Rechercher
Rechercher

Politique - Décryptage

Fragilisé, le Liban dans l’attente d’une guerre régionale ou d’un grand compromis

Deux logiques s’affrontent actuellement dans la région et au Liban en particulier. La première estime que les tensions actuelles annoncent une grande confrontation à venir entre, d’un côté, l’Iran et ses alliés, et de l’autre, le nouvel axe arabo-israélien sous parrainage américain. Quant à la seconde, elle pense, au contraire, que toutes ces tensions visent à améliorer les conditions de chaque partie dans les négociations à venir qui devraient commencer dans les prochains mois entre l’Iran, d’un côté, et les États-Unis, de l’autre.

Selon les partisans de la première théorie, il ne faut pas minimiser l’accord de normalisation des relations entre les Émirats arabes unis et Israël. Officiellement, cet accord est un pas vers la consolidation de la stabilité dans la région et vers un règlement du conflit israélo-arabe, qui pèse sur l’ensemble de la région depuis près de 80 ans. Mais, toujours selon les partisans de cette thèse, cet accord serait en réalité destiné à créer un front militaire composé d’une alliance entre les pays du Golfe et les Israéliens, d’un côté, et les Iraniens et leurs alliés, de l’autre. Autrement dit, la région se dirigerait vers une grande confrontation qui ne pourrait qu’avoir des conséquences sur les rapports de force qui la commandent. Comme l’a déclaré récemment le président français lors d’une intervention télévisée dans le cadre d’un forum méditerranéen, les Américains seraient en train d’alléger leur présence dans la région du Moyen-Orient. Pour cette raison, estiment les partisans de cette théorie, ils souhaiteraient assurer un solide filet de protection à Israël à travers des alliances avec les pays arabes dits modérés. Mais en raison des tensions de plus en plus fortes et des préparatifs en cours, le déclenchement d’une guerre ne serait pas à exclure, surtout avec l’arsenal de plus en plus sophistiqué aux mains des deux camps. D’ailleurs, les rapports militaires et sécuritaires montrent qu’aussi bien les pays du Golfe que les Israéliens souhaiteraient lancer une offensive contre l’Iran et ses alliés, mais chaque partie compte sur l’autre pour mener l’offensive. Dans un tel contexte, la confrontation serait donc inévitable. C’est juste une question de temps et de timing.

Face à cette approche, il y en a une autre qui dit exactement le contraire. Selon les partisans de cette seconde thèse, les Israéliens et les pays du Golfe qui sont en train de normaliser leurs relations avec l’État hébreu ne sont pas en mesure de mener une offensive de grande envergure contre l’Iran. Ces pays et ces forces, certes séparément, mais peut-être avec une coordination discrète entre eux, ont perdu sur plusieurs fronts, notamment au Yémen, où la guerre s’éternise sans permettre une réelle percée saoudienne ou même émiratie, et en Syrie. Dans ce dernier pays et en dépit de toutes les tentatives, la situation sur le terrain évolue en faveur du pouvoir actuel. Même en Irak, où il est clair que le nouveau Premier ministre Moustafa al-Kazimi, considéré comme proche des Américains, ne peut pas entrer en confrontation avec le Hachd al-chaabi, proche des Iraniens. De leur côté, les Israéliens, selon leurs propres médias et analystes, ne sont pas en mesure de mener une guerre contre le Hezbollah au Liban car elle serait très coûteuse, pour le Liban certes, mais aussi pour eux. Ils ne peuvent même pas mener une opération de grande envergure contre Gaza puisque, lors des derniers affrontements, ce sont les Israéliens qui ont réclamé un cessez-le feu en moins de 48 heures de combats. Selon les partisans de cette théorie, une guerre régionale ne serait donc pas à envisager. Tout ce qui se passe actuellement vise à renforcer les positions des Américains, d’un côté, et des Iraniens, de l’autre, en vue de négociations qui ne devraient pas tarder. Il y a quelques mois, on se demandait si les négociations auraient lieu avant l’élection américaine, comme le souhaitait le président Donald Trump, ou après. Aujourd’hui, certains disent qu’elles ont déjà commencé et d’autres qu’il faudra attendre après l’élection du 3 novembre pour qu’elles soient lancées.

