La participation ou non au dialogue national élargi prévu au palais de Baabda le 25 juin sous la houlette du chef de l’État faisaient encore l'objet, jeudi, d'une réflexion de la part du chef des Marada, Sleimane Frangié, et des ex-Premiers ministres, opposants au mandat de Michel Aoun.
Dans ce cadre, M. Frangié s'est rendu à Aïn el-Tiné pour s'entretenir avec le président du Parlement, Nabih Berry. "M. Berry nous a transmis l'invitation à la rencontre de Baabda. Nous allons étudier la question. L'intérêt du pays impose une certaine solidarité nationale", a déclaré le leader zghortiote au sortir de son entretien avec le président de la Chambre.
Selon des informations de la chaîne locale LBCI, M. Berry a entrepris des contacts avec l'ensemble des présidents des blocs parlementaires, mais aussi avec des ex-Premiers ministres afin de les convaincre de participer à la réunion du dialogue national.
Le chef des Marada s'est ensuite rendu à la Maison du Centre pour déjeuner avec l'ancien Premier ministre, Saad Hariri. "Je n'ai pas encore pris ma décision sur ma participation au dialogue. Il y a encore du temps", a répété M. Frangié à l'issue de la réunion avec le leader du courant du Futur, qui avait un temps soutenu le chef des Marada au moment de la présidentielle de 2016. "Un accord doit être conclu sur le fond, et pas seulement sur la forme", a-t-il ajouté. Par ailleurs, le leader maronite a estimé que "les véritables représentants des sunnites ne sont pas au pouvoir sous l'actuel mandat qui ne bénéficie donc pas de couverture sunnite". Ces propos interviennent alors que les relations de Saad Hariri sont gelées avec le tandem Baabda-CPL depuis l’enterrement définitif du compromis présidentiel, le 14 février dernier.
Dans ce cadre, la présidence de la République a envoyé dans la journée les invitations officielles, au nom du chef de l'Etat, à participer à ce dialogue national. Elles ont ainsi été envoyées au président du Parlement, Nabih Berry, au Premier ministre Hassane Diab, aux anciens présidents de la République, aux anciens Premiers ministres, au vice-président du Parlement Elie Ferzli, ainsi qu'aux présidents de partis et des groupes parlementaires. "Le but de cette rencontre est de discuter de la situation politique générale dans une recherche d'apaisement à tous les niveaux dans le but de protéger la stabilité et la paix civile, et d'éviter toute dérive dont les répercussions pourraient être destructrices pour le pays, particulièrement au vu de la situation économique, financière et sociale sans précédent", indique un communiqué publié par la présidence.
Les ex-Premiers ministres iront-ils?
La participation ou non des anciens Premiers ministres au dialogue de Baabda reste l'une des questions encore en suspens. Selon des informations obtenues par notre correspondante Hoda Chedid, Saad Hariri et Najib Mikati, invités par M. Berry en tant chefs de bloc parlementaire, ainsi que Fouad Siniora et Tammam Salam, qui devraient être invités par la présidence, n'ont pas encore pris de décision, disant attendre l'ordre du jour précis de cette réunion et les dossiers qui seront abordés. Mais des sources proches des ex-PM, citées par notre correspondante, indiquent que ces derniers sont très loin d'être motivés pour y participer.
"Le dialogue entre les Libanais est plus que nécessaire face à la situation dramatique que vit la population, mais un dialogue sans vision claire ou ordre du jour précis ne serait qu'une comédie inutile qui frustrerait encore plus les Libanais", a déclaré M. Mikati devant ses visiteurs à Tripoli, estimant que les précédentes sessions de dialogue "sont restées lettre morte".
Des sources proches de M. Salam ont assuré que ce dernier ne participera pas à une "comédie lors de laquelle aucune vraie décision ne sera prise". "Sur quoi portera le dialogue ? Sur le plan sur l'électricité sur lequel ils sont revenus en Conseil des ministres qui reportait la construction de la centrale électrique de Selaata, ou sur les nominations sur la base de quotes-parts évidents ?", disent ses sources. "Sans mesures concrètes pour sauver le pays, pas besoin d'un dialogue", ajoutent-elles.
Mercredi, Saad Hariri avait quant à lui laissé entendre qu’il ne prendrait pas part à la réunion de Baabda, à l’issue d'une rencontre avec le leader du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt. A contrario, M. Joumblatt a annoncé qu’il répondra présent à l’invitation présidentielle.
commentaires (10)
Ils tournent en rond autour des réformes, leur ennemi juré.
Esber
11 h 44, le 19 juin 2020