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Société - Reportage

À Saïda, une « marche de la colère » contre le pouvoir et le rassemblement d’aujourd’hui

« Les slogans proposés pour la manifestation de samedi sont ceux d’une guerre civile », dénonce un manifestant

Lors de la manifestation contre le pouvoir, vendredi soir, à Saïda. Photo João Sousa

Plusieurs centaines de contestataires se sont rassemblés hier sur la place Élia, à Saïda, un des épicentres du mouvement de contestation du 17 octobre 2019, à la veille du rassemblement populaire prévu aujourd’hui place des Martyrs. Un rassemblement qu’ils contestent car il vient, selon eux, servir des « agendas précis ».

À l’occasion de ce rassemblement intitulé « La chute de la structure corrompue : élevons la voix contre la politique de corruption », les manifestants se sont rassemblés devant la branche de la Banque centrale dans la capitale du Liban-Sud avant d’organiser « une marche de la colère » dans les quartiers de la ville pour arriver jusqu’à la place Élia. En début de soirée, l’accès à cette place a été coupé par les protestataires.

Selon notre correspondant à Saïda, Mountassar Abdallah, cette manifestation venait confirmer les slogans du mouvement de contestation déclenché le 17 octobre 2019 contre la classe politique et économique. Les protestataires ont notamment réclamé le recouvrement des fonds pillés, le combat contre la corruption, une justice indépendante et des élections législatives sans critère communautaire. « Ni Saad (Hariri), ni Hassane (Diab), ni l’Arabie saoudite, ni l’Iran », ont lancé les protestataires. Ils ont aussi crié des slogans contre les Forces libanaises ou Nadim Gemayel (député Kataëb). « Les armes sont à nous, les armes sont à nous », ont-ils aussi lancé.

Les manifestants portaient des « keffiehs » palestiniens et brandissaient des drapeaux libanais. Ils portaient aussi des masques, étant donné que la pandémie du coronavirus sévit encore au Liban. Sur les banderoles brandies par les protestataires, on pouvait lire : « Nous voulons un État démocratique et non communautaire ou fédéral » ou encore « Oui à un gouvernement de transition » et « Non à la confiscation de la décision politique indépendante ».

« Agenda particulier »

« Depuis le 17 octobre, nous demandons le recouvrement des fonds et une justice indépendante. Nous voulons que toutes nos demandes économiques et sociales soient réalisées. Cette manifestation a pour but de rappeler aux gens que nous avons encore les mêmes demandes », déclare Hoda Hafez, une activiste. « Il semble que la manifestation de samedi ait un agenda particulier et divise la rue », ajoute-t-elle, estimant que ce sera un échec. Si elle se prononce pour les armes « de la résistance », elle se dit toutefois « contre les armes non contrôlées ». « Nous portons les armes de la résistance depuis 1982 et jusqu’à aujourd’hui, et ces armes resteront », dit-elle encore.Les protestataires de Saïda ne se sentent pas en phase avec leurs camarades de Beyrouth pour deux raisons principales, selon des sources proches des manifestants : les collectifs à l’origine de l’appel à la manifestation du 6 juin n’ont pas coordonné avec eux, comme à leur habitude, et les slogans proposés pour le rassemblement sur la place des Martyrs ne ressemblent pas à ceux qui étaient brandis par la rue en octobre et novembre derniers, et qui étaient essentiellement axés sur la corruption et la chute de la structure politique qui la cautionne et qui en tire profit. Les organisateurs du rassemblement de Saïda contestent ainsi l’appel à des élections législatives anticipées et à l’application des résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité, qui prévoient un désarmement de tous les groupes armés. « La manifestation de samedi ne nous concerne pas », lance ainsi Aahed Madi. « Notre manifestation vient aujourd’hui confirmer les slogans du 17 octobre, parce que certains commencent à avoir leurs propres agendas, dénonce-t-il. Les slogans proposés pour la manifestation place des Martyrs par certaines parties sont ceux d’une guerre civile. » « Ceux qui lancent ces slogans se cachent derrière la révolution du 17 octobre pour réaliser leurs objectifs et se venger des armes du Hezbollah et de la résistance », poursuit-il. Dans le même sens, Mahmoud dit avoir été « choqué » de voir les slogans prévus pour la manifestation d’aujourd’hui.

Plusieurs centaines de contestataires se sont rassemblés hier sur la place Élia, à Saïda, un des épicentres du mouvement de contestation du 17 octobre 2019, à la veille du rassemblement populaire prévu aujourd’hui place des Martyrs. Un rassemblement qu’ils contestent car il vient, selon eux, servir des « agendas précis ».À l’occasion de ce rassemblement intitulé...

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