
Les secouristes devant le bâtiment de l'Electricité du Liban, mardi soir, après la double explosion au port de beyrouth. Photo Joao Sousa
Selon une source à EDL, l’établissement public fonctionne sans réelle direction. Le directeur de l’établissement public, Kamal Hayek a été hospitalisé après que le faux plafond des locaux s'est effondré sur lui. La responsable de la communication, Marie Tawk, a succombé au souffle de l’explosion qui a détruit les locaux de l’établissement public à Beyrouth.
"L'énorme explosion de hier a provoqué la destruction totale du bâtiment central d'EDL", a déclaré, à la mi journée, le ministre de l'Energie, Raymond Ghajar. Il a souligné que le centre de commande du réseau électrique est "complètement hors d'usage".
Dans ce contexte, beaucoup de Beyrouthins n’ont pu compter que sur les générateurs privés, le réseau ayant été endommagé ou détruit par l’onde de choc à de nombreux niveaux. "Les infrastructures ont été plutôt épargnées, mais c’est tout le bâtiment d’EDL qui est détruit. On déplore deux décès et plus d’une dizaine de blessés", raconte un employé sous couvert d’anonymat. Il précise que les fonctionnaires d’EDL s’occupent de faire un état des lieux des dégâts sur les unités de production leurs annexes, tandis que les prestataires de services privé (KVA, en ce qui concerne Beyrouth) doivent gérer les pannes sur le réseau de distribution.
En dehors de Beyrouth, à travers le Liban, l'approvisionnement en électricité a plus ou moins tenu le coup, du moins dans les zones où le réseau n’a pas été endommagé ou détruit par la double explosion de mardi. Et ce alors que les Libanais subissaient déjà, depuis des semaines, un important rationnement principalement lié à des problèmes d’approvisionnement en carburant destiné aux centrales d’EDL.
Au niveau du fonctionnement des centrales, la source à EDL assure que les niveaux de production ont été augmentés au "maximum possible" de façon à garantir de l’électricité au maximum de foyers. Un navire de carburant a fini d’être déchargé hier, soit plus de 30 000 tonnes de fuel-oil de "grade B", destiné aux deux navires-centrales opérés par Karadeniz Orhan Bey à Jiyé (Chouf) et Fatmagül Sultan à Zouk (Keserouan) ainsi qu’aux unités de production les plus récentes (Reciprocicating Engines) d’EDL sur les deux mêmes sites (a priori plus de 30 000 tonnes). Les autres centrales et unités de production (Zouk, Jiyé, Zahrani dans le Sud et Deir Ammar dans le Nord) consomment une autre catégorie de fuel-oil, de "grade A". Il n’y a pour l‘instant pas d’estimation sur les nombre de mégawatts effectivement employés.
La source assure en outre qu’il n’ y a pas de risque à court terme de coupure en raison du carburant pour le moment, mais pas encore de calendrier précis pour l’arrivage d’éventuelles cargaisons que des pays ont décidé d’envoyer pour aider le pays. L’Irak a notamment promis de fournir 100 000 tonnes de carburant, entre autres annonces.
En revanche, le risque actuel de coupure est lié à la destruction du centre de contrôle du réseau électrique national, qui est situé au 9e étage du siège d’Electricité du Liban à Beyrouth, situé juste en face de la zone portuaire. "Nous somme en train de coordonner le fonctionnement des centrales à l’ancienne, au téléphone, comme cela se faisait il y a des dizaines d’années. Il y a un risque de dysfonctionnement du réseau en raison du déséquilibre entre la production et la consommation sur le réseau, comme cela avait été le cas fin juillet. Pour l’instant, ça tient", commente la source.
Avec environ 2 000 MW pouvant être déployés en temps normal, EDL ne produit pas assez de courant pour satisfaire une demande dont les pics de consommation dépassent facilement la barre des 3 000 MW.
En termes d’infrastructures, l’autre préoccupation concerne le réseau de téléphonie mobile Touch, dont le bâtiment était également situé dans les zones les plus exposées aux déflagrations. Le site web de l’opérateur mobile était hors ligne mercredi matin, tout comme son centre d’appel ainsi que certaines fonctionnalités de gestion des lignes (recharge data, notamment).
La facade de ce bâtiment était déjà dans un état de délabrement avancé et reflétait celui de l'institution elle-même...
07 h 09, le 06 août 2020