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Politique - Tripoli

Une opération antiterroriste finit dans le sang : quatre militaires tués

Le contexte de pauvreté et de confessionnalisme fait craindre une recrudescence de la violence.

Une opération antiterroriste finit dans le sang : quatre militaires tués

Des soldats libanais, hier à Tripoli, autour du cercueil de l’un des militaires tués dans la nuit de dimanche à lundi. AFP/Fathi al-Masri

La mort de quatre militaires lors d’une opération menée, dans la nuit de dimanche à lundi, contre une cellule de jihadistes près de Tripoli a ravivé hier la psychose du terrorisme ambulant et le spectre d’un radicalisme sunnite qui, comme le craignent certains, risque de gagner les localités les plus touchées par la pauvreté sur fond de tensions sunnito-chiites.

Consécutive aux trois meurtres de Kaftoun, dans le Koura, le 21 août dernier, l’opération menée par l’armée a relancé le débat sur les priorités sécuritaires du moment mais aussi sur le potentiel d’instrumentalisation politique dont peut faire l’objet le phénomène du sunnisme radical dans un pays aussi clivé et en crise que le Liban.

Selon l’armée, une descente a été organisée hier dans le secteur de Jabal Beddaoui dans le caza de Minié, à la recherche d’un terroriste qui s’est avéré être Khaled el-Tallaoui, le chef de la cellule terroriste à l’origine de l’assassinat des trois membres du Parti social national syrien (PSNS) à Kaftoun. Trois militaires ont été tués et un quatrième a été gravement blessé au cours de l’intervention. Il a succombé quelques heures plus tard des suites de ses blessures.

Le chef de la cellule terroriste, Khaled el-Tallaoui, a été abattu après un échange de tirs, selon l’armée. Un deuxième membre de ce groupe a été arrêté alors que deux autres jihadistes ont pris la fuite. L’armée a effectué plusieurs perquisitions hier dans les localités de Denniyé et de Kfarhabou alors qu’elle traquait les deux hommes en cavale. D’après l’analyse d’un stratège militaire, l’opération de Jabal Beddaoui, qui a semble-t-il été conduite uniquement par quatre éléments des services de renseignements de l’armée, a probablement « mal tourné parce que les militaires ont sous-estimé l’effet de nuisance de cette cellule ».

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Le 5 septembre dernier, la troupe avait annoncé avoir démantelé une cellule terroriste du groupe État islamique qui préparait des attaques au Liban, dont les membres avaient reçu une formation militaire et stocké des armes et des munitions de guerre qui ont été saisies. Les interrogatoires de ces individus avaient permis d’apprendre que l’émir de cette cellule était Khaled el-Tallaoui dont le véhicule a été utilisé par les responsables du crime de Kaftoun. L’un des quatre assassins présumés recherchés avait été arrêté, alors que le sort d’un second demeure inconnu après une perquisition au Liban-Nord, le 24 août dernier, durant laquelle il aurait réussi à s’échapper.

Selon Mohammad Allouch, analyste et expert des mouvements islamistes, la cellule de Khaled el-Tallaoui « est très probablement liée à Daech du point de vue idéologique mais pas nécessairement au niveau de l’organisation ». D’ailleurs, depuis le démantèlement de l’État islamique dans la région et l’assèchement de ses ressources financières humaines et logistiques, son action a été sérieusement affaiblie voire même neutralisée à l’exception de quelques groupuscules qui continuent de sévir à intervalles irréguliers en Syrie et en Irak.

Au Liban, plus aucune action n’a été attribuée aux jihadistes après que l’armée a bouté les éléments de Daech installés dans le jurd de Ersal en 2017, en dehors des frontières libanaises.

Un récidiviste
Selon des sources tripolitaines, Khaled el-Tallaoui a fait de la prison et a été relâché quelque temps plus tard conformément à une décision judiciaire. « Il avait été accusé d’avoir fui le Liban pour aller rejoindre Daech en Syrie mais ne faisait l’objet d’aucune autre accusation. C’est à sa sortie de prison qu’il s’est mis à constituer son groupuscule », confie M. Allouche à L’Orient-Le Jour.

