
Raymond Ghajar à Baabda, le 11 juin 2020. Photo Dalati et Nohra
Le Conseil des ministres prévu aujourd’hui à Baabda sous la présidence du chef de l’État, Michel Aoun, devrait être une véritable épreuve pour l’équipe ministérielle de Hassane Diab, décriée par le mouvement de contestation, tandis que la communauté internationale ne cache plus sa déception de voir le Liban retarder le processus de réformes attendu par les bailleurs de fonds.
Le Conseil des ministres devrait en effet aborder l’épineuse question du secteur de l’électricité, reconnu comme l'une des principales sources de gaspillage et de corruption au Liban. D’où les appels à le réformer dans les plus brefs délais, en commençant par nommer les membres du conseil d’administration d’Électricité du Liban (EDL). Et c’est précisément à ce niveau que le gouvernement fait face à un test de crédibilité. Alors que Hassane Diab insiste pour présenter son cabinet comme une équipe issue du mouvement de contestation du 17 octobre, et formée de spécialistes « indépendants des protagonistes politiques », il devra donc prouver que les nominations auxquelles il va procéder se feront conformément aux seuls critères du mérite et de la compétence, loin de tout marchandage politique.
À ce sujet, le ministre de l’Énergie, Raymond Ghajar, précise à notre correspondante Hoda Chédid que depuis sa désignation à son poste, il a œuvré pour élaborer un mécanisme permettant à tous ceux qui le désirent de présenter leurs candidatures via le site web du ministère. « Parmi les 263 postulants, un comité formé de professeurs universitaires en a choisi 63, dont 18 seront présentés au Conseil des ministres parmi lesquels seront choisis les 6 membres du conseil d’administration », précise-t-il.
Si ces propos pouvaient démontrer l’attachement de M. Ghajar à un mécanisme clair de nominations, on précise de source informée que les membres du Conseil d’administration d’EDL ne sont pas des fonctionnaires cadrés au sein de l’administration publique. Leur nomination ne doit donc pas nécessairement obéir au mécanisme adopté en mai dernier par le Parlement...
Dans les milieux politiques, on redoute donc une probable adoption d’un train de nominations qui ne respectera que la logique de partage du gâteau, comme ce fut le cas lors des nominations financières il y a plus d’un mois. D’autant que c’est à l’issue d’un long entretien à Aïn el-Tiné entre le chef du Parlement, Nabih Berry, et le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, vendredi dernier, que la question des nominations au sein de l’EDL a été inscrite à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Dans les mêmes milieux, on estime que si le train des nominations attendu aujourd’hui s’avère être le reflet d’une entente entre MM. Berry et Bassil, le gouvernement aura raté une nouvelle opportunité de faire preuve d’indépendance par rapport aux protagonistes en présence.
Quoi qu’il en soit, les noms de candidats préselectionnés retenus ont circulé hier. À en croire les milieux politiques, il s’agirait de : Hussein Salloum, Alaa Makki, Ihab Farhat (chiites), Tarek Abdullah, Akram Hammoudi, Ahmad Khatib (sunnites), Gilbert Hajj, Wissam Yaacoub, Habib Srour (grecs-catholiques), Maurice Tomb, Karim Saba, Nicolas Nakhel (grecs-orthodoxes), Chakib Harb, Samer Slim, Malek Bou Ghannam (druzes) et Karam Eid, Nassib Nasr et Chadi Kreidi (maronites). Une source informée confie dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que le nom de M. Ghannam, candidat druze, aurait été « imposé » par « un parti politique du 8 Mars », une allusion au Parti démocrate libanais de Talal Arslane. Le conseil d’administration d’EDL compte six postes, qui iront à l’une des personnalités présélectionnées de chacune des six communautés citées. Selon notre correspondante Hoda Chédid, Kamal Hayek, actuel PDG de l’EDL, devrait en principe être maintenu à son poste.
Le directeur général des Finances
Outre la nomination des membres du conseil d’administration d’EDL, le gouvernement devrait évoquer l’amendement de la loi 462 (2002) régissant le secteur de l’électricité, afin de nommer une autorité de régulation, très attendue par la communauté internationale.
L’entente politique issue de la rencontre Berry-Bassil devrait également se faire sentir au niveau de la nomination du futur directeur des Finances, une semaine après la démission d’Alain Bifani, en poste depuis plus de 20 ans, lundi dernier. Celui qui appartenait également à l’équipe libanaise engagée dans les négociations avec le FMI manifestait ainsi son opposition aux obstacles dressés face au plan de redressement économique du gouvernement. De source informée, on indique que Carole Abi Khalil, directrice du budget au sein du ministère des Finances, et proche de César Abi Khalil, député aouniste de Aley, est donnée favorite pour ce poste. Mais des sources proches du ministre des Finances, Ghazi Wazni, indiquent à notre correspondante que si le Conseil des ministres approuve la démission de M. Bifani, la nomination de son successeur pourrait être reportée à la séance prévue jeudi.
Le Conseil des ministres prévu aujourd’hui à Baabda sous la présidence du chef de l’État, Michel Aoun, devrait être une véritable épreuve pour l’équipe ministérielle de Hassane Diab, décriée par le mouvement de contestation, tandis que la communauté internationale ne cache plus sa déception de voir le Liban retarder le processus de réformes attendu par les bailleurs de fonds....
commentaires (10)
1) tous ces ministres ne doivent pas être rémunérées 2) Révolution et foutre dehors tous ces Ali baba
Eleni Caridopoulou
20 h 37, le 07 juillet 2020