Mais dans l’attente d’une guerre ou de négociations, les scènes fragilisées ne sont pas à l’abri de troubles. C’est malheureusement le cas au Liban où, depuis quelques semaines, les incidents sécuritaires se multiplient face à l’affaiblissement dramatique de l’État et de ses institutions. Il y a eu ainsi la terrible explosion le 4 août au port de Beyrouth, dans laquelle la possibilité d’une attaque terroriste ou autre n’est pas exclue. Il y a eu ensuite la tuerie de Kaftoun où cette fois l’enquête a confirmé que les auteurs appartiennent à une cellule terroriste qui serait dirigée par l’émir Khaled Tellaoui, plus connu sous le nom de Abou Abdel Rahman. Ce Tripolitain avait été arrêté en 2017 pour appartenance à Daech puis relâché comme d’autres. Selon des sources de sécurité, qui évoquent les aveux de certaines personnes arrêtées, la cellule qui s’est activée à Kaftoun avait pour mission d’exécuter plusieurs attaques dans différentes régions pour déstabiliser le pays.

Il y a eu aussi, presque en concomitance avec la visite d’Emmanuel Macron au Liban, des incidents graves à Khaldé qui avaient des consonances communautaires (les tribus arabes sunnites de Khaldé contre les chiites d’Ouzaï) et, enfin, lundi soir, des affrontements à Tarik Jdidé entre des partisans de Saad Hariri et d’autres dans la mouvance de son frère Baha’.

Même si tous ces incidents n’ont peut-être pas un lien direct, ils montrent en tout cas la fragilité de la situation libanaise en raison des conflits entre les différentes parties politiques et le rejet de ces mêmes parties par les groupes de la société civile. C’est comme si le Liban était en pleine décomposition, tant au niveau de l’État et de ses institutions qu’au niveau du tissu populaire lui-même.

C’est pour arrêter ce morcellement que le président français a lancé le 1er septembre son initiative de sauvetage consistant à former un gouvernement de mission ayant l’aval des politiques, sans être sous leurs ordres, et qui serait chargé d’entamer les réformes. Les Libanais mesurent-ils l’urgence de saisir cette opportunité pour ne pas avoir à payer les frais d’une grande confrontation régionale ou devoir attendre les effets d’un accord américano-iranien ?

Deux logiques s’affrontent actuellement dans la région et au Liban en particulier. La première estime que les tensions actuelles annoncent une grande confrontation à venir entre, d’un côté, l’Iran et ses alliés, et de l’autre, le nouvel axe arabo-israélien sous parrainage américain. Quant à la seconde, elle pense, au contraire, que toutes ces tensions visent à améliorer les...

commentaires (7)

D’ailleurs, les rapports militaires et sécuritaires montrent qu’aussi bien les pays du Golfe que les Israéliens souhaiteraient lancer une offensive contre l’Iran et ses alliés, mais chaque partie compte sur l’autre pour mener l’offensive. MAIS OU AVEZ VOUS ETE CHERCHE CELA? ISRAEL COMPTE SUR LES PAYS DU GOLF POUR ATTAQUER L'IRAN? Chere madame pouvez vous relire avant de publier un e phrase pareille? Israel voudrait que les petits etats du golf se lance dans une bataille contre l'iran pour ( sous entendre ) intervenir? L'Irak de Sadam a mene en vain une bataille de 8 ans avec l'Iran et rien n'a change LA VERITE PERSONNE NE SONGE A ATTAQUER L'IRAN NI LES ETATS UNIS NI ISRAEL NI LE GOLF NI L'ARABIE SEOUDITE TOUT LE MONDE CHERCHE UNIQUEMENT A CE QUE L'IRAN N'AIT PAS LA BOMBE ATOMIQUE ET SOYEZ SUR QU'ELLE NE L'AURA PAS CAR A LA DERNIERE MINUTES CERTAINS PAYS OBLITERERONT LES ENDOITS OU ELLE PEUT ETRE FABRIQUEE. EN ATTENDANT TOUS CES " INCIDENTS ET INCENDIES " RETARDENTSON PROJET

