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Nos Lecteurs ont la Parole

Après le coronavirus, le retour à la normale ?

Voilà, il est là, sans préavis, entre nous, un visiteur inconnu, invisible, malveillant, embarrassant. Qu’est-ce qui a chambardé notre vie à tort et à travers ? Ce n’est autre que le virus corona qui nous fait parler sans cesse de lui. Il a arrêté notre vie, il nous a mis en quarantaine. L’économie mondiale est en pleine crise ou plutôt à la limite de l’arrêt, les secteurs économiques à la limite de la faillite, les gens vulnérables économiquement sont à la limite de la famine, les routes vides, les hôpitaux débordés par des malades atteints, les cimetières se remplissent de ses victimes. Il a brisé notre vie sociale, il nous a transformés en une bombe à retardement pour notre entourage et a interdit les contacts bienveillants et affectueux entre les gens qu’on aime, il va nous laisser des cicatrices.

Nous attendons avec impatience que le corona termine sa visite et nous quitte sans regret pour revenir à notre vie d’avant, à la normale. Mais est-ce qu’on était vraiment dans la normale ? Cette expérience malveillante doit nous ouvrir les yeux sur le fait qu’on va revenir à une situation hostile et nuisible. Nous devons réfléchir et faire la mise au point sur notre vie, où les habitudes, l’acceptation et l’esprit machiavélique nous ont aveuglés sur l’état de détresse où on est.

À commencer par notre rythme de vie. Nous vivons dans un engrenage de consommation manipulée par la publicité qui utilise la technique de la manipulation mentale issue des sciences humaines. Nous vivons dans un univers d’hyperconsommation où on dépense plus que nos besoins sur plein de choses inutiles qui sont devenues indispensables. Pour faire face à cette exigence de consommer, une grande majorité de femmes et d’hommes, accablés par des crédits, ont pour seul objectif l’argent. L’argent est pour eux le moyen d’arriver au bonheur par le biais de la consommation. Il est devenu plus important d’avoir que d’être. Cette quête de l’argent, cette consommation de masse et la course aux quantités au lieu de la qualité ont entraîné des effets néfastes sur l’être humain, sur son environnement et sa santé. Nous atteignons peu à peu les limites de la planète. Un extrait d’une lettre de Sitting Bull (chef de tribu indien d’Amérique) écrite en 1886 souligne ce qui suit : « (L’homme blanc) traite sa mère la terre et son frère le ciel comme des choses à acheter, piller, vendre, comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la Terre et ne laissera derrière lui qu’un désert. (…) La Terre n’appartient pas à l’homme, l’homme appartient à la Terre. » Il nous a bien compris. Notre épuisement de notre mère, la terre, ne date pas d’aujourd’hui et sa prophétie commence à se réaliser.

La Terre, l’eau, l’air, le feu. Trois des quatre éléments qui composent le monde d’après le philosophe grec Empédocle, Ve siècle av. J.-C., ont des problèmes dus à l’activité humaine.

Concernant la Terre : la déforestation en 10 ans de 13 millions d’hectares de forêts qui sont convertis à d’autres utilités ou dégradés. L’Amazonie perd 4 251 000 hectares par an, soit un terrain de football toutes les 7 secondes. À ce rythme, la forêt sera complètement dévastée vers les années 2150. Et quand on sait que ces forêts sont le poumon de la terre et générateur d’oxygène, on réalise la gravité du problème.

Les guerres, les activités minières et l’intensification de l’agriculture, l’accumulation de déchets ménagers, industriels et hospitaliers sont les premiers coupables de la contamination des sols à travers le monde. « La pollution des sols affecte la nourriture que nous mangeons, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons et la santé de nos écosystèmes », a déclaré Mme Maria Helena Semedo, directrice générale adjointe de la FAO. Ajoutons à cela les conséquences du changement climatique sur notre environnement.

L’urbanisation, les rejets de produits chimiques par les usines, de produits ménagers, d’engrais, de déchets (ex : bouteilles en plastique), les marées noires sont les causes essentielles de la dégradation de la qualité de l’eau, qui a une conséquence néfaste sur la santé des êtres vivants.

Centrales thermiques, chauffage, industries et transports contribuent à la pollution de l’air qui augmente la fréquence de certains cancers, des maladies respiratoires et de la mortalité associée.

La pollution est responsable de 9 millions de morts dans le monde par an. Une étude publiée par The Lancet estime qu’un décès sur six à l’échelle de la planète est attribuable à une forme de pollution (air, eau, sol ou milieu professionnel) « trois fois plus que les morts combinées du sida, de la tuberculose et du paludisme ». (Source : Le Monde octobre 2017).

L’environnement construit par l’homme n’est pas dans un état meilleur. Les villes sont transformées en collection de bâtiments isolés et juxtaposés qui ont perdu leur appartenance à la culture du lieu. L’espace urbain, qui était un espace de vie de rencontre et d’échange, est devenu un ensemble d’espaces résiduels et discontinus sans relation ni échange, et qui sont envahis par les moyens de transport qui sont une des causes de pollution, d’embouteillages et en plus une cause majeure de décès, estimés à 1,35 million chaque année, en plus de 20 à 50 millions de blessés. L’Organisation mondiale de la santé prévoit qu’en 2030, 2,3 millions de personnes mourront à la suite d’un accident de la route.

Il y a une grande injustice dans la distribution des richesses de la planète entre les individus, entre zones urbaines et rurales et entre les pays. Les pays les plus développés confisquent les richesses du sol des pays pauvres par l’intermédiaire des gouvernements corrompus et complices, ce qui résulte que 20 % de la population consomme 80 % des ressources de la planète avec un immense gâchis, alors que 50 % de la nourriture mondiale finit à la poubelle (Le Figaro). En contrepartie, d’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 25 000 personnes meurent chaque jour de malnutrition, et plus de 800 millions souffrent chroniquement de malnutrition, principalement dans les pays en voie de développement.

Ce monde, qui est décrit ci-dessus, représente le monde comment il était avant le corona. Le monde d’après, en ajoutant à tous les problèmes mentionnés l’effet néfaste du corona, n’est pas encore bien défini et pourrait être catastrophique pour certains pays vulnérables économiquement.

Je deviens de plus en plus convaincu qu’on doit trouver une nouvelle formule pour gouverner le monde, en le prenant en une seule entité, car les problèmes mondiaux sont très imbriqués, ils ne peuvent plus être gérés par des gouvernements séparés et en conflits.

La lutte de survie que le monde poursuit pour confronter le virus corona, qui a déjà causé plus de 460 000 victimes en 7 mois, doit continuer à agir contre les dangers qui nous entourent et qui causent des pertes par millions et sont provoqués par des systèmes créés par nous-mêmes pour organiser notre vie. Nous ne devrions pas accepter que ces dangers soient une fatalité.

Georges Élias BOUSTANI

Architecte D.P.L.G.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Voilà, il est là, sans préavis, entre nous, un visiteur inconnu, invisible, malveillant, embarrassant. Qu’est-ce qui a chambardé notre vie à tort et à travers ? Ce n’est autre que le virus corona qui nous fait parler sans cesse de lui. Il a arrêté notre vie, il nous a mis en quarantaine. L’économie mondiale est en pleine crise ou plutôt à la limite de l’arrêt, les...

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