Une source proche des sociétés importatrices d’hydrocarbures au Liban (APIC) a indiqué à L’Orient-Le Jour que la Banque du Liban (BDL) avait débloqué « en fin de journée » des lignes de crédit suffisantes pour permettre aux dix acteurs qui approvisionnent le marché libanais en essence de payer chacun un navire-citerne.
Une mesure qui devrait permettre, selon cette source, de décaler « pour une semaine au moins » la perspective d’une pénurie de carburant évoquée plus tôt dans la journée par le président du syndicat des propriétaires de stations-service au Liban, Samy Brax. « La BDL attendait que le ministère de l’Énergie et de l’Eau lui transmette les données relatives à la consommation d’essence et de diesel sur le marché local afin de réorganiser ses mécanismes de subvention – financés à partir de ses réserves en devises – de manière à ce qu’elle puisse l’optimiser. C’est chose faite et il faut maintenant attendre la suite », a encore détaillé la source. Selon plusieurs sources concordantes, la pénurie est plus liée aux importateurs et commerçants qui stockent de l’essence qu’à un problème d’approvisionnement ou de financement.
Obtention de lettres de crédit
Dans un communiqué hier, Samy Brax a souligné que les stations-service étaient en train de fermer leurs portes « les unes après les autres » en raison d’un manque de stock, les sociétés chargées de la distribution ayant arrêté de fournir du carburant car elles n’ont pas pu obtenir des lettres de crédit pour leurs importations. Le syndicaliste a dès lors appelé la BDL à « autoriser immédiatement l’ouverture des lignes de crédit » afin de permettre le déchargement dans les installations pétrolières du pays « d’un ou deux tankers ». Il a aussi demandé à la BDL de mettre sur pied « un calendrier clair pour les importations pétrolières ».
La BDL a commencé il y a un an à subventionner le taux de change dollar/livre pour les importations de certains produits dont le carburant, en permettant aux importateurs d’échanger auprès d’elle leurs livres contre des dollars à la parité officielle (alignée sur 1 507,5 livres pour un dollar), en plein contexte de crise et de dépréciation de la livre. Or, fin août, des informations confirmées ensuite officiellement par la BDL ont révélé que le niveau atteint par ses réserves liquides de devises ne lui permettaient plus de maintenir ces mécanismes que pour quelques mois. Il y a une semaine, le gouverneur Riad Salamé a, lui, souligné que ces réserves avaient atteint 19,5 milliards, dont 17,5 milliards de réserves obligatoires déposées par les banques qui ne peuvent pas être mobilisées. La BDL a depuis laissé entendre qu’elle travaillait sur une solution alternative (voir par ailleurs). Le dévissage de la livre est également lié à l’incapacité de la BDL à stabiliser le taux de change comme elle le faisait depuis 1997, en raison de la forte détérioration de la situation économique et financière du pays. Selon une source au sein de la BDL, les réserves actuelles en devises de la banque centrale permettraient de subventionner les importations de carburant, de blé et de médicaments pendant seulement trois mois.
Samy Brax a également pointé du doigt la nécessité de la formation rapide d’un gouvernement afin qu’il puisse se pencher sur les réformes réclamées pour redresser le pays, ce qui débloquerait des aides de la communauté internationale. « Cette solution est le seul espoir qui nous est permis aujourd’hui », a-t-il ajouté. Le syndicaliste a aussi sollicité la mise sur pied d’une commission afin d’étudier l’arrêt de ces subventions.
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Où sont les milliards volés pour renflouer les caisses et répondre aux besoins vitaux des libanais? Les pays aidants ont toute la légitimité de plonger dans les comptes de la BDL ainsi que de tous les ministères car il s’agit aussi de l’argent de leurs contribuables qu’ils ont sacrifié pour aider le Liban et son peuple, et qui est allé droit sur les comptes des vendus qui tiennent le pouvoir et maintenant mendient au nom du peuple libanais orgueilleux et fier alors qu’il a fait des sacrifices pour voir ce pays debout et pour sa fierté de dire je suis libanais dans le monde entier. Ils nous ont anéanti et privé de tout y compris de notre dignité. Il est temps que ça change.
Sissi zayyat
11 h 15, le 08 septembre 2020