Le Conseil supérieur de la défense a décidé mercredi de prolonger jusqu'à la fin de l'année l'état de mobilisation générale, déclaré depuis le 15 mars pour lutter contre la pandémie de coronavirus, alors que le Liban a enregistré des chiffres record de contaminations et de décès ces dernières semaines.
Prenant la parole à l'issue de la réunion, le secrétaire général du Conseil supérieur de la défense, le général Mahmoud Asmar, a confirmé cette prolongation de la mobilisation générale jusqu'au 31 décembre 2020. Au début de la réunion, le Premier ministre démissionnaire, Hassane Diab, avait espéré une telle prolongation de la mobilisation, estimant que si les contaminations continuaient d'augmenter, la situation sanitaire ne serait plus "sous contrôle".
Selon l’alinéa 1 de l’article 2 de la loi sur la défense nationale, "si la nation ou une partie de la nation, ou l’un de ses secteurs publics ou encore un groupe de sa population ont été confrontés à un danger, il est possible de décréter l’état de mobilisation partielle ou générale afin de limiter l’exposition de la population et des infrastructures vitales au danger, et d’assurer les opérations de mobilisation et le recours aux forces armées." Ce processus requiert l’émission de décrets pour que chaque ministère puisse s’atteler à la tâche qui lui incombe.
Coordination avec les hôpitaux privés
Le Conseil en outre a chargé le comité technique nommé pour suivre l'évolution de la pandémie dans le pays d'assurer, en coordination avec les différentes parties concernées, l'application des mesures de prévention contre la propagation du virus. Le ministre démissionnaire de la Santé, Hamad Hassan, a pour sa part été chargé de coordonner la réponse à la hausse des contaminations avec les hôpitaux privés du pays, afin notamment que des sections spéciales de ces établissements soient ouvertes pour accueillir les personnes contaminées pendant une période maximale de cinq jours.
Face à la hausse des contaminations et des décès, un nouveau reconfinement a été déclaré le 21 août et s'étendra jusqu'au 7 septembre. Assorti d'un couvre-feu quotidien de 18h à 6h, il prévoit notamment la fermeture des commerces, contre laquelle se sont insurgés ces derniers jours les représentants de plusieurs secteurs économiques.
Le Conseil supérieur de la défense a encore insisté sur l'importance d'un renouvellement d'un an du mandat de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) "sans modification des missions qui lui sont confiées". Concernant le triple meurtre de Kaftoun, dans le Koura, le Conseil a appelé les forces de l'ordre et la justice à poursuivre leurs enquêtes afin de découvrir les circonstances de ce crime.
Distribution "transparente et rapide" des aides
Prenant la parole au début de la réunion, le chef de l'Etat, Michel Aoun, a appelé à "une coordination totale de tous les efforts" déployés pour faire face aux conséquences de la double explosion du port de Beyrouth qui a fait plus de 180 morts et 6.500 blessés le 4 août. Il a estimé qu'une telle coopération permettrait "plus d'efficacité et un travail plus rapide". Il a encore souligné l'importance que les distributions d'aides humanitaires internationales soient effectuées "par les parties concernées" afin d'en assurer la transparence et la rapidité.
Hassane Diab a pour sa part insisté sur la nécessité d'accélérer les enquêtes sur les causes des explosions. "Il ne faut pas que cette catastrophe soit considérée comme un simple crime", a-t-il souligné. "J'ai demandé au président français, Emmanuel Macron, que la France envoie des images satellite d'avant, pendant et après l'explosion afin d'aider les forces de sécurité et la justice libanaises à mener leur enquête", a ajouté M. Diab.
Les explosions du 4 août dans le port de Beyrouth ont fait plus de 180 victimes, blessé des milliers de personnes et détruit des pans entiers de la capitale. Selon les explications officielles, le souffle qui a détruit la capitale libanaise a été provoqué par un incendie dans un entrepôt dans lequel étaient stockées sans précaution 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium. Le président Aoun refuse une enquête internationale sur l'incident, estimant que celle-ci "diluerait la vérité". Une enquête locale est en cours, mais nombreux sont ceux qui doutent de son efficacité et son impartialité.
Hassane Diab a par ailleurs évoqué la question du renouvellement du mandat de la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), attendu le 28 août. "Il est dans l'intérêt de tous les pays du monde que le renouvellement se fasse sans aucune modification du mandat" de la force onusienne, a-t-il déclaré.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait plaidé en juin pour une "capacité de surveillance améliorée" de la Finul, qui lui donnerait "une meilleure perception de la situation". Pour sa part, Israël reproche à la Finul de ne pas être assez active contre le Hezbollah, qu’il accuse de stocker des armes à la frontière.
Mobilisation générale, enquete transparente , des phrases qui nous rappellent la chanson de Dalida Parole . paroles .
16 h 50, le 26 août 2020