Un itinéraire qui n’est pas sans rappeler celui de Abdel Rahman Mabsout, qui avait mené en juin 2019 trois attaques distinctes à Tripoli contre l’armée et les Forces de sécurité intérieure, faisant quatre morts et plusieurs blessés dans les rangs des militaires, avant de se faire exploser dans un immeuble où il s’était retranché. Mabsout avait combattu dans les rangs de Daech en Syrie et avait fait un an de prison avant d’être relâché en 2017.

L’affaire de Jabal Beddaoui a suscité de multiples réactions de réprobation dans les milieux politiques avec la crainte de voir la violence d’éléments radicaux reprendre de plus belle dans un contexte des plus propices.

Premier à tirer la sonnette d’alarme, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a mis en garde contre « une résurgence du danger du terrorisme ». « Certains le financent, l’arment et l’alimentent », a écrit M. Bassil sur Twitter.

Pour mémoire

Trois personnes tuées par balle à Kaftoun, dans le Koura

Une prise de position « trop alarmiste », rétorque le général Khalil Hélou, officier à la retraite, qui rappelle que bien que le contexte actuel puisse être favorable à ce phénomène, il n’en demeure pas moins que les milieux sunnites libanais n’ont donné à ce jour aucun signe d’une dérive vers l’extrémisme. « La communauté sunnite du Liban-Nord notamment continue de partager son allégeance entre Saad Hariri, Nagib Mikati et, plus récemment, le mouvement de contestation », assure-t-il. L’ancien officier critique au passage l’instrumentalisation de ce phénomène à des fins politiques et dénonce les allusions faites à un financement en provenance des États du monde arabe alors qu’il n’en est rien, selon lui. « Ces groupuscules n’ont pas besoin de financement importants pour se procurer quelques armes à feu et une poignée de grenades. Leurs moyens sont souvent archaïques et modestes, l’objectif étant davantage de faire mal et de produire un effet spectaculaire pour attirer de nouvelles recrues. »

Mohammad Allouch abonde dans le même sens, se disant convaincu que les membres de ces nouveaux réseaux terroristes ont plutôt recours à des opérations de cambriolage pour s’autofinancer. Le spécialiste craint d’ailleurs que certains des vols rapportés récemment à Tripoli n’aient été commis par certains éléments radicaux.

Si l’ampleur du phénomène n’a pas encore atteint un niveau inquiétant, les ingrédients d’une recrudescence de la violence par des éléments de la sphère jihadiste sont toutefois actuellement réunis. Les cellules dites « dormantes » en temps de stabilité ressurgissent de l’ombre et redeviennent actives en période de chaos et d’incertitude.

Selon le général Hélou, le risque existe surtout depuis que l’attention des services sécuritaires a largement dévié vers d’autres objectifs. « Cela fait plus de 10 mois que l’État mais aussi les partis politiques au pouvoir, actuellement sur la défensive, sont préoccupés par les moyens à mettre en œuvre pour endiguer la révolte du 17 octobre. 90 % des efforts sécuritaires sont orientés vers cet objectif », ironise l’ancien officier.


Le Akkar paie un lourd tribut

L’armée a perdu quatre de ses soldats dans l’opération qui l’a opposée à des islamistes à Denniyé, hier. Le hasard a voulu que les quatre tués soient tous issus du caza du Akkar, une région déshéritée souffrant de la négligence de l’État depuis des décennies, véritable réservoir de recrues pour l’armée.

Parmi les tués, l’adjudant Nouhad Ahmad Moustapha, né en 1983 à Iyat, entré dans l’armée en 2006, marié et père de quatre enfants. Les autres victimes sont le sergent Louaï Moustapha Melhem, né en 1987 à Hrar, en service depuis 2010, marié sans enfants ; le soldat Charbel Talal Jbeili, né en 1998 à Karm Asfour, à l’armée depuis 2016, célibataire ; et le soldat Anthony Joseph Takla, né en 1998 à Andkit, à l’armée depuis 2016, célibataire.

