Rechercher
Rechercher

Culture - Hommage

Gaïa Fodoulian, son œuvre demeurera...

Elle est partie trop tôt, dans le silence des gens humbles et beaux. Gaïa Fodoulian avait vingt-neuf ans et des rêves plein la tête. Des rêves brisés par le drame ravageur qui a fait basculer Beyrouth dans l’horreur.

Gaïa Fodoulian, son œuvre demeurera...

Gaïa Fodoulian avait 29 ans et des rêves plein la tête. Photo DR

Courait-elle vers son destin ou le fuyait-elle, quand Gaïa Fodoulian avait posté sur les réseaux sociaux, 24 heures avant le drame, cette photo où elle semblait courir ? Ce monde ne la méritait-il pas, pour qu’elle parte si tôt au pays des belles âmes comme elle ? Gaïa Fodoulian a laissé des parents et des ami(e)s abasourdis, atterrés, qui ne réalisent pas jusqu’à présent que cette amoureuse de la vie, du beau, de l’art et des autres n’est plus de ce monde.

Son amour pour le Liban

Elle était retournée au Liban après l’avoir quitté à l’âge de 18 ans pour étudier à l’Atelier Hermès à Genève, de 2010 à 2013, puis à Milan pour préparer une maîtrise à l’Institut Marangoni sur le design des produits. « Elle ne voulait pas rester en Europe, Gaïa était une personne très chaleureuse et aimait vivre entourée de la famille, confie sa mère, Annie Vartivarian. On me reprochait d’ailleurs d’être trop maternelle avec mes enfants. Je m’en suis rendu compte après les avoir nommées : Gaïa porte le nom de la déesse Terre et Mariana, sa sœur, celui de la mère de l’humanité. »

Lire aussi

La communauté créative de Beyrouth touchée au cœur

La jeune femme rejoint ainsi sa mère qui avait installé la Letitia Art Gallery à Hamra. « Une galerie d’art dans laquelle avait investi Mohammad el-Hamoud. Il avait insisté pour que Gaïa fasse partie de l’équipe. Il avait une grande confiance en elle, confie Annie Vartivarian. Elle savait parler aux artistes. » Les deux premières années de la galerie, la communication était confiée à l’agence Mirros pour la scène locale et à l’agence Pelham pour l’international. Puis Gaïa, qui avait alors 26 ans, s’en chargera à son tour, avec l’aide de son amie Stéphanie Ghougassian pour la coordination. Le propriétaire, réalisant quelques années plus tard que la galerie avait des difficultés, décide de ne s’intéresser qu’à l’art moderne. Lorsqu’en février 2019 la galerie n’est plus opérationnelle, Gaïa Fodoulian, ne pouvant rester inactive, décide de monter un projet de galerie virtuelle. L’artiste Hatem Imam s’occupe du branding, tandis que Gaïa Fodoulian se concentre sur le website. Le projet allait bientôt voir le jour et devait être lancé en octobre prochain. En parallèle à cette activité, Gaïa Fodoulian s’attelait à la préparation de sa propre ligne de design de meubles et d’objets en pièces uniques. « Si, sur le plan professionnel, elle était ordonnée et minutieuse et n’acceptait pas les “à peu près”, elle était dotée, sur le plan personnel, d’une sensibilité et d’un instinct uniques, indique sa maman. C’était une très belle âme, qui était capable de guérir les contractures physiques des autres par de simples manipulations manuelles et était attendrie par les cas d’animaux perdus, errants, sans refuges, qu’elle ramenait souvent à la maison. » Gaïa Fodoulian avait des projets plein la tête et des idées toujours constructives. Elle allait même participer à l’Arménie Art Fair, avec entre autres l’artiste Sirine Fattouh, et s’était inscrite à un atelier pour travailler le bois.

