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Campus - SUR LE WEB

Pour que la maladie mentale soit vue comme n’importe quelle autre maladie physique

Nagham, Sahar et Sarah Tarhini, trois sœurs libanaises, se sont fixé comme mission de briser le tabou autour de la santé mentale à travers leur plateforme numérique arabophone Mashrou El Tout.

Pour que la maladie mentale soit vue comme n’importe quelle autre maladie physique

De gauche à droite, Sarah, Sahar et Nagham à Ebba, leur village au Liban-Sud. Photo Sarah Tarhini

Mashrou El Tout (en arabe le projet du bip), en allusion au bip de la censure, est le nom que trois jeunes sœurs libanaises, Nagham, Sahar et Sarah Tarhini, ont adopté pour le site web qu’elles ont créé pour démystifier les maladies mentales, briser les tabous et fournir aux internautes des informations sur la santé psychologique. Un site (https://mashroueltout.com/) et une page Facebook (https://www.facebook.com/mashroueltout) que les sœurs Tarhini alimentent régulièrement d’articles scientifiques, de renseignements et de témoignages sur la santé mentale.

« Nous avons eu cette idée à la suite d’une expérience personnelle que j’ai moi-même vécue quand j’avais 15 ans », confie Sahar, 24 ans, qui explique qu'elle souffrait de dépression, d’anxiété sociale et d’un trouble de l’alimentation. « Je me sentais exclue, mal-aimée et comme étant un fardeau pour tout le monde, surtout pour ma famille. Nous n’avions pas trouvé d’aide autour de nous simplement car personne de notre entourage ne travaillait dans le domaine de la santé mentale. C’est par désir de comprendre ce que je ressentais que ma famille et moi avons commencé à chercher des réponses à nos questions, et c’est ainsi que nous avons compris que ce n’était pas ma faute », poursuit-elle.

Les profils variés des trois sœurs facilitent la mise en place de leur projet. Sahar, étudiante en master d’économie à l’Université Saint-Joseph (USJ), indique que ses études l’aident à mesurer la qualité des informations à relayer. Sarah, diplômée en sciences de la vie et de la Terre-biochimie également à l’USJ, supervise l’écriture des articles scientifiques. Et enfin, Nagham, l’aînée des trois sœurs, diplômée en journalisme de l’Université libanaise ainsi qu’en gestion à but non lucratif de l’Université libano-américaine de Beyrouth (LAU), utilise ses vastes connaissances en gestion et en marketing digital pour gérer le projet.

Dans les sociétés arabes, la santé mentale est encore un sujet tabou, dénoncent-elles. Pour briser ce tabou et lutter contre la stigmatisation des personnes souffrant de maladies mentales, elles présentent, chaque trimestre, un nouveau sujet vu sous le prisme de la santé mentale, comme l’image du corps, le milieu professionnel, le harcèlement...

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Les créatrices de Mashrou El Tout indiquent que le choix de la langue arabe n’est pas le fruit du hasard. Leur objectif est d’atteindre le public arabophone. « Nous avons eu le privilège d’apprendre des langues étrangères, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde. Nous utilisons ce que nous a apporté ce privilège pour traduire des articles scientifiques sur la maladie mentale et présenter ainsi des informations fiables aux personnes arabophones », explique Sahar. « Nous traduisons des articles scientifiques depuis l’anglais. Et nous accompagnons nos publications de vidéos et d’illustrations. Nous avons également mis en place un podcast », précise son aînée, Nagham.

Au début, les trois jeunes sœurs étaient secondées par une quinzaine de volontaires. Aujourd’hui, 50 bénévoles issus de plusieurs pays arabes, comme le Liban, la Syrie et l’Égypte, sont engagés dans ce projet. Parmi eux se trouvent des traducteurs, des correcteurs scientifiques, des vérificateurs linguistiques, des rédacteurs qui écrivent des textes d’opinion ou des témoignages, des artistes…

Même si les internautes qui visitent régulièrement la page ont entre 20 et 40 ans, la plateforme est ouverte à tous. « Nous n’excluons personne. Tout individu qui aimerait en savoir plus ou qui cherche une plateforme sûre et sans jugement est le bienvenu. Qu’il ait 16 ou 60 ans, cela n’a aucune importance », affirme encore Sarah.

Malade mental n’est pas une insulte

Les trois Libanaises ne prétendent en aucun cas être des thérapeutes. « Nous considérons notre initiative comme étant sociale et non pas médicale », souligne Nagham. « Nous ne voulons pas nous substituer aux experts. D’ailleurs, nous encourageons nos lecteurs à chercher de l’aide auprès de spécialistes », insiste-elle avant de confier sur leur projet d’avenir : « Notre ultime but est que Mashrou El Tout devienne une organisation non gouvernementale et qu’elle ait des partenaires internationaux. Nous voulons aussi changer les politiques pour protéger et aider les personnes qui souffrent de maladies mentales afin qu’elles ne soient plus jugées ni sur leur diagnostic ni sur leurs comportements. » Une cause pour laquelle les sœurs Tarhini œuvrent avec passion afin que tout le monde comprenne que « dire d’une personne qu’elle souffre d’une maladie mentale n’est pas une insulte », conclut Sahar.



Mashrou El Tout (en arabe le projet du bip), en allusion au bip de la censure, est le nom que trois jeunes sœurs libanaises, Nagham, Sahar et Sarah Tarhini, ont adopté pour le site web qu’elles ont créé pour démystifier les maladies mentales, briser les tabous et fournir aux internautes des informations sur la santé psychologique. Un site (https://mashroueltout.com/) et une page Facebook...

commentaires (1)

A Sarah, Sahar et Nagham, je dirais : votre projet est tout à la fois valeureux et gigantesque. Légitimer la maladie mentale passe par la lutte contre l'ignorance, les a priori et tout ce qui ne ressemble pas à un comportement "normal". Mais c'est qui, c'est quoi le 'normal' ? La diffusion de l'information est capitale ; encore faut-il que cette information soit vraie. car tout le monde sait malheureusement que dans ce pays, le mensonge est érigé en vertu. D'où, toutes vos traductions devraient être scientifiquement référencées pour être vérifiables et leurs qualités cautionnées par des scientifiques et des psychiatres reconnus. Le chemin est (très) long mais il vaut la peine. Continuez, les filles !

Illico Presto

18 h 32, le 17 septembre 2020

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Commentaires (1)

  • A Sarah, Sahar et Nagham, je dirais : votre projet est tout à la fois valeureux et gigantesque. Légitimer la maladie mentale passe par la lutte contre l'ignorance, les a priori et tout ce qui ne ressemble pas à un comportement "normal". Mais c'est qui, c'est quoi le 'normal' ? La diffusion de l'information est capitale ; encore faut-il que cette information soit vraie. car tout le monde sait malheureusement que dans ce pays, le mensonge est érigé en vertu. D'où, toutes vos traductions devraient être scientifiquement référencées pour être vérifiables et leurs qualités cautionnées par des scientifiques et des psychiatres reconnus. Le chemin est (très) long mais il vaut la peine. Continuez, les filles !

    Illico Presto

    18 h 32, le 17 septembre 2020

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