LA VERITE

16 h 20, le 09 septembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • D’ailleurs, les rapports militaires et sécuritaires montrent qu’aussi bien les pays du Golfe que les Israéliens souhaiteraient lancer une offensive contre l’Iran et ses alliés, mais chaque partie compte sur l’autre pour mener l’offensive. MAIS OU AVEZ VOUS ETE CHERCHE CELA? ISRAEL COMPTE SUR LES PAYS DU GOLF POUR ATTAQUER L'IRAN? Chere madame pouvez vous relire avant de publier un e phrase pareille? Israel voudrait que les petits etats du golf se lance dans une bataille contre l'iran pour ( sous entendre ) intervenir? L'Irak de Sadam a mene en vain une bataille de 8 ans avec l'Iran et rien n'a change LA VERITE PERSONNE NE SONGE A ATTAQUER L'IRAN NI LES ETATS UNIS NI ISRAEL NI LE GOLF NI L'ARABIE SEOUDITE TOUT LE MONDE CHERCHE UNIQUEMENT A CE QUE L'IRAN N'AIT PAS LA BOMBE ATOMIQUE ET SOYEZ SUR QU'ELLE NE L'AURA PAS CAR A LA DERNIERE MINUTES CERTAINS PAYS OBLITERERONT LES ENDOITS OU ELLE PEUT ETRE FABRIQUEE. EN ATTENDANT TOUS CES " INCIDENTS ET INCENDIES " RETARDENTSON PROJET

    LA VERITE

    16 h 20, le 09 septembre 2020

  • Ah vous avez vachement raison ! le Hezbollah a déjà mené plus de 500 raids aériens sur les positions Israéliennes en Syrie et l'Iran a frappé a plus de 15 reprises des installions Israéliennes dans les profondeurs de l'Etat Hébreu ? il est clair que le Hezbollah et l'Iran sont en train de gagner la guerre ! Israel se faisant bombarder tous les deux matins ! d'ailleurs les avions dans le ciel Libanais appartiennent certainement a la chasse Iranienne, c'est pour cette unique raison que le glorieux Hezbo-resistant-moumaniote ne leur tire pas dessus ! J'ai bien compris votre article ?? LooooooL

    Lebinlon

    15 h 02, le 09 septembre 2020

  • ya reit dame haddad et autres decrypteurs savaient non pas decortiquer les evenements chacun a sa guise, mais trouver la "force", le savoir de suggerer des solutions, une sortie de crise peut etre !

    Gaby SIOUFI

    09 h 59, le 09 septembre 2020

  • Qui sont les alliés de l'Iran qui feront une guerre ouverte contre Israël, le Hezb et Hamas? Le Hezb nie avoir infiltré les positions Israëliennes (depuis 6 semaines et 2 semaines). Sur cette base, c'est donc Israël qui a agressé le Liban à 2 reprises et le Hezb ne l'a pas défendu.

    Zovighian Michel

    06 h 08, le 09 septembre 2020

  • "Les Libanais mesurent-ils l’urgence de saisir cette opportunité pour ne pas avoir à payer les frais d’une grande confrontation régionale ou devoir attendre les effets d’un accord américano-iranien ?".... excellente question à laquelle les Libanais, les vrais, non seulement mesuraient l'urgence mais la criaient à plein poumons déjà depuis belle lurette dans les rues du liban. C'est notre crasse politique et son illusionniste sous terrain en chef qui refusent de mesurer quoique que ce soit...car le prix, eux ne le paye pas et ne le comptabilise même pas, car c'est ce pauvre LIBANAIS qui ne cesse de le casquer...

    Wlek Sanferlou

    04 h 49, le 09 septembre 2020

  • Je suis d’accords .... sur le titre !!

    Bery tus

    03 h 28, le 09 septembre 2020

  • Bravo, Mme Haddad....Pour une fois un décryptage réaliste, objectif et non biaisé en faveur d’une partie ou une autre.... Rien de plus, sauf que le Liban est pris dans ce piège infernal et Dieu seul sait ce qui arriverait au pays qui serait en pleine décomposition et implosion interne et qui ne peut plus être réformé et sauvé sans des influences externes... Le chemin et le calvaire du peuple libanais seront encore très longs, hélas!

    Saliba Nouhad

    02 h 31, le 09 septembre 2020

Retour en haut