Sa présence auprès des proches et des bêtes

Mais la crise financière empirait et Gaïa s’est trouvée incapable de produire alors qu’elle avait déjà réalisé des prototypes. « Je commençais à percevoir un changement en elle, dit Annie Vartivarian. Ses rêves s’évaporaient les uns après les autres. Elle, qui était toujours enthousiaste, avait décidé de prendre un autre tournant dans sa vie. Elle était prête pour un changement », estime-t-elle en soupirant : « Si j’avais su qu’il était de cette nature-là ! » Et de reprendre après un court silence ému : « Pour mieux exécuter ses plans, elle voulait même partir avec son frère aux États-Unis. Mais le destin en a voulu autrement. » Ce jour-là, le 4 août au moment de l’explosion, Gaïa se trouve à la maison avec sa mère, travaillant sur le bois, au 8e étage d’un immeuble sur la colline d’Achrafieh. À la suite de la première explosion, elles se retrouvent toutes les deux dans le couloir. Lorsque retentit la seconde explosion, chacune part dans une direction. À peine remise du choc, Annie entend un cri. Un seul. Elle accourt vers la pièce où se trouve sa fille et la trouve étendue au sol, sans traces de blessures apparentes, mais un hématome sous les yeux de Gaïa attire son attention, pouvant être le signe d’une hémorragie cérébrale. La suite s’enchaîne très vite. Sa sœur, médecin vétérinaire, accourt depuis la rue Monnot à pied. La mère et la sœur tentent de lui prodiguer les premiers secours. Et puis elles se lancent dans une course vers les hôpitaux. Une longue course qui paraît comme une éternité pour les deux femmes. Ce n’est qu’en arrivant au troisième hôpital que Gaïa rend l’âme. Sa belle âme.

Lire aussi

Krystel el-Adem, la « joie de vivre » assassinée

« Elle avait encore beaucoup à faire, beaucoup à donner, des tas de sourires à distribuer et de belles idées à partager mais aussi des caresses aux bêtes blessées. C’était un ange sur terre », dit son amie Stéphanie Ghougassian, et elle est maintenant un ange dans les cieux, qui poursuivra son action de là où elle se trouve à présent. Elle raconte également que les deux jeunes collègues de la galerie étaient devenues par la suite de meilleures amies. « Gaïa avait adopté un chien, Sissi, qui m’a sauvé la vie le jour de l’explosion. » « Aujourd’hui, je préfère penser que Gaïa est toujours avec nous pour protéger ceux et celles qu’elle aime ainsi que les bêtes qu’elle comprenait comme personne. C’est pourquoi sa mère a décidé de poursuivre ses projets en sa mémoire et de produire les prototypes des objets qu’elle avait créés, pas en pièces uniques mais en séries limitées. Je me joindrai certainement à elle dans ce projet et nous créerons également, avec les fonds récoltés, une fondation pour les animaux sans abri. » Afin que le Liban se souvienne de Gaïa, qui a laissé son empreinte unique avant de quitter la terre.


Courait-elle vers son destin ou le fuyait-elle, quand Gaïa Fodoulian avait posté sur les réseaux sociaux, 24 heures avant le drame, cette photo où elle semblait courir ? Ce monde ne la méritait-il pas, pour qu’elle parte si tôt au pays des belles âmes comme elle ? Gaïa Fodoulian a laissé des parents et des ami(e)s abasourdis, atterrés, qui ne réalisent pas jusqu’à présent que...

commentaires (2)

Les jeunes meurent à cause de ces épaves qui nous gouvernent. Allah Yirhamik Gaïa et qu'il veille sur tout ceux qui ont perdus leurs vies ou leurs santés ou leurs travaux à cause des mécréants qui tiennent le pouvoir au Liban par la force.

Wlek Sanferlou

17 h 56, le 20 août 2020

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Les jeunes meurent à cause de ces épaves qui nous gouvernent. Allah Yirhamik Gaïa et qu'il veille sur tout ceux qui ont perdus leurs vies ou leurs santés ou leurs travaux à cause des mécréants qui tiennent le pouvoir au Liban par la force.

    Wlek Sanferlou

    17 h 56, le 20 août 2020

  • faites PAYER les responsables ,demander des DOMMAGES et INTERETS a l'état !!!!!!!si tout le monde fait ça ,croyez moi ,la justice au Liban reviendra!!!!!! cela ne vous rendra pas votre aimée mais vous permettra un peu de calme après la colère!J.P

    Petmezakis Jacqueline

    11 h 03, le 20 août 2020

Retour en haut