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Culture

Hady Sy, rien ne pourra ébranler son « Mur de l’espoir »...

Le « Wall of Hope », sculpture que l’artiste franco-libano-sénégalais avait installée il y a près d’un an place des Martyrs, est sortie étonnamment indemne de la dévastation. Elle reste plus que jamais emblématique des capacités d’espérance des filles et des fils de Beyrouth...

Hady Sy, rien ne pourra ébranler son « Mur de l’espoir »...

« The Wall of Hope » de Hady Sy, une sculpture inexorablement briseuse de murs et porteuse d’espoir. Photo Hady Sy

« Souviens-toi que l’espoir est une arme formidable même quand tout le reste est perdu. » Ce précepte de Nelson Mandela, Hady Sy n’arrête pas de se le répéter. Comme un mantra. Comme une prière. Pour Beyrouth, dévastée un certain mardi noir de ce mois d’août par la plus grande explosion non nucléaire de l’histoire contemporaine. Une explosion venue parachever le chapelet de malheurs que font subir aux Libanais depuis des années, voire des décennies, des dirigeants irresponsables et corrompus de ce pays dit du miel et de l’encens.

Ces mots, l’artiste se les répète aussi pour calmer sa fureur à leur encontre, pour apaiser sa peine de voir sa ville maternelle détruite, pour se donner le courage de retrouver son atelier soufflé…

Seule consolation dans ce mélange de tristesse et de colère qui l’étreint au cœur, son Wall of Hope, au centre-ville de Beyrouth, a tenu bon. À l’instar de la statue de l’Émigré, aux portes du port, la sculpture de l’artiste plasticien, emblématique représentation (elle aussi !) des rêves d’espoir et de liberté des Libanais, n’a pas ployé sous le souffle dévastateur des explosions meurtrières du 4 août.

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Alors qu’à des kilomètres alentour, tout n’est plus aujourd’hui que champs de ruines et carcasses de bâtiments, à commencer par ceux de l’hôtel Le Gray et de notre confrère an-Nahar entre lesquels elle avait été installée il y a près d’un an, cette imposante structure en béton coulé et fer rouillé de 4 mètres de haut, représentant une enceinte aux barreaux centraux défoncés, mérite plus que jamais son titre de « Mur de l’espoir ».

Cette installation monumentale est la première pièce d’un projet global (comprenant photo, sérigraphie, vidéo et sculpture) que l’artiste plasticien a enclenché, ces dernières années, dans le but de dénoncer et faire réfléchir sur ces « murs qui nous divisent, qui nous empêchent d’avancer, qui suscitent la haine, la peur et le rejet de l’autre… » disait-il lors de son inauguration en septembre 2019, à l’occasion des célébrations de la 10e édition du Beirut Art Fair.

Hady Sy posant dans son « Wall of Hope ». Photo DR

Parce que Beyrouth est une femme…

Et même si The Wall of Hope est la réplique du mur qui sépare le Texas du Mexique, que l’artiste était allé photographier pour le sculpter ensuite, Beyrouth en a été la principale inspiratrice. « Je suis parti de l’idée des sept portes historiques de Beyrouth que sept familles ouvraient le matin et fermaient le soir, avant que le mur d’enceinte de la ville ne tombe et que les Beyrouthins puissent avoir vue sur le large. Et c’est de cette ouverture sur la mer, ce symbole d’aventure, de curiosité, de migration, de soif de connaissance et de rencontre des autres qu’est née mon idée d’ouvrir une brèche dans le mur. Ce qui, au final, a donné visuellement une sorte de métaphore du ventre maternel de la femme. Comme un hommage à toutes les femmes porteuses de vie, porteuses d’espoir… Moi qui m’étais toujours posé la question de savoir si la capitale libanaise était une ville-femme ou une ville-homme, c’est en élaborant cette pièce que j’ai eu ma réponse », ajoute Hady Sy. Lequel rappelle combien cette sculpture a joué un rôle – « féminin » ? – protecteur et rassembleur au cours des manifestations de la révolution d’octobre 2019.

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« Nous vivons dans un monde de plus en plus intolérant, fanatique, replié sur soi, agressif, individualiste. Je voulais que tout le monde puisse traverser ce mur et ressentir l’espoir… » dit encore Hady Sy, qui était heureux de voir les gens, les Libanais, grimper sur sa pièce sculpturale, sauter à travers ses barreaux, faire mine de les écarter, s’en amuser…

Certains y voient maintenant l’image de l’explosion de Beyrouth, de l’éventrement de ses bâtiments, de la déchirure quasi irrémédiable de cette ville. La déflagration du port va-t-elle lui donner cette nouvelle symbolique ?

« Non ! Trop de morts, trop de blessés, de déplacés, de destructions, de misère, de tristesse et de laissés-pour-compte… Tout cela les représente eux, fulmine-t-il. Cette pièce, sortie miraculeusement intacte de cet enfer, toujours debout, toujours belle, restera fidèle à son message de liberté et d’espoir… Et ça ils ne nous l’ôteront pas. Ils ne nous briseront pas nos rêves. » Parce que Beyrouth est une femme. Et parce que même éventrée, déchiquetée par l’explosion apocalyptique du 4 août, même brimée par les haineux, les corrompus et les criminels, elle reste la cité matrice du Liban, son espace originaire d’ouverture sur le monde et sur tous les possibles…

« Souviens-toi que l’espoir est une arme formidable même quand tout le reste est perdu. » Ce précepte de Nelson Mandela, Hady Sy n’arrête pas de se le répéter. Comme un mantra. Comme une prière. Pour Beyrouth, dévastée un certain mardi noir de ce mois d’août par la plus grande explosion non nucléaire de l’histoire contemporaine. Une explosion venue parachever le...

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