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Pas bouger, pas changer

«L’heure n’est pas à ceci, l’heure n’est pas à cela »… À l’évidence, pour les créatures qui se partagent le pouvoir dans ce pays, l’heure ne sera jamais qu’à la nuisance, active ou passive selon l’air du temps. Au moment où les Libanais ont le plus besoin de dirigeants capables de prendre des décisions et des initiatives à même de mettre un peu d’ordre dans le chaos et leur donner un peu d’espoir, sans surprise, ils ne trouvent personne. Où sont les réformes promises ? Où, les changements qui pourraient apporter l’indispensable oxygène du soutien international à un État désormais incapable de rebondir de lui-même ? À peine les pôles du pouvoir font-ils semblant de s’en soucier. La vérité est qu’ils n’osent pas remuer la vase dans laquelle ils trempent de peur de s’y embourber. On le sait, depuis les premières manifestations, que le premier d’entre eux qui tomberait entraînerait les autres dans sa chute. De leur côté, eux savent aussi qu’ils ne sont plus qu’une rangée de dominos prête à s’effondrer au moindre souffle. D’où l’impressionnante solidarité des rivaux de naguère. Joli bloc formé par un ramassis de personnages sans consistance que même leurs dévots abandonnent aujourd’hui inexorablement. Des décennies durant, ils ont bâti leur règne sur une rhétorique paranoïaque et la haine de l’autre. Au final, de tous les ennemis de la nation, et elle en a connu de monstrueux, il n’est pas difficile de constater qu’ils sont les plus féroces. S’il est un cas d’école de la pire gouvernance possible, ce régime multicéphale en est la parfaite illustration, non seulement parce qu’il s’appuie sur une Constitution bancale, sectaire et archaïque, mais parce qu’il est plombé par des figures cupides, rigides, poussiéreuses, incapables d’emmener ce peuple vers la sécurité à laquelle simplement et légitimement il aspire. Bien au contraire, il l’expose, le manipule, s’en sert au besoin comme d’un outil de combat ordinaire au service de ses ambitions personnelles. Combien de guerres, combien de crises, combien d’effondrements auraient-ils pu être évités s’il s’était trouvé aux commandes, en trente ans, une seule personnalité éclairée capable, au lieu d’alimenter les divisions – ce truc antédiluvien pour garantir son bout de règne –, d’œuvrer à instaurer une justice sociale assurant la dignité et la sérénité de chaque citoyen et, partant, sa fierté d’appartenir à ce pays au lieu d’en être malade.

Ne pas bouger, ne rien changer, ne rien faire, gagner du temps : encore leur stratégie éculée pour tenter de durer, alors que tout sombre. Quelle farce, quel scandale tout de même, ce choix de l’inertie en attendant que le résultat de la présidentielle américaine – une chance sur deux – leur soit, croient-ils, favorable. Quel raffinement dans la cruauté, surtout, cet espoir qui leur vient de trouver une opportunité dans la détresse générale qui résulte de leur médiocrité. On aurait voulu parler, en cet automne qui commence, de l’absurde douceur de la lumière et du temps. Mais les mots se refusent et le bleu du ciel est lui-même une offense.

Paradoxe de ce Liban tricheur qui fait semblant de chatoyer quand en réalité, jusqu’aux tréfonds des âmes, tout est gris entouré de noir, « ombres présentes préfigurant des ombres plus profondes à venir », comme l’écrit Herman Melville dans l’entame de Benito Cereno.

«L’heure n’est pas à ceci, l’heure n’est pas à cela »… À l’évidence, pour les créatures qui se partagent le pouvoir dans ce pays, l’heure ne sera jamais qu’à la nuisance, active ou passive selon l’air du temps. Au moment où les Libanais ont le plus besoin de dirigeants capables de prendre des décisions et des initiatives à même de mettre un peu d’ordre dans le...

commentaires (2)

Celui qui n'aime pas ce texte ne connaît rien à la beauté Fifi. Tu es sûre que ce n'est pas un ange qui te l'a soufflé?

Fady Noun

18 h 59, le 15 octobre 2020

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Commentaires (2)

  • Celui qui n'aime pas ce texte ne connaît rien à la beauté Fifi. Tu es sûre que ce n'est pas un ange qui te l'a soufflé?

    Fady Noun

    18 h 59, le 15 octobre 2020

  • IL S,AGIT D,UN IMMENSE TROU DE VIPERES. ELLES CHANGENT DE PEAU MAIS RESTENT DES VIPERES ET SE REPRODUISENT ET SE MULTIPLIENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 36, le 08 octobre 2020

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