Les cercueils des militaires tués sont arrivés à Halba, le chef-lieu du Akkar, où ils ont été accueillis par une foule immense venue leur rendre hommage, scandant des slogans exigeant l’arrestation et le jugement des criminels et tirant en l’air. Ils ont ensuite été inhumés dans leurs villages respectifs.

La mort de quatre militaires lors d’une opération menée, dans la nuit de dimanche à lundi, contre une cellule de jihadistes près de Tripoli a ravivé hier la psychose du terrorisme ambulant et le spectre d’un radicalisme sunnite qui, comme le craignent certains, risque de gagner les localités les plus touchées par la pauvreté sur fond de tensions sunnito-chiites.Consécutive aux trois...

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POUR QUE SOIT SAUVE LE PAYS, IL FAUT EN FINIR UNE FOIS POUR TOUTE DE TOUS LES TERRORISTES DE TOUS BORDS ET DE TOUTES FORMES QU,ILS SOIENT DES MERCENAIRES DITS EXTREMISTES SUNNITES A LA SOLDE DE LA TURQUIE, TEL ISIS ET D,AUTRES, OU DES MERCENAIRES DITS MILICES CHIITES A LA SOLDE DE L,IRAN.

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 24, le 15 septembre 2020

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Commentaires (3)

  • POUR QUE SOIT SAUVE LE PAYS, IL FAUT EN FINIR UNE FOIS POUR TOUTE DE TOUS LES TERRORISTES DE TOUS BORDS ET DE TOUTES FORMES QU,ILS SOIENT DES MERCENAIRES DITS EXTREMISTES SUNNITES A LA SOLDE DE LA TURQUIE, TEL ISIS ET D,AUTRES, OU DES MERCENAIRES DITS MILICES CHIITES A LA SOLDE DE L,IRAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 24, le 15 septembre 2020

  • Gibran croit tromper son monde en rejetant la pierre sur les autres? Il est le premier à avoir faciliter la scission entre libanais et continue de le faire avec ses alliés et leur complot de détourner l’armée de son rôle de contrôle des frontières pour lui confier un rôle de polices de proximité pour défendre leurs fiefs en envoyant des voyous semer le cahot dans les manifestations pacifiques pour mobiliser militaires et commandos font que les frontières restent aux mains des vrais terroristes qui s’allient maintenant avec leurs soit disant ennemis et changer leurs plans qui ne prend plus celui contre Israël pour le transformer en guerre contre les islamistes que I’m Bassil aime les associer à des politiques libanais qui eux œuvrent pour la renaissance du Liban parce qu’ils veulent se débarrasser de lui et de ses alliés. Les seuls terroristes de ce pays sont ceux qui bloquent systématiquement ses institutions, volent l’argent du peuple, s’arment pour rester à leurs postes de président, président de la chambre, ministre des finances et tenir le pays dans ses griffes pour mieux le saigner jusqu’à ce que mort s’en suive. HONTE À VOUS ET AUX GENS DE VOTRE ESPÈCE QUI N’ONT MÊME PAS LA DÉCENCE DE SE TAIRE POUR SE FAIRE OUBLIER MAIS CONTINUE À REMUER LE COUTEAU DANS LES PLAIES DES LIBANAIS JUSTE PAR PROVOCATION ET POUR SEMER LA ZIZANIE ET POUR EXISTER.

    Sissi zayyat

    11 h 27, le 15 septembre 2020

  • Bassil dit que les terroristes sont revenus.. mais ils sont déjà là.... autour du parlement, un groupe terroriste payé par l’etat tire sur des civils à balles réelles ou caoutchouc en pleine figure... y a une milice terroriste qui veut faire la guerre à israel malgré nous. D’ailleurs ceux là même nous ont répété longtemps que les terroristes de daech ne sont pas au liban parce que le Hezbollah est là !!! Donc si vos alliés n’ont pas empêché les daech et cie... pq restent ils armés en milice ? Les terroristes sont ceux qui n’ont rien fait pour empêcher l’explosion du port... ceux qui ont installé ces produits explosifs... ceux qui ne veulent pas se mélanger au peuple... voilà les terroristes

    LE FRANCOPHONE

    00 h 40, le 15 septembre 2020

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