Sur la « légitimité » du Hezbollah

La démocratie au Liban, quand elle est soumise au filtre iranien des assassinats, des achats massifs de votes et des coups de force, ne nous permet plus de conclure que le Hezbollah est représenté au Parlement comme si nous étions dans le cas de figure d’une élection française. Le Hezbollah a prouvé à plusieurs reprises qu’il est intimement lié et mondialement actif dans le terrorisme international et dans le trafic mondial d’armes et de drogue et même, dernièrement, de nitrate d’ammonium.

Ainsi, vous ne pouvez nous donner comme argument de votre invitation à discuter avec le Hezbollah que c’est un élément constitutif de la politique libanaise et qu’il a été élu démocratiquement. Lorsque la démocratie se chiffre par quelques centaines d’assassinats, d’enlèvements et de disparitions inexpliquées, alors cela ne correspond plus à votre compréhension de la démocratie.

Vous êtes bien placé pour le savoir, monsieur Macron, puisque la voiture piégée en 1983 vous a coûté (nous a coûté, car je suis Français aussi) la vie à plus de cinquante soldats français de la paix. Cette voiture fut l’œuvre de la première version iranienne du Hezbollah, comme les SR français l’ont affirmé à plusieurs reprises. D’autre part, le chercheur français Michel Seurat a bien été enlevé et froidement assassiné par le Hezbollah pour la simple raison que son ouvrage écrit dans le cadre du Cermoc (Syrie, État de barbarie) aurait déplu au dictateur syrien du moment, Hafez el-Assad.

Tel père, tel fils : Bachar a détruit son pays et assassiné 500 000 de ses citoyens juste pour garder le pouvoir, et cela avec l’aide active du Hezbollah « démocratiquement » élu, selon vos dires. Nasrallah a envoyé des milliers de ses tueurs libano-iraniens formés à l’école des pasdaran pour stabiliser les régimes d’Irak, de Syrie, du Yémen et du Liban, soumis à l’Iran par un long et tentaculaire asservissement de ces pays à travers des milices des Hezbollah de ces trois peuples soumis par les armes et les assassinats. Hezbollah libanais ou Hezbollah irakien ou houthis du Yémen ou encore islamistes du Hamas à Gaza, ce sont les multiples facettes d’une même « démocratie », celle des armes autocratiques iraniennes.

Le Hezbollah a assassiné Rafic Hariri, dont le mentor était un autre président français dont l’œuvre au Liban a sauvé le Liban puisqu’il a aidé Rafic Hariri à obtenir la résolution 1559 qui nous a libérés de la dictature syrienne. Restez dans la lignée de votre prédécesseur. Tous les assassinats des dirigeants du 14 Mars ont été exécutés par le Hezbollah, aussi il est indécent de dire que ce dernier est élu par le peuple libanais. Mettez ce chef des terroristes au ban de la politique française et déclarez le Hezbollah comme milice terroriste.

Si vous voulez qu’un jour la démocratie l’emporte au Liban et, après votre dernière visite salutaire au Liban qui a redonné espoir et courage à nos concitoyens dont beaucoup sont fiers et heureux d’être français, nous savons que c’est votre plus profond désir, alors c’est la seule chose que vous devez absolument faire. C’est cela que l’on attend de la France et de son président car c’est cela qui a fait la grandeur de la France, depuis 1789.

Monsieur le président Macron, nous sommes des millions de Libanais qui avons l’amour de la France. S’il vous est difficile d’exiger l’application de la 1559 et de sa mise sous le chapitre VII de l’ONU car le conquérant russe s’y oppose, alors au moins ne reconnaissez pas l’organe de Khamenei et de Poutine au Liban.

Condamnez le Hezbollah comme il nous a condamnés.

Dites ce qu’il est vraiment car lui-même ne s’en cache pas.

Pourquoi allons-nous taire son affiliation au terrorisme iranien et au désir des ayatollahs de jeter le voile de leur domination sur tout le Moyen-Orient alors que Nasrallah s’évertue à nous le faire comprendre sur les chaînes télévisées ? Il nous affirme fièrement qu’il est affilié au pouvoir théocratique d’Iran, alors pourquoi allons-nous lui répondre par des alliances politiques contre-nature ou par des non-dits internationaux ?

Le Hezbollah a pris sa place au Parlement libanais, au gouvernement et à la présidence où siège sans honte celui que Nasrallah a imposé, suite à deux années de blocage des élections et des menaces de toutes sortes qui ont mené les indépendantistes à accepter les conditions rédhibitoires du Hezbollah dictées par Khamenei et Bachar el-Assad, et cela pour éviter un désastre économique, politique et financier qui a quand même fini par arriver et entraîner le Liban dans le gouffre car le Hezbollah était de plus en plus sollicité par le régime syrien afin de contourner les anciennes restrictions américaines sur Bachar ainsi que les nouvelles sanctions relatives à la loi « César ». La corruption du Hezbollah à travers les frontières s’est accélérée avec l’accroissement des sanctions américaines. Ses alliés ont obtenu leur part pour taire les scandales, mais les scandales ont fini par éclater et jeter la majorité du peuple libanais dans la rue.

C’est cette majorité qui vous réclame justice, monsieur Macron.

On lui a volé sa démocratie, on lui a volé ses biens et on lui a arraché sa liberté.

Il ne lui reste plus rien.

Si, il lui reste l’espoir que la France saura entendre sa voix et aussi qu’elle saura faire la différence entre une majorité parlementaire obtenue par les armes et celle obtenue « à la française ».

Cela n’est pas de la démocratie, monsieur Macron. C’est une dictature déguisée basée sur l’intimidation et les pressions politiques et miliciennes avec en filigrane la menace permanente et pesante d’une guerre civile, comme cela a été le cas plusieurs fois depuis l’assassinat de Hariri en 2005.

Écoutez la voix de votre second peuple, Monsieur le président Macron.

Recevez l’expression de mon profond respect.

Citoyen franco-libanais

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