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Société - Covid-19

Les tests rapides pas adaptés à la détection de la maladie

Depuis hier, ce test a commencé à être retiré des officines qui le proposent, sur instructions du président de l’ordre des pharmaciens.

Les tests rapides pas adaptés à la détection de la maladie

« Le test rapide est disponible, résultat dans moins de dix minutes », peut-on lire sur cette affiche apposée sur la devanture d’une pharmacie. Capture d’écran LBCI

Sur la devanture d’une pharmacie de Beyrouth, une grande affiche invite les passants à se faire tester rapidement pour le Covid-19. « Résultat en moins de 10 minutes », est-il précisé. Nombreux sont ceux qui se laissent séduire par cet appel, afin de se tranquilliser.

Or ces tests, proposés dans les pharmacies depuis plusieurs semaines, ne peuvent pas remplacer une PCR, d’autant qu’ils détectent les anticorps, c’est-à-dire les protéines qui peuvent attaquer le virus dans le sang – en l’occurrence le SARS-CoV-2 dans le cas du Covid-19 – qui sont développées après avoir contracté la maladie. « Ces anticorps apparaissent généralement cinq à sept jours après avoir été contaminé par le virus », explique à L’Orient-Le Jour le Dr Edmond Abboud, conseiller médical du ministre sortant de la Santé. « Donc, le résultat d’un test rapide des anticorps effectué chez une personne qui présente les symptômes du Covid-19 (qui apparaissent généralement trois jours après avoir été contaminé au coronavirus) peut être négatif, alors qu’elle a la maladie. Seul un test PCR peut le démontrer. Celui-ci reste à ce jour le test de référence pour le dépistage du Covid-19. »

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La polymérisation (réplication) en chaîne (Polymerase Chain Reaction) ou PCR est un test moléculaire qui recherche un fragment spécifique de l’acide nucléique du virus, ce qui permet de le détecter et, par conséquent, de diagnostiquer la maladie.

« Le test rapide est utilisé pour mesurer la réaction immunitaire d’un individu, insiste le Dr Abboud. Cela est d’autant plus important que près de 40 % des personnes ayant contracté le SARS-CoV-2 sont asymptomatiques. D’ailleurs ce test, qu’on propose dans les pharmacies, est maintenant automatisé dans les laboratoires. Son objectif est principalement épidémiologique pour évaluer l’immunité collective développée par la société. »

« En dessous de la loi »

Les tests rapides des anticorps ont été autorisés au Liban en mai. « Ils ne pouvaient toutefois être mis sur le marché qu’après avoir été validés dans les laboratoires de l’hôpital universitaire gouvernemental Rafic Hariri, affirme le Dr Abboud. De plus, leur vente était limitée aux laboratoires des établissements hospitaliers publics et privés, d’autant qu’il s’agit d’un acte laborantin. Par conséquent, ils ne peuvent pas être effectués dans des pharmacies. De plus, si une personne est porteuse du virus et qu’elle se fait tester dans une officine dans des conditions qui ne sont pas optimales (espace ouvert non isolé, absence d’équipement de protection personnelle…), elle contribuera à propager le virus. »

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Contacté par L’OLJ, le président de l’ordre des pharmaciens, Ghassan el-Amine, affirme que « les pharmacies ignoraient qu’elles ne pouvaient pas proposer ces tests aux clients ». « Les distributeurs auraient dû au départ ne pas les leur proposer, puisqu’ils sont tenus de les vendre uniquement aux laboratoires, insiste-t-il. Quoi qu’il en soit, ce matin (hier), j’ai demandé à tous les pharmaciens qui en disposent de les rendre aux distributeurs, au risque d’être sanctionnés, sachant que peu d’officines l’ont acquis. »

Et M. Amine de conclure : « Ce test est facile à faire, mais le problème c’est qu’il peut induire le patient en erreur puisque les anticorps peuvent ne pas être détectés alors que l’individu a la maladie. De ce fait, il se croit immunisé et continue de mener une vie normale, alors qu’en réalité il contribue à disséminer le virus. D’où l’importance d’une bonne interprétation des résultats que le pharmacien est à même de faire. Mais si le ministère de la Santé en décide autrement, nous nous conformerons aux décisions. Après tout, nous sommes en dessous de la loi. »

