Il avait débuté dans le calme autour de 15h. Mais en début de soirée samedi, le grand rassemblement contestataire qui rassemblait plusieurs milliers de manifestants contre la classe politique libanaise, sur la place des Martyrs dans le centre-ville de Beyrouth, a été émaillé d'affrontements avec la police et de tensions entre protestataires et jeunes des quartiers avoisinants connus pour être proches du Hezbollah et du mouvement Amal.
Ce rassemblement est censé signaler le retour en force de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre la classe politique accusée de corruption et d'incompétence, au moment où le Liban fait face à sa pire crise économique en trente ans, aggravée par la pandémie du coronavirus.
Commencé dans le calme, le rassemblement a vite été émaillé de tensions, notamment lorsqu'un groupe de protestataires a voulu se rendre vers la voie-express du Ring qui donne sur le quartier de Khandak el-Ghamik, où de nombreux partisans d'Amal et du Hezbollah résident. L'armée et les forces de l'ordre se sont alors déployées sur les lieux afin d'éviter des affrontements. Une sorte de no man's land a été mis en place sous le ring. Du côté de Béchara el-Khoury, l'armée était déployée face aux jeunes anti-contestation qui criaient "chiites, chiites!". De l'autre côté du Ring, au niveau de l'Oeuf, le FSI empêchaient les contestataires d'aller plus loin. Les militaires ont essuyé des jets de pierre, mais la situation n'a toutefois pas dégénéré.
Plus tard, d'autres échauffourées ont eu lieu dans la rue Weygand, qui mène vers le siège du Parlement et où se trouve la municipalité de Beyrouth. Des tirs de gaz lacrymogène ont eu lieu afin de disperser les manifestants. Plusieurs d'entre eux lançaient des pierres contre les forces de l'ordre, notamment au niveau de l'immeuble An-Nahar. Des vitrines de magasins ont été endommagées par ces jets de pierres. Par ailleurs, un groupe de manifestants s'en est pris à un jeune qui brandissait une arme blanche parmi la foule. Il a essuyé plusieurs coups de la part des protestataires, avant que ceux-ci ne le livrent aux militaires sur place. Au moins un militaire a été blessé et évacué en ambulance.
Un peu plus tôt, le ministre de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, avait affirmé que les forces de sécurité protégeraient les manifestants pacifiques, tout en mettant en garde contre les attaques visant les biens publics et privés
La Croix-Rouge libanaise a annoncé sur son compte Twitter avoir déployé six équipes. Onze blessés ont été transportés à l'hôpital et 37 ont été soignés sur place. La défense civile a elle indiqué avoir secouru sur place 23 blessés et transporté 4 autres à l'hôpital.
"La révolution continue"
Dès le matin, des bus avaient transporté des manifestants des quatre coins du pays, notamment de Tripoli dans le Nord, ou encore de Hasbaya, Kab Elias et Jdita dans la Békaa, selon notre correspondante Sarah Abdallah. D'autres convois sont partis la localité de Zouk dans le Kesrouan, ou encore d'Antélias dans le Metn, ainsi que de la place Sassine à Achrafieh. Les contestataires avaient commencé à se rassembler sur la place des Martyrs dès 13h. Certains étaient équipés de masques de protection sanitaires, d'autres non. "Le problème, dans ce pays, c'est que nous ne sommes pas unis. L'allégeance va aux zaïms et non à la nation malheureusement", regrettait un manifestant expliquant à notre journaliste Tilda Abou Rizk être un militaire à la retraite originaire de Tripoli. Samy Saab, cofondateur du collectif "Khat Ahmar", soulignait pour sa part que "la révolution continue, malgré toutes les pressions et les interventions. C'est un long processus. Nous devons faire exemple de civilité, aujourd'hui". "Pour changer le système, nous n'avons que cette révolution. La présence en nombre aujourd'hui ne nous intéresse pas. De toute façon, la vraie révolution n'a pas encore commencé", disait-il à notre journaliste du place, Suzanne Baaklini.
