Deux militaires aux arrêts après avoir agressé un médecin dans un hôpital de Tripoli

L'armée libanaise a annoncé mercredi avoir mis en détention les deux militaires qui ont agressé, dans la soirée de mardi, un médecin en poste dans un hôpital de Tripoli, et qu'une enquête avait été lancée concernant cet incident. 

"Une vidéo circule sur les réseaux sociaux, montrant deux militaires qui attaquent un médecin", a rappelé la troupe dans un communiqué. "Ce qui s'est passé est une réaction individuelle de ces militaires et ne représente en aucun cas les principes et l'éthique de l'armée", a ajouté l'institution, qui a annoncé avoir "pris immédiatement des mesures comportementales" vis-à-vis des deux soldats visés et les avoir placés en détention. "Une enquête a été ouverte concernant l'incident", a souligné le bureau de presse de la troupe.

Sur la vidéo, on peut voir l'altercation opposant un groupe de soldats et un médecin. Ce dernier se fait ensuite pousser et frapper à plusieurs reprises par deux des soldats présents sur les lieux. 

"Attaque odieuse"
Réagissant à cet incident, la ministre de la Défense, Zeina Acar, a réclamé des sanctions à l'encontre des agresseurs. "Nous ne pouvons accepter que l'on s'en prenne à la dignité des citoyens, alors que dire d'une attaque contre la dignité d'un médecin dans l'exercice de ses fonctions dans un hôpital ?", a écrit la ministre sur Twitter. "J'ai demandé que les mesures disciplinaires adéquates soient prises afin de protéger la dignité du médecin et de l'hôpital, et que ce genre d'incident ne se répète plus, quelles que soient les circonstances", a-t-elle ajouté. 

Pour sa part, l'Ordre des médecins a condamné une "attaque odieuse", appelant le commandement de l'armée à prendre "les mesures disciplinaires les plus sévères" contre les agresseurs du médecin et à s'assurer que ce genre d'attaque ne se reproduira plus. "Nous demandons à la justice militaire de poursuivre les personnes impliquées et de leur imposer de sévères sanctions", a encore réclamé l'Ordre à l'issue d'une réunion urgente consacrée à cette affaire. 

Plus tôt dans la matinée, l'administration de l'hôpital Dar al-Shifa de Tripoli, où a eu lieu l'agression, a souligné qu'une personne avait été admise aux urgences de l'établissement dans la soirée de mardi, après une "dispute personnelle". "Les forces de sécurité sont ensuite arrivées sur les lieux et un militaire a frappé un médecin urgentiste" de garde, ajoute l'hôpital, qui condamne l'agression. L'établissement a encore souligné ne pas être à l'origine de la fuite de la vidéo, prise au moyen d'une caméra de sécurité. 

Selon des informations de presse, les militaires souhaitaient interroger le patient soigné par le médecin, qui souffrait d'une blessure par balle et se trouvait dans un état critique, alors que l'urgentiste voulait d'abord lui assurer les premiers soins. 

Parallèlement à cet incident, plusieurs individus ont attaqué le service des urgences de l'hôpital du Secours populaire de Nabatiyé, au Liban-sud. Ils refusaient de passer de se faire tester la température avant d'entrer dans le service, en guise de prévention contre le coronavirus.