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Culture - Musique

Ghassan Rahbani dessine Beyrouth et la vie qui vole en éclats...

« Ersom omri », la nouvelle chanson de l’artiste agitateur de conscience, toute en vibratos et tonalités lyriques, est un véritable cri du cœur.

Ghassan Rahbani dessine Beyrouth et la vie qui vole en éclats...

C’est abasourdi, ivre de colère, les bras écartés, les pieds plantés sur un sol lunaire avec un regard implorant au ciel que Ghassan Rahbani lâche de tous ses poumons sa détresse et sa rage. Capture d’écran

Ce n’est pas que le malheur l’inspire. Mais Ghassan Rahbani a toujours été un crooner qui fait feu de tout bois. Après le ballet devant les portes et les guichets des banques pour des billets verts et des livres libanaises en liasses aussi grosses que de plus en plus dénuées de valeur, le chanteur, qui a toujours fait profession d’agitateur de conscience, pointe le doigt sur le carnage de Beyrouth à travers un port qui vole en éclats, et la ville avec…

La nouvelle chanson, toute en vibratos et tonalités lyriques, de Ghassan Rahbani est un véritable cri du cœur. Écrite, produite et composée par ses soins, Ersom omri sort non seulement dans les bacs mais aussi, via son vidéo-clip empli d’images fortes, sur tous les écrans de télévision.

Une petite fille, traumatisée par l’explosion du port, est perdue dans un dédale de ruines dans un immeuble dévasté, pulvérisé. Le regard hagard, apeuré, la démarche incertaine, elle tente de retrouver sa poupée dans les gravats et la poussière… Comment parler de l’innocence de l’enfance dans ces paysages de cauchemar ?

Capture d’écran de la vidéo « Ersom omri » de Ghassan Rahbani.

Mea culpa musical

À 56 ans, Ghassan Rahbani n’est pas un novice dans la dénonciation des travers de la société et des bourdes sécuritaires, professionnelles et financières. Sa voix forte et chaude, ses textes virulents et ses mélodies en ritournelles qu’on garde facilement en tête ont toujours eu un souffle politique dans ses revendications et son inspiration musicale. Les chômeurs, les fiers à bras machos, les exploités, les patrons cupides et véreux, les routes impraticables et encombrées ont fait les délices des auditeurs. Entre grincement de dents et petits rires amusés. Toutes les causes sont à égalité pour être défendues avec humour, esprit et un brin de touche abrasive…

Aujourd’hui avec Ersom omri, l’heure est à la gravité tant le deuil, la noirceur de la situation, la douleur, la misère, la révolte sont à leur paroxysme. Le chanteur fait son mea culpa et bat sa coulpe pour une patrie qui s’effiloche et part en fumée. Une vie qui part en dents de scie. Comment se reconstruire, se refaire quand le passé et le présent subissent le même dérapage ?

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Vecteur de cette déroute, la musique mais aussi ces paroles qui n’ont rien d’innocent car chargées de douleur, tel un chant patriotique qui se mêle à un destin bien sombre, que nul ne maîtrise et qui tangue comme un navire en perdition. Par-delà tout ce qui arrive, par-delà tous les conflits qui rongent et minent ce pays, puissions-nous ouvrir une nouvelle page…

Ce n’est pas que le malheur l’inspire. Mais Ghassan Rahbani a toujours été un crooner qui fait feu de tout bois. Après le ballet devant les portes et les guichets des banques pour des billets verts et des livres libanaises en liasses aussi grosses que de plus en plus dénuées de valeur, le chanteur, qui a toujours fait profession d’agitateur de conscience, pointe le doigt sur le carnage...

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