Le Premier ministre libanais désigné, Moustapha Adib, a refusé jeudi de fixer un délai pour la formation de son gouvernement, à l'issue d'un entretien avec le président Michel Aoun au palais de Baabda, au cours duquel les deux hommes ont évoqué le résultat des consultations parlementaires non contraignantes qui ont lieu mercredi à Aïn el-Tiné.
"Ma conviction et ma volonté est de former une équipe de travail homogène, un gouvernement d'experts mettant en œuvre les réformes le plus rapidement possible", a déclaré M. Adib lors d'un court point presse à l'issue de son entretien de 45 minutes environ avec le chef de l'Etat, selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). "Nous avons évoqué avec le président de la République les consultations parlementaires non contraignantes que j'ai menées. J'ai ressenti auprès des députés et des blocs parlementaires leur volonté de coopérer pour que le gouvernement soit rapidement formé afin d'affronter les défis", a ajouté le PM désigné. Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chédid, M. Adib a toutefois refusé de fixer de délai pour la naissance de son cabinet.
Mercredi, à l'issue des consultations parlementaires non contraignantes, M. Adib s'était engagé à former rapidement un "gouvernement d'experts".
Selon des informations de notre correspondante, la tendance générale est à la formation rapide d'un gouvernement, mais sans précipitation. Les discussions entre les deux hommes ont porté sur la formation d'un cabinet formé de spécialistes, mais aussi de personnalités politiques, l'équipe ayant besoin de la confiance du Parlement. Ils n'ont parlé ni des noms, ni des portefeuilles, ni de leur distribution, mais uniquement du nombre de ministres dont l'équipe doit être composée. Ainsi, selon les informations de notre correspondante, alors que le Premier ministre désigné propose la formation d'une équipe de 14 ministres, le chef de l'État a mis en garde contre l'attribution de deux portefeuilles à un même ministre, ce qui compliquerait selon lui le travail des ministres et retarderait la mise en place des réformes. Dans ce cadre, la tendance est à la formation d'un cabinet comportant entre 20 et 24 ministres, avec un portefeuille par ministre, une proposition que M. Adib va étudier. Néanmoins, selon notre correspondante, un gouvernement de 22 ministres poserait un problème de distribution communautaire. C'est pour cette raison que l'on pourrait se diriger vers un gouvernement de 18 ou de 24 ministres.
M. Adib, ancien ambassadeur du Liban à Berlin, avait été nommé lundi pour former le cabinet à une confortable majorité de 90 députés sur les 120 encore en exercice. Si le processus de formation des gouvernements peut durer parfois des mois en raison des blocages politiques, la situation s'annonce différente cette fois. La pression internationale, notamment française, ainsi que celle de la rue, amplifiées par la double explosion tragique au port de Beyrouth le 4 août, a rendu encore plus urgente la nécessité de réformes pour sortir le pays de la tourmente politique et de sa pire crise économique depuis des décennies. Mardi, Emmanuel Macron avait affirmé en clôture de sa visite à Beyrouth que toutes les forces politiques libanaises s'étaient engagées à faciliter la formation de ce "gouvernement de mission", afin qu'il soit mis sur pied d'ici deux semaines. Il a annoncé qu'il serait de retour au Liban en décembre pour suivre les progrès réalisés, et qu'il inviterait à Paris, en octobre, les responsables libanais à une réunion organisée parallèlement à une nouvelle conférence d'aide internationale. Il avait averti qu'il s'agissait de "la dernière chance pour le système" libanais.
De son côté, le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Proche-Orient, David Schenker, qui est arrivé à Beyrouth mercredi, s'est entretenu avec plusieurs activistes de la société civile, selon l'ambassade américaine à Beyrouth. Il doit encore s'entretenir ce soir avec des députés démissionnaires. La veille, les États-Unis, par la voix du secrétaire d’État Mike Pompeo, avaient appelé les responsables politiques libanais à réformer profondément le pays, assurant être en phase avec le message d’urgence porté à Beyrouth par Emmanuel Macron.
Jeudi, le groupe parlementaire du Hezbollah a appelé à faciliter la formation du gouvernement, saluant l'initiative du président français. "Actant leur attachement à la souveraineté nationale, les députés du Hezbollah voient de manière positive les initiatives de pays frères ou amis visant à aider le Liban à mettre en œuvre les réformes et les projets de développement, tant qu'elles préservent notre indépendance, la dignité du peuple et son patriotisme", peut-on lire dans un communiqué publié par le groupe parlementaire du parti chiite à l'issue de sa réunion hebdomadaire.
commentaires (13)
Pauvre Adib, vous êtes foutu...vous vous êtes « couché « devant les démolisseurs du pays à savoir Aoun, Berry, Nassrallah et Bassil... Votre gouvernement « de mission » sera un gouvernement de politiciens véreux Qui sera formé selon les mêmes règles Qui sévissent dans ce pays Vous allez mettre un mois et plus pour le former et pendant ce temps le peuple se meurt et vous n’en avez rien à cirer.
mokpo
22 h 11, le 03 septembre 2020