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Politique - Liban-France

Macron : Il y aura un avant et un après 4 août

Venu « engager un dialogue de vérité », le chef de l’État français sera de retour à Beyrouth le 1er septembre.

Macron : Il y aura un avant et un après 4 août

Le président français reçu à Baabda par le président Aoun. Photo Dalati et Nohra

« Parce que c’est le Liban, parce que c’est la France. » C’est en transposant sur les rapports entre le Liban et la France la phrase sur l’amitié qui liait Montaigne à La Boétie que le président français Emmanuel Macron a entamé sa visite au Liban. Ces mots ont donné le ton à son voyage-éclair de quelque 8 heures dont le mot-clé était certes l’amitié, mais une amitié qui au fil des heures s’enrichissait de nouvelles et loyales exigences.

La visite du chef de l’Élysée l’a conduit d’abord sur le site dévasté du port de Beyrouth, aux pieds des silos à blé éventrés et de l’énorme cratère creusé par l’explosion monstre de mardi, puis dans les rues sinistrées de Gemmayzé où l’attendait un surprenant bain de foule et déchirants appels à l’aide. Le « dialogue de vérité » qu’à sa descente d’avion, accueilli par le président Aoun, il a dit vouloir engager en venant au Liban lui a permis dans l’après-midi de proposer aux trois présidents et aux chefs de groupes parlementaires, qu’il a rencontrés à la Résidence des Pins, un « nouveau pacte politique ». C’est ainsi que le président Macron a réussi là où le chef de l’État avait échoué, il y a quelques semaines, asseyant Gebran Bassil à sa droite et Samir Geagea à sa gauche, installant côte à côte Saad Hariri et Mohammad Raad, Walid Joumblatt et Ibrahim Azar (Amal), Samy Gemayel et Sleimane Frangié ; une séance de travail et d’écoute qu’il a complétée en se réunissant, juste après, avec les représentants de la société civile.

Accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et de l’ambassadeur Bruno Foucher, Emmanuel Macron s’était, après sa visite en ville, rendu au palais présidentiel où il avait eu un entretien bilatéral avec le président Michel Aoun, auquel s’étaient joints le président de la Chambre Nabih Berry et le chef du gouvernement Hassane Diab.

Les remerciements de Aoun
Michel Aoun en avait profité pour remercier son homologue français pour l’aide médicale et humanitaire, envoyée rapidement par la France, et exprimer sa gratitude pour la solidarité française face aux nombreuses crises auxquelles le Liban est confronté en ce moment, allant du nombre écrasant des déplacés syriens, la crise économique et financière, jusqu’à la pandémie de Covid-19. Sans oublier l’aide octroyée aux écoles francophones et le rôle principal joué par Paris dans l’organisation de la Conférence de Paris (CEDRE-2018).

Le président Aoun a réaffirmé tout spécialement sa volonté de faire toute la lumière sur les causes de « la catastrophe criminelle » du 4 août, précisant que sanctionner les responsables est aujourd’hui « sa priorité absolue ». Enfin, le chef de l’État a renouvelé son engagement à entamer les réformes politiques, économiques et financières indispensables pour permettre au Liban de sortir de cette crise en coopération avec la communauté internationale, et d’abord la France.

Emmanuel Macron effectuant une tournée sur le site de l’explosion, en compagnie de membres de sa délégation et de responsables libanais. Photo Dalati et Nohra

Conférence de presse
Le président Macron a conclu ce moment diplomatique particulièrement fort de son quinquennat par une conférence de presse ponctuée d’une série de camouflets au pouvoir libanais. Il a ainsi affirmé avec force « qu’il y aura un avant et un après 4 août », et s’est déclaré en faveur d’une « enquête internationale ouverte, transparente, claire et indépendante » au sujet de l’effroyable explosion qui a dévasté le port de Beyrouth. Il s’est dit confiant dans la « capacité de rebond » des Libanais, affirmant avec force que l’explosion du port était « un coup de tonnerre sur le pente du désespoir (…), le résultat de ce à quoi a conduit ce dont on ne s’est pas soucié ».

L'édito d'Elie Fayad

Assistance à peuple en péril

Provoquée mardi par un incendie dans un entrepôt du port, où étaient stockées depuis 2014 quelque 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, l’énorme déflagration a fait au moins 149 morts et 5 000 blessés, sans oublier les dizaines de disparus et les centaines de milliers de sans-abri. Comparée à un « séisme », elle a détruit des quartiers entiers proches du port et endommagé d’autres à plusieurs km à la ronde, sachant que des points d’ombre entourent cette tragédie, où les responsabilités premières sont en train d’être dégagées (voir encadré).

Dans sa conférence de presse, le président Macron a alterné promesses d’aide et remarques de fond, s’engageant et engageant la France à rester constamment aux côtés du Liban. C’est ainsi qu’il a annoncé son retour à Beyrouth le 1er septembre « pour faire un point d’étape ensemble » et annoncé que la France organiserait dans les tout prochains jours, pour faire face à la catastrophe, « une conférence internationale de soutien » aux Libanais, afin de mobiliser « des financements internationaux, des Européens, des Américains, de tous les pays de la région et au-delà (...) ».

