
Le Conseil des ministres réuni au Sérail, le 18 juin 2020. Photo Ani
Le ministre libanais de l’Énergie, Raymond Ghajar, a été chargé jeudi par le gouvernement de trouver un pays qui serait intéressé de signer un contrat avec le Liban pour l'importation du fuel destiné à Électricité du Liban, alors que la société publique algérienne Sonatrach avait annoncé qu'elle ne renouvellerait pas son contrat. L'exécutif a donné un délai d'un mois au ministre afin d'effectuer ces contacts.
"Le Conseil des ministres a décidé de demander à Raymond Ghajar de sonder les points de vue de différents pays qui seraient intéressés à coopérer avec le Liban pour l'achat de fuel oil et gas oil", a annoncé la ministre de l'Information, Manal Abdel Samad, à l'issue d'un Conseil des ministres au Sérail. Peu auparavant, le ministre Ghajar avait affirmé que "le Conseil a confirmé que le contrat avec Sonatrach ne sera pas renouvelé". Il a dans ce contexte annoncé que le cahier des charges pour l'appel d'offre qui sera lancé pour le nouveau contrat est "presque prêt". "Nous allons en discuter avec la Direction des adjudications (DDA) et des amendements seront apportés au cahier des charges", a-t-il poursuivi.
Alors que le gouvernement avait approuvé un renouvellement de l'accord avec Sonatrach à l'expiration du contrat en cours, le 31 décembre 2020, l'entreprise algérienne avait indiqué à M. Ghajar qu'elle n'accepterait pas une telle prolongation, en raison notamment des retombées du scandale du "fuel frelaté". La justice libanaise s'était saisie de l'affaire de ce fuel non conforme aux normes requises il y a plusieurs semaines et l'enquête avait débouché sur plusieurs mandats d’arrêt, notamment à l'encontre de Tarek Faoual, représentant de Sonatrach au Liban. D'autres mandats d'arrêt par défaut avaient été lancés à l’encontre notamment d'Ibrahim Zouk, directeur exécutif de ZR Energy DMCC, et du directeur général des installations pétrolières, Sarkis Hleiss. Un mandat d'amener a été également émis à l'encontre de Teddy Rahmé, PDG de ZR Energy. La directrice générale du pétrole au sein du ministère de l’Énergie, Aurore Feghali, a été brièvement incarcérée avant d'être libérée sous caution.
Le sort des disparus
Le gouvernement a par ailleurs approuvé le décret relatif à la création de la commission nationale indépendante chargée de la question des disparus. La mise sur pied de cette commission entrait dans le cadre de la loi adoptée en novembre 2018 sur les personnes victimes de disparition forcée (loi 105). La création de cette commission est régulièrement réclamée par les proches de ces milliers de personnes disparues durant la guerre au Liban et détenues dans les prisons en Syrie.
Le cabinet a en outre avalisé le versement de compensations financières aux cultivateurs de blé et d'avoine pour les pertes subies en 2018-2019. Ces compensations seront couvertes par l'ouverture d'une ligne de crédit supplémentaire au budget 2020. Le gouvernement a encore approuvé la demande du ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, d'autoriser exceptionnellement la signature d'un contrat "de gré à gré" pour l'émission d'un millier cartes de séjour biométriques, dans l'attente d'un appel d'offres qui sera lancé ultérieurement.
La réouverture des écoles et instituts des enseignements professionnel et technique, à partir du 22 juin, a été approuvée afin de poursuivre l'année académique en cours et permettre aux élèves de passer leurs examens. Le gouvernement a aussi donné des instructions au Haut-Comité de secours afin que soient évalués les dégâts des incendies de ces derniers jours dans le Hermel, à la demande du ministre de l'Agriculture, Abbas Mortada.
Concernant l'entrée en vigueur de la loi César, qui impose des sanctions au régime syrien et à toute personne coopérant avec lui, la ministre Abdel Samad a souligné que le gouvernement avait discuté "de cette loi et de ses retombées sur le Liban" lors de la séance. "L'intérêt du Liban est notre premier et seul intérêt et nous œuvrons sur cette base", a-t-elle déclaré. Répondant en outre à une question sur le taux de change entre le dollar et la livre libanaise, elle a fait savoir que toutes les personnes qui manipulent les cours et exécutent des opérations de change sur le marché noir "sont poursuivies" via la chambre d'opérations établie au ministère de l'Intérieur.
Diab appelle à participer au dialogue à Baabda
Prenant la parole au début de la réunion, le Premier ministre Hassane Diab a d'autre part évoqué la réouverture de l'Aéroport international de Beyrouth (AIB, le seul en fonction dans le pays) et son "impact positif" sur la situation économique. Il a insisté sur l'importance de préserver la sécurité et le calme afin de "donner des indicateurs positifs aux touristes" et motiver les arrivées au Liban pendant la saison d'été. Il a encore appelé à "développer des programmes économiques et touristiques" pour assurer la relance économique dans le pays. "Actuellement, la priorité doit être accordée à la lutte contre la corruption. Il faut se concentrer sur la transparence", a-t-il ajouté, soulignant que tous les ministres étaient concernés par cet objectif.
Hassane Diab a encore exprimé l'espoir que toutes les forces politiques locales participeront à la réunion de dialogue de Baabda, le 25 juin, car cela "sert l'intérêt du Liban". La participation ou non à ce dialogue national sous la houlette du chef de l’État faisaient encore l'objet, jeudi, d'une réflexion de la part des partis opposants au mandat de Michel Aoun.
"Consensus sur la coopération avec l'Est"
A sa sortie de la réunion, le ministre de l'Industrie, Imad Hobballah (Hezbollah), a indiqué avoir proposé au Conseil une ouverture "en direction de l'Est" pour des projets de coopération. "Il existe un consensus" à ce sujet, a-t-il affirmé. Il a ajouté que "plusieurs ministres se réunissent actuellement pour proposer des projets qui pourraient être mis en œuvre" dans ce cadre. A ce sujet, la ministre Abdel Samad a réaffirmé que le gouvernement "n’œuvre que dans l'intérêt du Liban". "Nous sommes ouverts à toutes les propositions qui peuvent aider à répondre aux besoins du pays", a-t-elle ajouté.
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait lancé, dans un discours mardi, un appel portant sur une coopération renforcée avec l'Iran et la Chine notamment, qui pourraient garder le pays "à l’abri de la famine". Il avait souligné que la Chine était prête à investir au Liban, entre autres dans les infrastructures routières. Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, lui avait rétorqué mercredi que personne n’avait le droit de mener les Libanais "là où ils ne veulent pas, ni de leur imposer un mode de vie dont ils ne veulent pas".
Le ministre libanais de l’Énergie, Raymond Ghajar, a été chargé jeudi par le gouvernement de trouver un pays qui serait intéressé de signer un contrat avec le Liban pour l'importation du fuel destiné à Électricité du Liban, alors que la société publique algérienne Sonatrach avait annoncé qu'elle ne renouvellerait pas son contrat. L'exécutif a donné un délai d'un mois au...
commentaires (1)
Le gouvernement a par ailleurs approuvé le décret relatif à la création de la commission nationale indépendante chargée de la question des disparus durant la guerre au Liban et détenues dans les prisons en Syrie. c est un bon moyen pour étouffer l affaire , car la Syrie ne reconnait pas ces disparitions et pourtant
youssef barada
21 h 16, le 18 juin 2020