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Société

À Tripoli, une marche pour se réapproprier la rue

Une centaine de militants ont manifesté pour dénoncer les émeutes de la semaine dernière, pointant du doigt une manœuvre orchestrée par le pouvoir.

À Tripoli, une marche pour se réapproprier la rue

Les manifestants parcourant hier les rues internes de Tripoli. Photo Ornella Antar

« La rue nous appartient et nous ne l’abandonnerons pas ! » Une centaine de militants sont descendus dans la rue hier à Tripoli pour exprimer leur refus des émeutes qui ont semé la peur dans la capitale du Liban-Nord au cours de la semaine dernière. Les émeutiers, qui se revendiquaient de la contestation populaire et se sont attaqués à des biens publics et privés, ont inspiré la méfiance des manifestants et des activistes tripolitains. Hier dans l’après-midi, des militants se sont réunis place Abdel-Hamid Karamé avant d’entamer une marche dans les rues de la ville, en signe de protestation contre ces troubles qui ont secoué la ville. Pour Élie Khoury, un activiste de gauche, l’objectif de cette marche est la réappropriation de la rue à Tripoli. Selon lui, les partis au pouvoir profitent de la contestation populaire pour régler leurs comptes les uns avec les autres. « À chaque fois que des voyous tenteront de s’approprier la rue, nous la regagnerons et nous lui rendrons sa crédibilité », assure-t-il à L’Orient-Le Jour. Les manifestants ont parcouru les rues internes de la ville avant de revenir sur la place Abdel-Hamid Karamé. En marchant, ils répétaient les mêmes slogans scandés depuis le déclenchement du mouvement populaire le 17 octobre 2019, conspuant la classe politique traditionnelle, mais ajoutant un nouveau nom : celui de Baha’ Hariri, frère de l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Entre deux « À bas le régime des voyous », les manifestants répétaient : « Ni Hassane (Diab) ni les Hariri, nous voulons un gouvernement de transition » et « Promis, promis, nous n’accepterons ni Baha’ ni Saad ».

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Pour Souhaib Jawhar, journaliste originaire de Tripoli, les manifestants ressentent la nécessité d’exprimer leur refus de voir Baha’ Hariri succéder à son frère, surtout que l’aîné devient de plus en plus actif dans la capitale du Liban-Nord. Au cours de la marche, des partisans de Baha’ Hariri ont attaqué verbalement des manifestants, contestant le fait que leur leader soit considéré parmi les figures politiques traditionnelles.

Pour M. Jawhar, l’identité des émeutiers qui cherchent à dévier la contestation de ses objectifs principaux reste toujours floue. « Il y a de tout parmi ces émeutiers », dit-il avant de poursuivre : « Des groupes affiliés aux appareils sécuritaires, d’autres aux partis du 8 Mars et d’autres à Baha’ Hariri. » Réagissant au discours de Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, qui a démenti mardi soir avoir été derrière les actions violentes à Tripoli, M. Jawhar lance : « Celui qui a occupé Zabadani en Syrie n’est-il pas en mesure d’orchestrer les nuits violentes de Tripoli ? » « La marche d’aujourd’hui est une réponse à tous ceux qui sont responsables des actes de vandalisme et de violence qui ont marqué ces derniers jours », conclut M. Jawhar.

« Non à la diabolisation »
Samer Hajjar, membre du groupe Madrassat al-Mouchaghibin, abonde dans le même sens : « Nous sommes là pour dire non à la diabolisation de Tripoli. » « Cette tactique a toujours été celle du pouvoir en place : montrer la ville comme terroriste, semer la discorde entre ses habitants de différentes confessions ou encore la transformer en un théâtre de conflits sécuritaires », martèle M. Hajjar.

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Selon lui, le pouvoir a tenté pendant le week-end de diaboliser la révolution et de terroriser les habitants, notamment les propriétaires de restaurants, de cafés et de petits marchés dans la ville. « Je ne dirai pas que les émeutiers sont des voyous parce que ces jeunes hommes ne bénéficient pas de la moindre protection sociale et je parie qu’aucun d’entre eux n’avait sur lui un billet de 5 000 livres », enchaîne M. Hajjar. « Les plus pauvres sont manipulés par le pouvoir qui les paient pour qu’ils attaquent leurs concitoyens qui, eux, ne bénéficient pas de la protection de l’État et de ses services de sécurité », dit-il. Il a rappelé que les émeutiers défilaient dans la ville sous le regard bienveillant des services de sécurité qui « n’ont jamais été présents à Tripoli pour remplir leur véritable rôle ».

Et l’activiste de conclure : « À Tripoli comme ailleurs au Liban, ils se contentent d’interpeller activistes et journalistes pour avoir dit la vérité. »

« La rue nous appartient et nous ne l’abandonnerons pas ! » Une centaine de militants sont descendus dans la rue hier à Tripoli pour exprimer leur refus des émeutes qui ont semé la peur dans la capitale du Liban-Nord au cours de la semaine dernière. Les émeutiers, qui se revendiquaient de la contestation populaire et se sont attaqués à des biens publics et privés, ont...

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GARE A TRIPOLI OU DES DRAPEAUX TURCS SONT BRANDITS PAR DES MANIFESTANTS. HARIRI FAITES ATTENTION ET RECUPEREZ LA RUE TRIPOLITAINE.

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 49, le 18 juin 2020

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Commentaires (1)

  • GARE A TRIPOLI OU DES DRAPEAUX TURCS SONT BRANDITS PAR DES MANIFESTANTS. HARIRI FAITES ATTENTION ET RECUPEREZ LA RUE TRIPOLITAINE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 49, le 18 juin 2020

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