« Le temps des responsabilités »
En ce qui concerne les aides à court terme, les aides d’urgence, M. Macron a annoncé l’arrivée jeudi prochain au Liban du porte-hélicoptères amphibie Tonnerre qui apportera médicaments, soignants et matériel. « Nous mettrons aussi en place une gouvernance claire et transparente pour que l’ensemble de cette aide (...) soit directement acheminée aux populations, aux ONG, aux équipes sur le terrain qui en ont besoin, sans qu’aucune opacité, aucun détournement ne soit possible. Les Nations unies et la Banque mondiale joueront un rôle essentiel en la matière », a-t-il aussitôt martelé.

En ce qui concerne les aides à long terme, le président a rappelé, comme M. Le Drian avant lui, qu’elles sont assorties d’exigences de réformes, qualifiées de « cruciales » par Emmanuel Macron.

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« C’est le temps des responsabilités pour le Liban et ses dirigeants », a-t-il ajouté. « Il faut rebâtir la confiance (...) mais elle suppose une refondation d’un ordre politique nouveau » et de « profonds changements ». Assurant avoir engagé avec ses interlocuteurs « un dialogue direct et franc », le chef de l’État français a assuré que cette aide de la France est assortie de conditions. Et de rappeler la responsabilité des dirigeants, s’ils tiennent à obtenir des aides internationales, à mener à terme l’audit de la BDL, la restructuration du secteur de l’énergie, la réforme des douanes et des marchés publics, ainsi que d’autres secteurs qui, a-t-il précisé, doivent échapper « à un système capturé par une corruption organisée ». « Les financements attendent les réformes, a-t-il redit avec force, on ne laissera pas les aides aller à la corruption (…). Nous ne sommes pas là pour donner des chèques en blanc à des responsables qui n’ont plus la confiance du peuple. »

Avec ses interlocuteurs, et en particulier avec les journalistes contestant la légitimité de la classe politique au pouvoir, le président français a réaffirmé qu’il ne lui appartenait pas de dire qui est légitime et qui ne l’est pas et qu’il ne pouvait se substituer aux Libanais, qui doivent eux-mêmes écrire leur histoire, sachant que la France sera toujours à leurs côtés.

Emmanuel Macron a conclu sa conférence de presse sur la même note sentimentale que celle par laquelle il avait entamé sa visite. Dans les épreuves que vous vivez, face au terrorisme et à l’obscurantisme, a-t-il affirmé en substance, « n’oubliez pas qu’il y a dans un coin d’Europe un peuple dont le cœur bat toujours au rythme du peuple de Beyrouth. Bhebbak ya Loubnan ! ».

« Parce que c’est le Liban, parce que c’est la France. » C’est en transposant sur les rapports entre le Liban et la France la phrase sur l’amitié qui liait Montaigne à La Boétie que le président français Emmanuel Macron a entamé sa visite au Liban. Ces mots ont donné le ton à son voyage-éclair de quelque 8 heures dont le mot-clé était certes l’amitié, mais une...
commentaires (14)

Oui, il y aura un avant et un après 4 Août car le moment est venu de dégager tous ces politiciens corrompus. La révolution est en marche et un nouveau GRAND LIBAN, 100 ans après, renaitra. Le peuple libanais est enfin prêt.

Achkar Carlos

18 h 45, le 07 août 2020

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Commentaires (14)

  • Oui, il y aura un avant et un après 4 Août car le moment est venu de dégager tous ces politiciens corrompus. La révolution est en marche et un nouveau GRAND LIBAN, 100 ans après, renaitra. Le peuple libanais est enfin prêt.

    Achkar Carlos

    18 h 45, le 07 août 2020

  • Son Exellence le President de la Republique Francaise portant le deuil a nos morts Libanais merci President, par contre les autres je ne sais leur niveau social de venir en cravates de couleurs c´est incroyable, mais il faut savoir que nous ne ferons jamais un Liban que j´ai connu avec la langue Arabe ni leur niveau est compatible.

    Azar Claude

    12 h 59, le 07 août 2020

  • Qu´elle distingtion de voir son Exellence Mr Macron President de Republique Francaise en cravate noire pour le respect de nos morts Libanais quand aux ( comment peut on les nommé ?) aucun respect c´est incroyable ,mais dela on reconnait le niveau

    Azar Claude

    12 h 18, le 07 août 2020

  • Merci Mr. Le Président! C’est vous aujourd’hui le Président du Liban. Vive la France ! Vive le Liban!

