Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a qualifié mardi soir de "grande catastrophe nationale" les deux puissantes explosions qui ont ravagé le secteur du port de Beyrouth, faisant au moins 73 morts et plus de 3.700 blessés selon un bilan préliminaire du ministre de la Santé. Dans une allocution télévisée, le chef du gouvernement a promis que "toutes les vérités seront dévoilées" et que "les responsables devront rendre des comptes".
"Beyrouth est endeuillée, et c'est tout le Liban qui est sinistré. Les images montrent l'ampleur des dégâts. C'est une grande catastrophe nationale. ", a dit M. Diab. "Seules l'unité nationale et la solidarité peuvent nous permettre de surmonter cette catastrophe", a-t-il ajouté. Plus tôt dans la soirée, le Premier ministre avait annoncé une journée de deuil national le mercredi 5 août, en hommage aux victimes.
"Ce qui s'est passé aujourd'hui ne passera pas sans que des comptes soient rendus. Les responsables de cette catastrophe devront payer le prix. Une enquête sera ouverte et toutes les vérités seront dévoilées", a assuré le Premier ministre. "Je lance un appel urgent à tous les pays amis et les pays frères qui aiment le Liban à se tenir à ses côtés et à nous aider à panser nos plaies profondes", a aussi déclaré le Premier ministre.
Les causes des explosions qui ont fait trembler toute la capitale libanaise sont encore indéterminées, mais le ministre de l'Intérieur Mohammad Fahmi, en tournée sur le site, a évoqué des matières explosives stockées dans le port, confirmant les propos du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui avait parlé de "matières explosives confisquées depuis des années". Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire par intérim, le juge Fadi Akiki, a chargé les forces de sécurité de mener les enquêtes nécessaires afin de compiler les informations sur cette double explosion. De son côté, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a demandé que le nécessaire soit fait en termes d'enquête pour déterminer les responsabilités de chacun dans cette catastrophe.
Beyrouth "ville sinistrée"
L'allocution de M. Diab est intervenue avant une réunion urgente du Conseil supérieur de défense qui a déclaré Beyrouth "ville sinistrée". Il a également recommandé au gouvernement, qui se réunira exceptionnellement demain mercredi au palais de Baabda, de décréter l'état d'urgence à Beyrouth et de former une commission d'enquête qui devra remettre son rapport dans cinq jours. Dans la foulée, le président Michel Aoun a annoncé la formation d'une cellule de crise pour faire le suivi.
"Une grande catastrophe s'est abattue sur le Liban", a déclaré le président Aoun lors de ce Conseil, insistant sur la nécessité d'enquêter sur ce qui s'est passé et de déterminer les responsabilités de tous, d'autant que des rapports ont montré la présence de matières inflammables et explosives dans un entrepôt au port de Beyrouth qui a été secoué par les explosions.
Environ 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium
Par ailleurs, le directeur de la Sûreté générale a confirmé que ce sont plus de 2.700 tonnes de nitrate d'ammonium - un produit qui entre dans la composition de certains engrais mais aussi d'explosifs - entreposées dans le port et qui devaient être acheminées en Afrique qui ont explosé. Selon des informations de sécurité préliminaires citées par la chaîne locale LBCI, l'ammonium aurait explosé lors de la soudure d'une petite brèche pour éviter les vols.
"Il est inacceptable qu'une cargaison d'environ 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium ait été stockée pendant six ans dans un entrepôt sans que des mesures de prévention et de sécurité aient été prises", a déploré le Premier ministre, Hassane Diab. Sur le compte Twitter de la présidence, Michel Aoun a lui aussi considéré qu'il était "inacceptable" qu'une telle quantité d'un tel produit ait pu être entreposé depuis six ans dans le bâtiment. M. Aoun a en outre demandé aux forces armées de "traiter les répercussions des explosions et d'entreprendre des patrouilles dans les quartiers touchés de la capitale et des banlieues pour préserver la sécurité". Il a aussi demandé que les blessés soient soignés aux frais du ministère de la Santé, et que des abris soient mis à la disposition des familles déplacées en raison des dommages gigantesques dans leurs habitations.
De son côté, le ministre de l'Economie, Raoul Nehmé, a indiqué que le blé entreposé dans les silos situés tout près de l'entrepôt qui a explosé était devenu impropre à la consommation et que de la farine devra être importée pour consommer la perte.
"Ce qui s'est passé aujourd'hui est plus grand que ce que peut supporter le Liban. Cette catastrophe est un défi pour l'Etat et une véritable tragédie", a déclaré de son côté le ministre de la Santé, Hamad Hassan, appelant à décréter l'état d'urgence sanitaire.
Le Hezbollah a pour sa part affirmé que la "tragédie" exigeait de l'ensemble des Libanais "unité et solidarité". "Cette douloureuse tragédie et ses dommages sans précédents, ainsi que ses répercussions humanitaire, sanitaire, sociale et économique exigent de l'ensemble des Libanais, des forces politiques et des acteurs du pays solidarité et unité et de travailler ensemble pour surmonter cette épreuve difficile et affronter les difficultés et les défis", rapporte un communiqué publié par le part chiite. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annulé son allocution qui était prévue mercredi.
(("tragédie" exigeait de l'ensemble des Libanais "unité et solidarité"))................ Ce sont des propos de circonstance, car qui peut le nier, nous sommes toujours et de tout temps "unis et solidaires" même dans le malheur. Mais l'heure est à la douleur et qu'on n'accable personne. Condoléances.
05 h 39, le 05 août 2020