Dans le conflit sur la propriété de certains biens-fonds à Lassa, un village mixte de Jbeil, où chiites et maronites coexistent tant que bien que mal, un nouveau conflit a surgi, depuis le mois de mai, sur la légitimité d’un projet agricole social lancé par la société Gergi Daccache et Fils et l’association Ardouna, avec la bénédiction de l’évêché maronite de Jounieh, sur un terrain d’une superficie de 47 000 mètres carrés appartenant à l’évêché (bien-fonds 50) et que le député Chaouki Daccache exploite depuis 20 ans.
Cette initiative, destinée aux petits agriculteurs touchés par la crise économique, mettait à leur disposition tout le nécessaire pour la culture de pommes de terre, y compris les semis, et devait leur permettre d’écouler leur production. Une partie des habitants de Lassa devait être associée à ce projet. À la mi-mai, encouragés par le patriarcat qui croyait avoir obtenu le feu vert de toutes les autorités civiles et religieuses concernées, ces agriculteurs, venus sur place prendre possession de leur parcelle et profiter des facilités d’exploitation mises à leur disposition, avaient été violemment refoulés des lieux par un groupe d’habitants de Lassa proches du Hezbollah, sous prétexte que le bien-fonds appartient à la communauté chiite.
Un mois et demi après le lancement du projet, de renvoi en ajournement, la raison du plus fort l’aurait emporté. C’est en tout cas ainsi que les trois promoteurs du projet voient les choses. L’évêque de Jounieh, Mgr Antoine Nabil Andari, a annoncé hier que le projet a été provisoirement abandonné, et que le semis de pomme de terre qui devait être planté à Lassa, sera remis aujourd’hui aux 50 familles engagées dans le projet qui se retrouveront au siège de l’évêché. Et de dénoncer l’attentisme des autorités politiques, administratives, judiciaires et sécuritaires qui ont compromis le projet, qu’il se promet de relancer sous d’autres formes, une fois les obstacles surmontés.
De bonne grâce, affirme Mgr Andari à L’OLJ, malgré l’entorse au principe de la séparation des pouvoirs, les responsables du projet se sont accommodés d’une démarche du ministre de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, confiant au mohafez du Mont-Liban de trancher un litige qui, pour eux, n’en est pas un, puisqu’ils détiennent un titre de propriété en bonne et due forme. Le ministre avait accordé au mohafez un délai d’un mois (expirant fin juin) pour se prononcer. Or le mohafez a reporté sans explications la réunion en question, fixée d’abord au 10 juin, sans lui fixer une nouvelle date, alors que tout retard dans la plantation des pommes de terre risque d’en compromettre la récolte.
Recours en justice
En outre, dans un communiqué conjoint paru dimanche dernier, les promoteurs du projet précisaient qu’un recours en justice devant Ghada Aoun, procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, favorable à la société Gergi et Fils, a été cassé par un recours devant le procureur général de cassation, Ghassan Oueidate, qui a ordonné un sursis à exécution, en attendant que la réunion que doit présider le mohafez se tienne.
« Pourquoi ajourner, remiser, renvoyer ? » s’interrogent les promoteurs du projet. « Nous avons accepté le dialogue, la formation de commission et le respect de certains délais. Est-il concevable que nous soyons pénalisés pour notre respect des lois ? Notre droit de propriété est clair comme le jour et la loi est de notre côté, notre initiative est clairement caritative et coopérative, et nous avons empêché les gens en colère de réagir, dans l’espoir en fin de compte de voir triompher le droit et la loi. »
« Nous avons épuisé, en vain, tous les recours pour obtenir la relance du projet », assure encore Mgr Andari. Et de préciser que le patriarche maronite en personne s’en est ouvert, documents à l’appui, au président de la République, qui aurait confié à l’ancien ministre Mansour Bteich ainsi qu’au président de la Chambre, Nabih Berry, le suivi du dossier. Peine perdue. « Comme le projet prévoyait qu’un quota des terres destinées à la culture était réservé aux habitants chiites de Lassa, une partie correspondante du semis de pomme de terre sera remis au président de la municipalité de Lassa, Ramzi Mokdad, afin qu’il ne se perde pas », a conclu l’évêque. Il n’a pas été possible hier de joindre M. Mokdad au téléphone.
Ils font ce qu’ils veulent puisque le pays est sous la dictature de leurs armes. Des voyous parsemés partout sur le territoire libanais qui ne connaissent que la loi de la violence et de la barbarie. On les a pas entendu moufter pendant la guerre des années 70. Ils étaient doux comme des agneaux. Comme quoi.
13 h 57, le 20 octobre 2020