, en concertation avec plusieurs ministères, a adopté un mécanisme similaire pour les importations de certains produits alimentaires ou non, en se basant sur un taux de 3 900 livres, soit le plafond imposé aux agents de change agréés. La monnaie nationale flirte aujourd’hui avec la barre des 9 000 livres pour un dollar sur le marché noir, un phénomène qui a généré une hyperinflation.

Plusieurs syndicats, dont la Confédération générale des travailleurs libanais (CGTL) et la Fédération des syndicats des transporteurs routiers ont appelé cette semaine à une journée de manifestations pacifiques "d'avertissement" mercredi prochain devant certaines institutions publiques à travers le Liban.

"Conséquences désastreuses"

"Nous sommes contre la levée des subventions sur les médicaments, la farine, les denrées alimentaires et le carburant à l'heure actuelle. Il est possible, au vu de la situation financière actuelle, de rationaliser les subventions au profit des personnes qui en ont vraiment besoin. Cependant, je préviens que la levée des subventions aura des conséquences désastreuses pour les Libanais et le pays", a déclaré M. Diab lors d'une allocution télévisée. "La BDL, ainsi que tous ceux qui soutiennent ou couvrent une telle décision, portent la responsabilité de toute mesure prise en faveur de la levée des subventions. Une telle mesure entraînerait une explosion sociale aux conséquences désastreuses", a-t-il ajouté, estimant que la poursuite des subventions serait "beaucoup moins préjudiciable" que les pertes qui résulteraient d'une telle décision.

Depuis le mois d'août, des rumeurs concernant une suspension des mécanismes actuels de subventions alors que les réserves de la BDL s'amenuisent ont suscité la crainte d'une pénurie de ces produits et une hausse massive des prix. Une source proche de la Banque centrale a indiqué à L'Orient-Le Jour que la BDL étudie actuellement avec le ministère des Finances les moyens de réduire les montants qu’elle investit dans ses différents mécanismes de subventions, dans le but de faire durer au-delà des trois mois les 1,8 milliard de dollars de réserves en devises disponibles qui lui restent et qui s’ajoutent aux 17,5 milliards de dollars constitués par les réserves obligatoires des banques.

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"Que personne ne s’adonne à des surenchères portant sur notre préoccupation pour les réserves de la BDL, car c'est nous qui avons pris la décision historique de ne plus payer la dette", a déclaré M. Diab. "Si nous avions payé les eurobonds cette année, qui s'élevaient à près de 5 milliards de dollars, les réserves seraient passées de 22,5 milliards de dollars à 17,5 milliards de dollars, et la levée des subventions sur les médicaments, les denrées alimentaires, la farine et le carburant, telle que préconisée par la BDL aujourd'hui, aurait été mise en œuvre depuis mars dernier".

Par ailleurs, le Premier ministre, dont le gouvernement expédie les affaires courantes depuis sa démission le 10 août dernier dans la foulée de l'explosion meurtrière au port de Beyrouth, a réclamé que les Libanais puissent à nouveau jouir de leurs dépôts, alors qu'ils subissent depuis plusieurs mois des restrictions bancaires limitant l'accès à leurs comptes, notamment en devises étrangères, les retraits et les transferts à l'étranger. "Les dépôts du peuple libanais doivent lui être restitués. C'est la responsabilité des banques, de la BDL et de l'État", a déclaré le Premier ministre sortant.

Un gouvernement "actif"
Hassane Diab avait annoncé la démission de son gouvernement le 10 août dernier, six jours après la double explosion meurtrière du port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts, plus de 6 500 blessés et dévasté des pans entiers de la capitale, laissant 300 000 personnes sans abri. Un nouveau Premier ministre, Moustapha Adib, avait été ensuite désigné le 1er septembre pour former un cabinet de "mission" exigé par la France dans le cadre d'une initiative visant à sortir le Liban de sa crise mais il s'est récusé 26 jours après sa désignation après avoir été entravé par les revendications du Hezbollah et du mouvement Amal qui exigeaient le portefeuille des Finances et voulaient désigner eux-mêmes les ministres chiites. Alors que le processus de formation d’un nouveau cabinet semblait depuis à l’arrêt, le président Michel Aoun a fixé mercredi au 15 octobre prochain les consultations parlementaires contraignantes pour la désignation du futur Premier ministre. Une convocation qui intervient en l’absence de consensus sur la personne du futur président du Conseil, comme c’est généralement le cas au Liban, même si le leader du courant du Futur, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, s'est déclaré candidat jeudi.