Quatre décès et 1 018 nouvelles contaminations

Quatre décès et 1 018 nouvelles contaminations, dont une en provenance de l’étranger, ont été enregistrés hier au compteur de la pandémie au Liban, faisant grimper à 37 258 le chiffre cumulé des cas depuis l’apparition de la pandémie en février, au nombre desquels 351 décès. Selon le rapport quotidien du ministère de la Santé, 16 676 personnes se sont rétablies à ce jour, alors que 582 personnes sont encore hospitalisées, dont 178 en soins intensifs.

Du côté des établissements pénitentiaires, le virus se répand rapidement aussi, même si les autorités se voulaient jusqu’à présent rassurantes. Les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont ainsi dénombré 377 détenus positifs au virus dans la prison de Roumieh, la plus grande du pays, et 237 dans celle de Zahlé. Sur ces contaminations, sept patients sont actuellement hospitalisés, précise la police dans un communiqué.

Face à la hausse vertigineuse des cas, le directeur de l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, Firas Abiad, a indiqué que 77 % des lits en unités de soins intensifs étaient occupés à travers le pays. Un chiffre « très alarmant » selon lui, alors que les lits consacrés au Covid-19 dans les hôpitaux publics et privés sont limités.

Sur le terrain, le mohafez de la Békaa, Kamal Abou Jaoudé, a décidé de fermer pendant une semaine les locaux du département régional du ministère de l’Industrie à Zahlé, dans la Békaa, après la confirmation d’un cas de contamination parmi les employés.

Pour mieux lutter contre la pandémie au Liban, le comité interministériel pour le suivi du coronavirus, réuni hier sous la présidence du Premier ministre sortant, Hassane Diab, a adopté des normes à suivre pour classer les différentes localités dans lesquelles se répand le virus afin d’y mettre en place des mesures de prévention appropriées. Cette classification se fera sur base du taux d’infections par rapport au nombre d’habitants au cours des deux dernières semaines. Les localités ayant enregistré plus de huit cas positifs pour 100 000 habitants pendant quatorze jours seront dans ce cadre isolées pendant deux semaines.

Sur la devanture d’une pharmacie de Beyrouth, une grande affiche invite les passants à se faire tester rapidement pour le Covid-19. « Résultat en moins de 10 minutes », est-il précisé. Nombreux sont ceux qui se laissent séduire par cet appel, afin de se tranquilliser.Or ces tests, proposés dans les pharmacies depuis plusieurs semaines, ne peuvent pas remplacer une PCR,...

commentaires (2)

Il semble que ce test des anticorps au virus reste négatif les 5 à 7 premiers jours de l'infection, d'où le risque d'une interprétation faussée. Aussi, tous les malades contaminés ne fabriquent pas d'anticorps, et cela aussi donne une fausse sécurité devant un test négatif.

Esber

17 h 39, le 29 septembre 2020

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Commentaires (2)

  • Il semble que ce test des anticorps au virus reste négatif les 5 à 7 premiers jours de l'infection, d'où le risque d'une interprétation faussée. Aussi, tous les malades contaminés ne fabriquent pas d'anticorps, et cela aussi donne une fausse sécurité devant un test négatif.

    Esber

    17 h 39, le 29 septembre 2020

  • Et pourtant ce test a été adopté en France mais uniquement pour les personnes qui présentent des symptômes de la maladie. Ainsi il est fiable à 90%. Pour les personnes qui ne présentent aucun symptôme le PCR demeure nécessaire. Mais il semble que les responsables de la Santé au Liban soient plus intelligents que ceux de l’Agence Régionale de la Santé en France. Connaissant le système pourri au Liban, ça ne m’étonnerait pas que ce ne soit qu’une affaire de gros sous entre pharmaciens et laboratoires bien entendu.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 23, le 29 septembre 2020

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