À chaque époque, sa résistance. Face à la violente offensive menée actuellement par le Hezbollah contre le Liban, la résistance doit s’articuler en priorité autour de trois axes : le premier est culturel, le deuxième social et humanitaire, et le troisième est économique. C’est bien sur ces trois piliers de la nation que les tirs du Hezbollah se concentrent aujourd’hui, et c’est sur ce champ de bataille que l’agresseur doit être entraîné.
Les valeurs fondamentales du Liban historique sont, contrairement au modèle copié sur les régimes totalitaires voisins, la Liberté avec un grand L, la Culture avec un grand C, la Diversité avec un grand D. Ces valeurs sont au service de l’être humain et de la société. C’est autour d’elles que doit s’ériger la première ligne de défense.
Entretenons notre culture. Sauvons nos écoles et nos universités. Reprenons le chemin de nos bibliothèques, de nos musées. Vulgarisons-les, comme autrefois. Défendons nos médias dans leur diversité. Préservons notre mode de vie dans ses différences et ses variantes. Encourageons les sports et allons à la rencontre de la nature. Maintenons nos festivals, multiplions les concerts musicaux, les pièces de théâtre. Cultivons le beau, le propre, le décent. Développons notre production culturelle. Importons et exportons de la culture.
Donner au Libanais les moyens matériels pour résister. Une ceinture de sécurité sociale et humanitaire doit pouvoir protéger et mettre à l’abri le citoyen en temps de crise. Elle ne peut venir que de la société elle-même, d’initiatives privées. Ces initiatives se multiplient et sont extensibles à souhait, et doivent profiter en priorité au citoyen libanais qui a choisi de faire de la résistance en restant au Liban, et ce en lui offrant l’accompagnement nécessaire, des aides variées (au-delà du fameux carton d’aides alimentaires d’urgence) et du travail (des centaines de milliers d’emplois peu qualifiés sont monopolisés souvent illégalement par des non-Libanais, il n’y a aucun mal à accorder la priorité aux Libanais dans le contexte actuel).
La diversité doit être partout. Dans la culture, dans l’éducation, dans le mode de vie, dans les convictions religieuses, sociales ou sexuelles, dans les choix politiques ou économiques. L’uniformisation, qui s’impose sournoisement, doit être combattue sans relâche et rejetée.
La liberté économique, qui a fait sa prospérité dans un environnement failli, et le capitalisme (oui, ce n’est pas un gros mot) responsable doivent être assumés. Défendons, avec conviction, nos orientations économiques libérales, notre ouverture sur nos partenaires arabes, occidentaux et internationaux. Défendons nos valeurs économiques, nos liens avec la communauté internationale, notre intégration dans le système financier international et refusons d’être isolés, exclus.
Tout cela n’a aucun sens sans la liberté. C’est l’ultime barricade, face à l’obscurantisme qui s’installe. La liberté d’expression, celle de penser ou aussi celle d’entreprendre. La liberté de choisir, d’accepter ou de refuser. La liberté de manifester, d’échanger, mais aussi de changer. Le Liban n’est plus rien sans la liberté. Il y a des concessions que les Libanais ne peuvent faire. Organisons la résistance pour la liberté autour de l’éducation, de la culture, du mode de vie, de la diversité, de la liberté d’entreprendre… Le combat sera long et pénible.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.
commentaires (0)
Commenter