La bataille se poursuit entre les défenseurs de l’environnement et les autorités à Bisri. Des dizaines de militants, qui rejettent la construction d’un barrage controversé dans la région, ont entamé samedi un sit-in ouvert dans la plaine de Bisri, située entre le Chouf et Jezzine. Certains campaient même sur place depuis plusieurs jours et comptent assurer une présence permanente sur le terrain. L’entrepreneur chargé du projet devrait reprendre les travaux avant le mercredi 22 juillet, délai imposé par la Banque mondiale (BM) qui finance le projet, selon le ministre de l’Énergie Raymond Ghajar.
Lors d’une conférence de presse musclée hier, le député du Chouf et vice-président des Forces libanaises Georges Adwan a ouvertement pris position en faveur des écologistes et dit non à l’édification de ce barrage, affirmant que plusieurs députés de la région allaient signer une pétition allant dans ce sens. Des déclarations significatives face à ce projet porté par le Courant patriotique libre, d’autant plus que M. Adwan s’est rendu sur place. « Nous devons mettre un terme aux violations, et nous sommes là, en compagnie de tous les représentants des villages concernés, pour dire à ceux qui financent le projet que ce barrage est rejeté. La construction ne se poursuivra pas. Nous allons empêcher cela », a affirmé Georges Adwan, lors d’une conférence de presse sur le parvis d’une église de Bisri. « L’eau qu’ils veulent acheminer à Beyrouth provient du lac de Qaraoun, et le président de l’Office des eaux du Litani a affirmé que ce lac est pollué et ne peut être réhabilité avant sept ans », a en outre mis en garde le député FL. Conçu pour alimenter Beyrouth en eau, le barrage est financé en grande partie par un prêt de la Banque mondiale et doit être exécuté par le Conseil du développement et de la reconstruction. La société civile, les municipalités de la région, le Parti socialiste progressiste et les FL s’y opposent pour plusieurs raisons. D’abord, il menace la biodiversité et le riche patrimoine de cette vallée, et peut constituer un danger car il se situe sur une faille sismique. De plus, la nature du terrain, riche par ailleurs en eau souterraine, n’est pas propice au stockage d’eau.
« Vous avez construit des barrages, et cela a coûté environ un milliard de dollars. Mais la politique des barrages a-t-elle servi à quelque chose ? Vous ne voulez pas acheminer l’eau à la population, vous voulez uniquement acheminer l’argent dans vos poches », a poursuivi M. Adwan à l’adresse des défenseurs du projet.
« Unis face à l’entrepreneur »
Paul Abi Rached, directeur de l’association Terre-Liban et du Mouvement écologique libanais, s’est dit pour sa part « optimiste » quant à la préservation du site. « La situation est différente maintenant et elle est en notre faveur. La majorité des municipalités de la région nous soutiennent dans la défense de la plaine de Bisri. Nous sommes unis pour faire face à l’entrepreneur, si jamais il tente de reprendre les travaux. Deux grands partis sont à nos côtés, le PSP et le FL », s’est félicité M. Abi Rached, qui a également appelé à la transformation de Bisri en réserve naturelle. « Nous avons vu l’échec des barrages de Msailha ou de Qaraoun, a indiqué pour sa part Samer Khoury, militant écologiste qui campe à Bisri depuis plusieurs jours avec des dizaines d’autres personnes. Si ceux qui soutiennent la construction du barrage viennent passer quelques jours ici, ils changeront sans doute d’avis. » Selon M. Khoury, la plaine connaît un mouvement de va-et-vient continu de campeurs qui viennent pour admirer la beauté du paysage, notamment durant le week-end. Des activistes opposés au projet s’étaient rassemblés lundi dernier à Bisri et certains s’étaient symboliquement attachés aux arbres sur le site.
Contacté par L’Orient-Le Jour, le député Marwan Hamadé (Chouf), président de la commission de l’Environnement, a assuré pour sa part que le barrage ne sera pas érigé. « Ce projet ne passera pas. Je suis catégorique », a-t-il déclaré. « Le PSP a déjà présenté une proposition de loi allant dans ce sens et nous comptons la faire avaliser bientôt », a ajouté M. Hamadé. Cette proposition de loi prône l’abandon total du projet, la transformation de la région en réserve naturelle et la réaffectation des fonds de la BM à d’autres projets de développement. « Je vois mal les travaux reprendre par la force et sous la protection de l’armée, car il ne s’agit pas uniquement de les reprendre mais de les poursuivre », a encore dit M. Hamadé.
Bilal Abdallah, député PSP du Chouf, est également formel quant à la nécessité d’abandonner les travaux à Bisri. « Le gouvernement insiste pour poursuivre ce projet, mais il faut qu’il réexamine ce dossier. L’argent de la BM aurait pu être utilisé dans la lutte contre le Covid-19, mais les autorités ont refusé », a-t-il confié à L’OLJ. « Nous conseillons au gouvernement de ne pas tenter d’imposer ce projet par la force aux habitants de la région », a encore dit le député.
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QU,ILS S,IMPLIQUENT A FOND AUX PROPOSITIONS DU PATRIARCHE POUR SAUVER AVANT TOUT L,ELEMENT CHRETIEN DU PAYS ET PUIS LES SUNNITES ET LES DRUZES ET AUTRES CPMMUNAUTES CAD TOUS LES LIBANAIS.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 58, le 20 juillet 2020