Désormais, entre l’administration américaine et le Hezbollah, c’est la confrontation directe. Depuis quelques mois, plusieurs responsables américains, à commencer par le secrétaire d’État Mike Pompeo, son adjoint David Schenker, et jusqu’à l’ambassadrice au Liban Dorothy Shea, se relaient pour attaquer la formation chiite et expliquer aux Libanais qu’elle est responsable de tous les malheurs qu’ils connaissent actuellement, de la crise financière et économique à l’institutionnalisation de la corruption et au manque de crédibilité de l’État, lequel décourage toutes les parties arabes et internationales de chercher à l’aider.
Depuis l’arrivée de la nouvelle ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, l’administration américaine semble ainsi avoir adopté une diplomatie plus offensive et plus claire. Dorothy Shea multiplie les apparitions dans les médias et exprime ses demandes et ses critiques. Il y a eu ainsi l’acquittement de Amer Fakhoury, à la demande expresse des responsables américains, ainsi que les prises de position de l’ambassade au sujet du mouvement de protestation populaire, surtout concernant les nominations financières, ainsi que concernant le sort du gouverneur de la Banque du Liban. Ce qui se discutait auparavant discrètement fait désormais l’objet de déclarations publiques dans le cadre de ce qu’on appelle « une diplomatie offensive de communication ». Même si l’ambassadrice a affirmé dans un entretien télévisé hier qu’il n’y avait rien de nouveau dans la position qu’elle a développée dans un entretien à la chaîne saoudienne al-Hadath (ses propos ont été à l’origine de la plainte déposée devant le juge Mazeh et du jugement de ce dernier), il n’en reste pas moins que le style qu’elle adopte est nouveau dans l’histoire des relations libano-américaines.
La diplomate a donc attaqué de front et le Hezbollah a riposté, d’abord à travers la plainte déposée contre elle, puis à travers la décision du juge Mohammad Mazeh qui a interdit aux médias libanais de réaliser des interviews avec elle. Selon des sources proches du juge, ce dernier ne se faisait aucune illusion sur la portée pratique de son verdict. Mais il s’agissait pour lui de réagir à ce qu’il considérait comme une ingérence flagrante dans les affaires intérieures libanaises et comme une volonté claire de monter les Libanais les uns contre les autres, mettant ainsi en péril la paix civile. Cette décision a d’ailleurs mobilisé les Libanais tout au long des dernières 24 heures, accentuant le clivage entre eux.
Au-delà des réactions populaires hostiles ou admiratives, il s’agit donc d’un échange de messages entre d’une part l’administration américaine représentée par l’ambassadrice Shea et d’autre part le Hezbollah.
Pour des sources proches de la formation chiite, les déclarations des représentants de l’administration américaine qui se sont multipliées ces derniers temps visent à pousser le Hezbollah à une réaction directe sur le terrain qui l’isolerait et pousserait les Libanais à le désavouer. Pour ces mêmes sources, tout ce qui se passe depuis des mois s’inscrit dans ce cadre. Si les protestations populaires lancées le 17 octobre dernier étaient certainement justifiées ainsi que les revendications sociales brandies par les manifestants, les États-Unis ont rapidement essayé d’exploiter le mouvement pour aboutir à des acquis politiques. Ils ont ainsi essayé de miser sur le mécontentement au sein de la communauté chiite pour la soulever contre le Hezbollah. Comme cela n’a pas marché, poursuivent les sources proches de la formation chiite, ils ont essayé de monter les autres communautés contre le parti pro-iranien dans une tentative de créer une discorde interne et communautaire. Enfin, la fermeture de la route du Liban-Sud par des jeunes de Barja (et de l’Iqlim el-Kharroub en général, à majorité sunnite) vise aussi à nuire au Hezbollah en coupant les routes entre la banlieue sud de Beyrouth et le sud du Liban, selon ces sources. De plus, des jeunes à peine sortis de l’adolescence ont été choisis pour effectuer cette mission, rendant difficile toute réaction de l’armée ou des forces de l’ordre. C’est la raison pour laquelle ces mêmes forces ont mis du temps à rouvrir la route du Sud au cours des derniers jours. Selon les sources proches du Hezbollah, il s’agirait donc d’un plan soigneusement établi pour le discréditer et le pousser à une réaction violente. Mais la formation chiite a réagi d’une façon inattendue, en frappant à travers la justice. Un scénario pratiquement identique, mais à l’envers de celui utilisé pour la remise en liberté de l’ancien geôlier de Khiam. Dans ce cas, le tribunal militaire avait utilisé des points de droit (comme la prescription et le fait que, contrairement à ce qui avait été dit, il ne détenait pas un passeport israélien) pour décider de sa relaxe.
Avec la convocation aujourd’hui de l’ambassadrice des États-Unis par le ministre des Affaires étrangères, l’affaire va reprendre un cours normal et sera traitée selon les règles diplomatiques. Mais le bras de fer engagé entre l’administration américaine et le Hezbollah se poursuivra. Depuis le dernier discours du secrétaire général du parti le 20 juin, il n’a même plus de limite. Hassan Nasrallah a en effet déclaré que face à l’équation mourir de faim ou déposer les armes, « nous choisissons de résister et tuerons ceux qui veulent nous affamer ». Ces propos avaient d’ailleurs étaient perçus par l’ambassade des États-Unis comme une menace directe. Mais selon les sources proches du Hezbollah, il s’agit plutôt d’empêcher les Libanais d’avoir faim. Pour cela, le parti chiite s’apprêterait à recevoir des chargements de vivres et de médicaments transportés par des bateaux iraniens. Dans ce cas-là, la partie sera plus compliquée...
Désormais, entre l’administration américaine et le Hezbollah, c’est la confrontation directe. Depuis quelques mois, plusieurs responsables américains, à commencer par le secrétaire d’État Mike Pompeo, son adjoint David Schenker, et jusqu’à l’ambassadrice au Liban Dorothy Shea, se relaient pour attaquer la formation chiite et expliquer aux Libanais qu’elle est responsable de...
commentaires (12)
Excellentes remarques ma chère Scarlett ! Au moins un article lisible et clair ! Cette satanique politique américzine n'a qu'un seul objectif : Fomenter lâchement et coûte que coûte une nouvelle guerre civile sanguinaire entre libanais en diabolisant veulement et inlassablement le Hezb , pour éviter une guerre meurtrière contre Israel ! Ça leur convient , c'est plus facile que les libanais détruisent eux-mêmes leur pays encore une fois ( ils ont démontré qu'ils en sont capables ) plutôt que de risquer de s'attirer les foudres du monde en provoquant encore un conflit ibternational ! Sale jeu comme ils ont toujours fait !
Chucri Abboud
03 h 05, le 30 juin 2020