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Nos Lecteurs ont la Parole

Pourquoi donc sous-estimer les femmes ?

Adam fut créé avant Ève d’une petite journée ; pourquoi veut-on lui donner la suprématie de tout ? On dirait que c’est seulement durant ces derniers temps modernes que la sociologie les découvre et parle de la femme... On la prend à chaque moment pour cible. On disserte sur leur cas dans la presse et dans certaines émissions télévisées intitulées : « La féminité est-elle dans une impasse ? » ou bien : « Où va la femme ? » ou bien encore : « La femme veut-elle égaler l’homme ? » Toutes ces marques d’attention sont très flatteuses, on le veut bien. Mais il est quand même grand temps que nous leur donnions l’importance à laquelle elles ont droit et à la parole pour poser des questions.

La civilisation subit actuellement une crise, mais s’est-il jamais présenté une femme pour faire entendre aux hommes que tous leurs comités, toutes leurs organisations, leurs banquets et leurs conférences de presse n’étaient-ils pas un moyen pour leur accorder attention, considération et crédit ?

Nous, les hommes, avons-nous réussi à concilier notre vie de famille avec les exigences de notre profession ? La plupart d’entre nous sont mariés et exercent un métier. Dans quelle mesure remplissons-nous ce double rôle ? Dans quelle mesure allons-nous nous montrer à la hauteur de notre tâche ? Et y trouvons-nous le bonheur ? C’est difficile à dire, parce que la plupart d’entre nous ne se rendent absolument pas compte que ce rôle est double.

Il ne nous vient jamais à l’esprit que l’on pourrait nous demander de posséder des qualités qui ne soient pas exclusivement professionnelles. On trouve tout naturel qu’un homme qui travaille néglige ses enfants, ne se soucie que fort peu de son épouse, lise le journal, se brosse les dents et va dormir paisiblement après avoir éteint la télévision. Nul ne trouve à critiquer quand il déclare à sa femme : « Tu ne vois donc pas que je suis fatigué ? » Tout le monde sait qu’un homme serait parfaitement incapable de concilier ses obligations professionnelles et ses obligations d’époux, à quelques exceptions près.

Sommes-nous continuellement sous l’effet du stress ou au bord de la névrose ? L’histoire ancienne et moderne abonde en exemples d’hommes dictateurs. Les femmes ont passé des siècles à tenter de s’élever au niveau des hommes sans résultats, nonobstant le fait que le quotient d’intelligence de la femme est égal à celui de l’homme.

Maintenant qu’elles commencent à rattraper le temps perdu, nous ne trouvons rien de mieux que de les accuser de perdre les pédales et d’en être arrivées là pour avoir étudié les beaux-arts ou pour avoir dilapidé trop d’argent.

À elles les voiles, les accouchements, les travaux du ménage, les repas cordon-bleu et ces questions du mari toujours les mêmes : « Où sont mes chemises ? » ou : « Qu’est-ce qu’il y a pour le dîner ? » ou aussi : « Les enfants ont tous bien fait leurs devoirs ? »

Vient ensuite la question de la culture. « Les femmes doivent-elles faire des études supérieures jusqu’au doctorat ou est-ce de l’argent gaspillé ? » Quand elles voient ce que tant d’hommes font de tout ce qu’ils ont appris, elles sont tentées de croire que leurs études à elles sont aussi utiles qu’un beau collier de valeur et des belles bagues.

Enfin, dès que l’on fait le portrait de l’homme du siècle, on se heurte forcément à cette énigme, devenue classique : pourquoi les hommes ne peuvent-ils se contenter de jouer simplement leur rôle d’hommes, de gagner l’argent du ménage, de prendre deux fois par jour leur trajet aller-retour, de rentrer le soir déposer sur les joues de leur femme un baiser et sur le front des enfants une bise. N’est-ce pas ce qu’il y a de plus beau au monde? Que demander de plus à la vie ?

Ou alors, est-ce que, par hasard, être tout simplement ce que l’on est ne constitue-t-il pas une occupation digne d’un adulte ? N’est-il intéressant d’être un homme ou une femme que dans la mesure où cela permet d’entretenir, suite à des comparaisons parallèles, un débat complaisant ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Adam fut créé avant Ève d’une petite journée ; pourquoi veut-on lui donner la suprématie de tout ? On dirait que c’est seulement durant ces derniers temps modernes que la sociologie les découvre et parle de la femme... On la prend à chaque moment pour cible. On disserte sur leur cas dans la presse et dans certaines émissions télévisées intitulées : « La...

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