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Société - Témoignages

"Un cyclone a traversé la maison" : dans Beyrouth sinistré, des habitants témoignent

"On est en train de tourner en rond dans la maison, parce qu'on ne sait pas par où commencer", déplore une Beyrouthine. 

Une rue dans le quartier de Mar Mikhael, mercredi à Beyrouth, au lendemain de la double explosion dans le port de Beyrouth. AFP / PATRICK BAZ

"C'est comme si un cyclone avait traversé la maison". Rentrée chez elle mardi soir, plusieurs heures après les deux explosions qui ont sinistré Beyrouth mardi soir, Rana manque de mots pour parler de l'état dans lequel elle a retrouvé sa maison, située à Achrafiyé.

"Je ne m'attendais franchement pas à ce qu'il y ait autant de dégâts", lâche-t-elle, alors que chez elle, toutes les portes et fenêtres ont "implosé". "Nous n'avons même plus de châssis de porte ou de fenêtre", les meubles sont sans dessus dessous et "même les murs" ont été lézardés, troués même par endroits. Au lendemain de la double explosion au port de Beyrouth qui a sinistré de nombreux quartiers de la capitale et fait plus de cent morts et 5.000 blessés, selon le dernier décompte de la Croix Rouge libanaise, Rana et sa sœur ne savent plus où donner de la tête. "On est en train de tourner en rond dans la maison, parce qu'on ne sait pas par où commencer". Elle réfléchit puis se reprend : "La priorité, probablement, c'est de fermer les fenêtres, surtout celles qui donnent sur le jardin".

Elle compare ensuite le souffle de l'explosion avec l'attaque à la bombe qui avait ciblé le centre commercial ABC, à côté duquel elle vit, en 2007. "La charge avait été placée juste en face de chez nous mais, malgré tout, nous avions eu moins de dégâts, ce n'est pas comparable", souligne-t-elle. 

Devant l’immeuble d'an-Nahar, dans le centre-ville de Beyrouth, un agent de sécurité regarde le bâtiment, les larmes aux yeux. "Je suis arrivé ce matin, et je découvre l'ampleur des dégâts", dit-il. "Je ne sais pas quoi dire, l’immeuble est dévasté. Il y a 16 blessés ici".

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"Les vitres sont toutes brisées, une seule, dans tout l’appartement, n’a pas été brisée, à l’arrière de la maison. Les volets sont soit sortis de leurs gonds, soit ont été brisés. La porte d’entrée est partiellement sortie de ses gonds. Mon lit s’est effondré sous le poids de la vitre qui lui est tombée dessus", explique Maya, une jeune Libanaise qui vit chez ses parents à Sodeco, dans le quartier d’Achrafieh. Dans un Liban en butte à une sévère crise économique et financière, marquée par des restrictions bancaires et une dépréciation violent de la livre, sa famille redoute le coût des travaux de réparation. "Pour le moment, nous avons décidé de ne pas réparer les vitres. Nous allons mettre des cartons. Mais la porte d’entrée, c’est urgent. Ma sœur a appelé quelqu’un ce matin pour réparer la porte, mais cette personne ne savait même pas ce qu’il lui reste dans sa boutique, s’il a encore du bois, des outils, et il n’a pas pu nous donner un prix...", dit-elle encore.

Si tout Beyrouth est dévasté, le quartier de Mar Mikhael est l'un des plus touchés. Devant le siège d'Electricité du Liban, dans ce quartier, un homme balaie les débris sur le trottoir. Son bras est bandé. "Je suis encore sous le choc. Je n'arrive pas à parler. J'étais sur on balcon quand l'explosion a eu lieu. J'ai failli mourir. une de mes voisines est opérée en ce moment même", lâche-t-il, les larmes aux yeux. Dans l'air flotte une odeur lourde, difficilement identifiable.

A quelques mètres de là, Joseph Toubaji est en larmes. "Nous sommes sans abri maintenant. De la maison qu'avait construite mon grand-père au XIXe siècle, il ne reste rien", dit-il. "Mais ce n'est pas le pire, ma sœur et ma cousine ont été blessées. Hier soir, ma cousine a été soignée à même le sol de l'hôpital. C'est affreux".

Dans ce quartier de Beyrouth, les bars sont nombreux. En raison du reconfinement, qui avait été décidé par les autorités, ces établissements étaient fermés mardi. ce qui a indubitablement sauvé des vies. "Heureusement que nous étions fermés en raison du reconfinement. Nos ventilateurs ont été pulvérisés. Ils auraient pu tuer quelqu'un. Une de nos amis, qui travaille ici normalement, a été blessée. Elle a reçu un coup à la tête. Elle a été évacuée par la Croix Rouge, mardi soir", explique un employé, qui dégage les débris. Il ajoute : "Mais depuis, nous n'avons plus de nouvelles". Dans le quartier, des gens venus d’autres zones de Beyrouth affluent. Ils sont là pour proposer leur aide.

Dans secteur parallèle à la rue Pasteur, non loin de Gemmayzé, un quartier également lourdement endommagé, Jamal, la cinquantaine, peine à contenir sa colère. Sa maison et sa voiture sont endommagées. Elle a trois garçons et rêve aujourd'hui qu'ils quittent le Liban. "J'appelle la communauté internationale à nous sauver des gens qui dirigent ce pays. J'appelle tous les diplomates à nous sauver de ces gens qui nous dirigent", lance-t-elle.

Rue Huvelin, la propriétaire d’un bar éclate en sanglots. "Beyrouth n’est plus, Beyrouth n’est plus", répète-t-elle comme un automate. "Même durant la guerre, je n’ai pas vu autant de destruction", ajoute-t-elle.

"C'est comme si un cyclone avait traversé la maison". Rentrée chez elle mardi soir, plusieurs heures après les deux explosions qui ont sinistré Beyrouth mardi soir, Rana manque de mots pour parler de l'état dans lequel elle a retrouvé sa maison, située à Achrafiyé. "Je ne m'attendais franchement pas à ce qu'il y ait autant de dégâts", lâche-t-elle, alors que chez elle, toutes les...

commentaires (3)

Les potences doivent immédiatement être dressées Place des Martyrs

Lecteur excédé par la censure

12 h 22, le 05 août 2020

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Commentaires (3)

  • Les potences doivent immédiatement être dressées Place des Martyrs

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 22, le 05 août 2020

  • si la communauté internationale ne s'engage pas au Liban ,c'est est fini de notre petit pays ;J.P

    Petmezakis Jacqueline

    11 h 33, le 05 août 2020

  • ON NE TROUVE PAS LES MOTS POUR EXPRIMER LA DOULEUR ET LA REVOLTE. MAIS ON CONNAIT QUI SONT LES RESPONSABLES. TOUJOURS LES MEMES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 09, le 05 août 2020

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