"Nous devons aujourd'hui, deux mois après la démission du gouvernement, œuvrer maintenant en faveur de la formation d'un gouvernement actif, capable de relever les grands défis auxquels le Liban et les Libanais sont confrontés. Le pays ne peut pas attendre deux mois de plus", a déclaré Hassane Diab, notamment "pour faire face aux répercussions de l'explosion du port de Beyrouth". M. Diab a également souhaité bonne chance au prochain Premier ministre, appelant à la "réactivation de l'initiative du président français Emmanuel Macron qui comprend un plan de réformes nécessaires pour le pays".

Par ailleurs, quelques jours avant le premier anniversaire de la révolte populaire déclenchée contre la classe dirigeante le 17 octobre 2019, M. Diab a déclaré que "le soulèvement du 17 octobre a été un signal d'alarme". "Le prochain soulèvement sera une révolution à part entière, en termes de composition, de performance et de responsabilité", a-t-il dit, en s'adressant au reste de la classe politique. Fustigeant la corruption et le clientélisme au sein de l'Etat, il a estimé que "la situation actuelle exige de chacun un sursaut de conscience. Nous devons tous nous élever au-dessus des gains immédiats, transcender les tensions politiques et faire passer l'intérêt national et l’intérêt du peuple avant les intérêts personnels".

Le Premier ministre libanais sortant, Hassane Diab, a mis en garde vendredi soir contre toute levée des subventions sur les produits de première nécessité, qui aurait, selon lui, des "conséquences désastreuses" aggravant encore la pire crise économique et financière que traverse le Liban depuis trente ans.Alors que le pays avait commencé à s’enfoncer dans la crise et que la monnaie...

commentaires (5)

Il faut dire ça à ton papa. Celui du peuple étant de mèche avec les vendus pour conduire le peuple en enfer comme il l’avait annoncé et dont il ne veut pas lâcher parce que sans lui tout ira pour le mieux et ça il n’en veut surtout pas.

Sissi zayyat

18 h 59, le 10 octobre 2020

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Commentaires (5)

  • Il faut dire ça à ton papa. Celui du peuple étant de mèche avec les vendus pour conduire le peuple en enfer comme il l’avait annoncé et dont il ne veut pas lâcher parce que sans lui tout ira pour le mieux et ça il n’en veut surtout pas.

    Sissi zayyat

    18 h 59, le 10 octobre 2020

  • "... Levée des subventions : Diab met en garde contre des "conséquences désastreuses" ..." -.- Il n'a qu'à se plaindre au gouvernement. Minute, c'est lui le gouvernement. Il y a vraiment de quoi se la sortir et se la mordre, comme disait l'autre...

    Gros Gnon

    12 h 29, le 10 octobre 2020

  • En fait, si Diab a échoué, c'est parce qu'il n'a pas partagé la corruption avec ceux qui l'ont désigné. Il représente sans doute la voix des opprimés, et semble être un vrai révolté.

    Esber

    08 h 13, le 10 octobre 2020

  • Raisonnement logique et plein de bon sens d’un grand mondieur. Diab devrait tout simplement etre reconduit a son poste. NZ

    nabil zorkot

    20 h 35, le 09 octobre 2020

  • Mr le Premier ministre Diab vous n'avez pas pu travailler car vous auriez mis à découvert tous les trafics et les trafiquants politiques qui ont mis le pays dans l'état dans lequel vous l'avez pris. Tout ce qui a contribué à voler l'argent du peuple jusque dans les comptes en banques. Et quand on voit qui est candidat... à part rapatrier nos $... les subventions s'épuisent sans rien produire.

    Sybille S. Hneine

    20 h 26, le 09 octobre 2020

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