"La Békaa fait trembler la terre", lançait par ailleurs un groupe de protestataires venus de cette région frontalière de la Syrie. "Nous sommes venus en bus avec tous nos voisins du village. Nous sommes nombreux, notre convoi comptait environ 18 bus", se félicitait un jeune manifestant de 18 ans, venu de Taalabaya.
Omar est lui venu du Akkar, au Liban-Nord. "Je réclame la chute de ce pouvoir pourri. Nous n'avons ni emplois, ni routes, ni eau, ni électricité. Que voulez-vous de plus ?", lâchait le jeune homme.
"Nous avons faim"
Le rassemblement de samedi ne fait pas l'unanimité dans les milieux de la contestation populaire. Depuis que des groupes de contestataires ont appelé à ce rassemblement place des Martyrs, le bruit courrait que l’un de ses principaux slogans serait un appel au désarmement du Hezbollah et à l’application de la résolution 1559 (désarmement des milices) du Conseil de sécurité de l’ONU. Or, l’application de la 1559 n’a jamais été au cœur des revendications de la révolte, ce sujet divisant autant la population que la classe au pouvoir. Seul le Forum des jeunes, soutenu par Baha’ Hariri (frère de l'ancien Premier ministre Saad Hariri) et présidé par l’avocat Nabil el-Halabi, semble tenir à cette revendication. D'autres contestataires reprochent à des formations politiques d'avoir appelé à ce rassemblement afin de surfer sur la vague de la révolte, pointant ainsi du doigt le parti Kataëb de Samy Gemayel, ou encore les Forces libanaises de Samir Geagea. Ainsi, le rassemblement d'aujourd'hui n'a pas fait l'unanimité à Tripoli, dans le Nord, ni à Saïda ou Nabatiyé, dans le Sud. Les détracteurs de la manifestation à Beyrouth rejettent notamment les appels du parti Kataëb, relayés par des manifestants, à des élections législatives anticipées.
"Nous avons faim, c'est pour cela que nous sommes venus manifester. Nous ne protestons pas contre les armes du Hezbollah. Nous protestons contre les armes illégales qui dans notre région à Baalbeck font des ravages. Nous n'avons peur de rien, nous sommes des révolutionnaires libres", martèle une manifestante de Baalbeck.
De fait samedi, place des Martyrs, il n'y avait presque aucun slogan appelant à l'application de la résolution 1559. "Allez dégage Michel Aoun", ou "À bas le gouvernement Diab" ont par contre résonné lors de ce rassemblement, des slogans fréquents de ce genre de rassemblements anti-pouvoir.
Un autre groupe de manifestants, tous des hommes vêtus de gilets noirs sur lequel est écrit "Le mouvement des jeunes de la Békaa" et qui seraient affiliés à Baha' Hariri, ont pris part à la manifestation.
Le Liban fait face à sa pire crise économique et financière en trente ans. Le 17 octobre 2019, une révolte populaire sans précédent a éclaté, fustigeant la classe politique et financière accusée de corruption et d'incompétence. Cette révolte avait poussé le cabinet de Saad Hariri à démissionner. Le gouvernement actuel, dirigé par le Premier ministre Hassane Diab, n'a jamais réussi à obtenir la confiance de la rue qui lui reproche de ne pas avoir mis en place les réformes nécessaires pour redresser le pays. Le cabinet Diab a dans ce contexte annoncé en mars le premier défaut de paiement de l'histoire du Liban et négocie à l'heure actuelle avec le Fonds monétaire international une aide d'environ 11 milliards de dollars, en se basant sur un plan de sauvetage économique qu'il a adopté et qui est censé s'étaler sur cinq ans. La crise économique s'est amplifiée en raison de la pandémie du coronavirus, poussant davantage des milliers de Libanais dans la pauvreté et le chômage.
pas grave, ce qui s'est passe ne fait que nous conforter dans notre union a nous les contestataires de la revolution et ne fait que confirmer leurs pourriture et leur malaise. HN& associes y compris le cpl ne leur reste plus que ces slogans vides et vides de tout sens faute de quoi plus de partisans naifs . en effet il ne leur en reste presque plus a part ceux payes pour descendre dans les rues.
12 h 08, le 07 juin 2020