Le président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdelamir Kabalan, a appelé lundi le gouvernement libanais à récupérer les fonds détournés par les responsables corrompus, ce qui éviterait selon lui au pays d'avoir à "mendier" l'aide du Fonds monétaire international, alors que le Liban traverse sa pire crise économique et financière de ces 30 dernières années.
Dans un discours adressé aux Libanais à l'occasion de la fête du Fitr, le cheikh Kabalan a appelé l'exécutif à "donner les noms de tous les corrompus et de ceux qui ont volé le pays, afin qu'ils soient traduits en justice". "Nous conseillons au gouvernement d'accélérer les procédures pour récupérer les fonds pillés, ce qui permettrait au Liban d'éviter de mendier des aides au FMI et de se soumettre à ses conditions", a ajouté le dignitaire chiite.
Pour le cheikh Kabalan, le Liban est "un pays riche qui a de nombreuses possibilités, mais dont les finances ont été pillées en raison de sa soumission aux diktats internationaux et à des pressions économiques, qui ont permis aux corrompus d'affamer les gens". "L'équipe ministérielle a aujourd'hui l'opportunité de se libérer de ces pressions", a-t-il estimé, appelant le gouvernement de Hassane Diab à "développer une nouvelle politique économique, basée sur le soutien aux secteurs de production et aux initiatives et projets nationaux".
Il a encore déclaré que les sanctions américaines imposées à des responsables et alliés du Hezbollah avaient "porté atteinte à l'économie du Liban". Le cheikh Abdelamir Kabalan a par ailleurs exhorté le cabinet à "coopérer à nouveau avec le gouvernement syrien", une question qui divise fortement la scène politique libanaise.
Le Liban est confronté à une crise économique et financière profonde, qui l'a poussé à faire défaut sur sa dette écrasante et à demander officiellement une aide au FMI. Si les négociations avec l'institution viennent tout juste de commencer, la lutte contre une corruption endémique au pays du Cèdre fait partie des conditions sine qua non pour les voir aboutir, et le gouvernement libanais a déjà commencé à légiférer en ce sens. Dans ce cadre, le Parlement doit se pencher jeudi sur plusieurs lois de lutte contre la corruption.
Le recours au FMI est toutefois accueilli froidement par le Hezbollah qui a notamment appelé cette semaine le gouvernement Diab à se laisser la possibilité d'avoir des "choix alternatifs".
commentaires (14)
pour luter contre la corruption il faut commencer par dissoudre le parlement
youssef barada
17 h 33, le 26 mai 2020