Comment est né le projet Beirut Re-Store ?
Peu après l’explosion du 4 août, le choc initial a laissé place à une détermination de faire quelque chose pour venir en aide à la population de mon pays. Ma sœur Sophie et moi-même avons été profondément émues par le soutien indéfectible de notre réseau d’amis, qui sont pour la plupart des créatifs. Cela nous a inspirées et nous a poussées à agir. En l’espace de quelques jours, le collectif Beirut Re-Store a vu le jour, grâce d’une part à notre équipe, Ulysse Sabbagh, Flavie Audi, Émilie Kareh, et au support de nos amis et des professionnels de leurs réseaux. Chacun d’entre eux et selon ses compétences, a apporté sa pierre à l’édifice, que ce soit à travers des donations, du copywriting, de la création du site, de la logistique, etc. Ce projet n’aurait jamais été concrétisé sans ceux qui, d’une certaine manière, nous ont permis de transformer notre colère et notre profond désarroi en quelque chose de productif.
Qui s’est chargé de la curation des œuvres proposées sur le e-shop et pourquoi avoir plutôt opté pour des artistes internationaux ?
La curation s’est faite à travers un processus organique et un travail d’équipe. Chaque contribution est née, spontanément, d’une conversation entre l’artiste et un membre du collectif. Il y avait de la confiance en fait. La sélection des œuvres est internationale puisque nous sommes nous-mêmes internationaux. Surtout, nous étions également conscients du fait que nos amis de la communauté créative libanaise avaient besoin de nous. Ce n’était vraiment pas le moment de faire appel à leurs contributions mais plutôt de leur inspirer de l’espoir et de faire preuve de solidarité. En outre, l’idée, avec Beirut Re-Store, était que la sélection des œuvres soit inclusive, éclectique et accessible à tous. Que chacun puisse y trouver son bonheur puisque nous proposons des photographies, des toiles, des sculptures, des vêtements, des bijoux, des publications, des objets en édition limitée et unique, avec des prix allant de 15 $ à 15 000 $. Une manière d’aider Beyrouth par le biais du beau.
Quelle a été la réponse des artistes à votre appel ?
La plupart de nos contributeurs sont des amis du collectif Beirut Re-Store qui ont été ravis qu’on les approche, car cette catastrophe du 4 août a profondément bouleversé des non-Libanais aussi. Tous étaient reconnaissants que Beirut Re-Store leur donne l’opportunité et une plateforme pour s’exprimer et pour épauler le peuple libanais.
Comment Beirut Re-Store va évoluer dans les mois qui viennent ?
Le site de vente en ligne Beirut Re-Store sera fonctionnel sur une période de trois mois, d’octobre à début janvier 2021, et sera alimenté hebdomadairement par de nouvelles pièces, en éditions uniques et limitées, ainsi que des expériences de Lucky Dip (loterie) comme la vente d’une image de Jack Davidson ou d’un morceau de musique. Si tout se passe bien, nous avons l’intention de poursuivre l’aventure en 2021 avec une nouvelle sélection d’œuvres. Aussi, à la fin du mois d’octobre, en collaboration avec l’organisation à but non lucratif Creatives For Lebanon, nous lancerons une collection spéciale de pièces de mode créées sur mesure à l’occasion, une collection qui rassemblera des noms tels que Dior, Alaïa, Jean-Paul Gaultier, Asai, Supriya Lele et Heron Preston.
Pourquoi avoir choisi de reverser les fonds au Beirut Emergency Fund 2020 ?
Les fonds levés seront alloués en toute transparence à des ONG certifiées, en fonction des besoins les plus pressants sur le terrain et par le biais de notre partenaire LIFE et du Beirut Emergency Fund 2020. Ces besoins comprennent le logement et en particulier la réhabilitation des appartements endommagés, le support des PME, ainsi que les supports médicaux et psychologiques. Créer Beirut Re-Store est simplement notre manière d’aider le Liban. Nous ne pouvions donner que peu de choses en tant qu’individus. Ainsi, nous espérons que Beirut Re-Store nous permettra de contribuer à une plus grande échelle.