    Salamé Bassam

    11 h 13, le 07 août 2020

  • J’ai surtout entendu un message de M. Macron adresse au peuple libanais. BOUGEZ-VOUS, QU’ATTENDEZ-VOUS -VOUS POUR DESCENDRE DANS LA RUE RÉCLAMER VOS DROITS. LA FRANCE NE PEUT PAS ENVOYER DES FRANÇAIS MANIFESTER À VOTRE PLACE OU UN AUTRE PEUPLE. VOUS ÊTES RESPONSABLES DE VOTRE DESTIN. NOUS SOMMES DERRIÈRE VOUS ET VOUS NE RISQUEZ PLUS D’ÊTRE TABASSER PUISQUE LES ÉTATS AIDANTS N’ATTENDENT QUE ÇA POUR INTERVENIR LÉGALEMENT ET CHASSER TOUS CES POURRIS DE L’ÉCURIE, MAIS C’EST AU PEUPLE DE FAIRE LE PREMIER PAS ET DE MONTRER SON REFUS DE LA MAFIA QUI LES GOUVERNE ET LEUR SUCE LE SANG LES HUMILIE ET LES TUE SANS QUE LE PEUPLE NE SE MOBILISE POUR LEUR DIRE NON, STOP, TROP C’EST TROP.

    Sissi zayyat

    11 h 02, le 07 août 2020

  • Vu la mine des politiciens après la réunion avec le Président Macron, il semble qu’il les a copieusement engueulés. Chacun a du en prendre plein la gueule alors que certains se prennent pour des demi dieux (demi vu leur taille...) .

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 07, le 07 août 2020

  • FAUT LES DEGAGER DE BONGRE... SINON... DE MALGRE ! PLUS D,AUTRE ALTERNATIVE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 43, le 07 août 2020

  • Bravo Macron! On sent non seulement une France, la grande Soeur , au chevet du Liban, mais également un super-manager, qui a eetroussé les manches, et qui en pris en main, directement le dossier-Liban. Ainsi , non seulement , a-t-il posé sur la table , une feuille de route bien précise , pour un nouvel ordre politique, mais il a précisé, qu’il serait de retour le 1er Septembre pour dresser un bilan des exigences posées par la France et la communauté internationale derrière. Ainsi: aide humanitaire DIRECTE aux libanais , à travers des ONG , et autres organismes internationaux,. Il s’agit d’un camouflet et d’un avertissement lancé à la classe politique libanaise , mise à l’écart du processus d’aide. Enquête Internationale relative aux causes et circonstances de l’explosion Audit criminel des comptes des banques ainsi que de la banque centrale Réformes des dossiers-gouffres de l’électricité et de l’énergie. Etc... Et il reviendra demander des comptes , le premier septembre, assénant: si rien n’a été fait, JE prendrais mes responsabilités. De quelles responsabilités s’agit-il ? Gel des avoirs par l’Europe de toute la classe politique ? Désignation par toute l’Europe du Hezbollah comme organisation terroriste? Les Journalistes français ont rapporté que certains participants politique à la réunion, sont sortis livides! Ils n’ont pas du entendre des propos, qui leur ont fait semble-t-il très plaisir....

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 09, le 07 août 2020

  • le miracle attendu serait de voir tout ce beau monde, les "kelloun" en question sensibilises par les remontrances de M. Macron. Faut un Miracle pour cela ? qui veut faire un pari ? que leur suffisance ( j;evite de citer la liste d'adjectifs l'un plus vomitif que l'autre ) est une armure a toute epreuve ? que seul le risque de voir leurs interets propres en danger pourrait percer & leur donner a "reflechir" ? que le cas echeant leur "reflexion" se limiterait a revoir leur strategie dans le meme esprit qui leur est cher ?

    Gaby SIOUFI

    08 h 22, le 07 août 2020

  • Merci M. Macron! L'Histoire juge les hommes à l'aune d'un acte fort! De Gaulle et son appel à la résistance de Londres! Kennedy à Berlin! Chirac disant merde à l'aventure américaine en Irak ! Cela se passe rarement à domicile... Vous avez franchi premier pas! À présent commence le plus dur. Nettoyer les écuries d'Augias. À vous les lauriers de l'Histoire si vous réussissez à aider les Libanais à se réapproprier leur pays... Inch'allah!

    Rana Raouda TORIEL

    07 h 28, le 07 août 2020

  • Je me demande où sont tous ceux qui a la moindre occasion accusait Israël si une cacahouète était volé ... on les entend pas sincèrement j’ai essayé de chercher je les trouve pas

    Bery tus

    05 h 48, le 07 août 2020

  • ILS NE PARTENT PAS QUE PAR LA FORCE.....LES INSULTER, ÇA NE SERT À RIEN ILS SONT HABITUÉS....

    Gebran Eid

    04 h 23, le 07 août 2020

  • à un système capturé par une corruption organisée ». « Les financements attendent les réformes, a-t-il redit avec force, on ne laissera pas les aides aller à la corruption (…). Nous ne sommes pas là pour donner des chèques en blanc à des responsables qui n’ont plus la confiance du peuple. in challa

    youssef barada

    01 h 11, le 07 août 2020

  • AUX BONNES INTENTIONS IL FAUT DE LA BONNE RECEPTION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 45, le 07 août 2020

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