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Moyen-Orient - Syrie

À Deraa, la population craint une nouvelle fois les foudres de Damas

Les habitants dénoncent le déploiement de troupes loyalistes et de milices pro-Téhéran dans la région.

Manifestation jeudi soir dans la province de Deraa contre l’arrivée de forces pro-Iran. Photo de l’association Hauran libre

« Nous ne courberons pas l’échine », « Non à l’Iran, non au Hezbollah ». Deux ans après la reprise de la ville de Deraa par les forces loyalistes, l’accord de réconciliation fragile conclu avec les rebelles risque de voler en éclats. Depuis le mois de mars, des clashs entre les deux camps sont récurrents. La tension est montée d’un cran jeudi dans la région, après l’expulsion forcée de civils de leurs habitations, notamment dans le quartier de Dahieh, à l’orée de la ville de Deraa, par les forces du régime et les milices iraniennes. Ces troupes auraient vidé tous les bâtiments, des habitations et des écoles, surplombant la vallée, à l’ouest de la banlieue de Deraa, mais aussi dans le district d’el-Chafa.

« Des milices armées ont jeté à la rue des familles sous prétexte qu’elles n’ont pas de titre de propriété ou de contrat de location enregistré auprès de l’État », explique à L’Orient-Le Jour Abou Mahmoud al-Haurani, porte-parole de l’association Hauran libre, du nom de la région s’étendant dans les gouvernorats de Qouneitra, Soueida et Deraa. Ces familles sont en grande majorité des déplacés désœuvrés qui résident à titre gracieux dans des appartements, après consentement de leurs propriétaires. Ces expulsions s’inscrivent dans une tentative du régime de mettre au pas la région, très agitée ces derniers mois. Des civils fuyaient en masse jeudi et hier les villes de Tafas et d’al-Mazirib, un secteur proche de la frontière avec la Jordanie voisine, par craintes de violences suite à l’arrivée massive de renforts progouvernementaux dans la zone. Plusieurs détachements de la 4e division de l’armée syrienne, dirigée par Maher el-Assad, frère du président, mais aussi de milices pro-Iran, dont le Hezbollah, sont arrivés depuis Damas à Tafas, au nord de la ville de Deraa, faisant craindre aux habitants l’imminence d’une offensive militaire. Cette double démonstration de force a poussé des dizaines de personnes à descendre dans les rues jeudi et hier, à Tafas, Deraa al-Balad et dans d’autres localités, en brandissant des pancartes « non à l’Iran, non au Hezbollah », « Le peuple syrien est un », ou encore « la mort plutôt que l’humiliation ».

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« Les forces iraniennes ne sont pas étrangères à la région mais c’est la première fois qu’elles pénètrent aussi loin, notamment la brigade de Zeinab (formée de Pakistanais) », explique Abou Mahmoud al-Haurani qui pense que le régime Assad se prépare à lancer bientôt une opération militaire dans la zone. Dans la soirée, un comité de négociations russe est venu mettre un stop à cette escalade entre les différents acteurs sur place.

Équilibre fragile
En pleine crise du coronavirus, mais aussi et surtout en pleine crise économique, il paraît difficile d’imaginer que le régime syrien a décidé de faire valser les accords avec les rebelles en lançant une offensive pour reprendre le contrôle total de la zone. L’arrivée de ces troupes et milices étrangères, pour le moins imposantes, servirait à intimider la population et à étouffer une fois pour toutes un éventuel regain de violences. La mèche avait été allumée début mai après que neuf policiers ont été enlevés et tués lors d’une attaque contre un poste de la ville d’al-Mazirib. L’acte aurait été commis en représailles au meurtre du fils d’un ancien chef militaire de l’Armée syrienne libre (ASL) par les forces de sécurité du régime. Après la mort des policiers, l’armée aurait envoyé des renforts pour mater la ville et arrêter les coupables, avant de faire marche arrière, sous pression des Russes, selon des activistes.

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La région survit dans un équilibre fragile depuis 2018, lorsque ce berceau du soulèvement syrien a été reconquis en partie par les forces loyalistes. Après des mois de combats intenses qui ont tué des centaines de personnes et déplacé des centaines de milliers d’autres, l’opposition et le gouvernement sont parvenus à un accord de réconciliation négocié par Moscou. Grâce à cette « taswiyat », les Russes ont restitué les zones que la rébellion contrôlait à l’autorité nominale du gouvernement syrien, et ont permis aux combattants de conserver leurs armes légères. La ville de Tafas ainsi que certains quartiers de Deraa ne sont donc, selon l’accord, pas soumis au contrôle de l’armée du régime ni des Russes ou des Iraniens. Mais de nombreuses exactions, arrestations, intimidations et assassinats d’habitants ou de proches de membres de la rébellion ont mis la région sous haute tension. Le Bureau de documentation des martyrs de Deraa, qui documente les violations des droits de l’homme dans la province, a signalé 39 attaques et tentatives d’assassinat, qui ont entraîné la mort de 26 personnes au cours du seul mois de février. Treize des victimes étaient des anciens membres de l’opposition, qui avaient rejoint les unités gouvernementales.

« Nous ne courberons pas l’échine », « Non à l’Iran, non au Hezbollah ». Deux ans après la reprise de la ville de Deraa par les forces loyalistes, l’accord de réconciliation fragile conclu avec les rebelles risque de voler en éclats. Depuis le mois de mars, des clashs entre les deux camps sont récurrents. La tension est montée d’un cran jeudi dans la...

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ILS CRAIGNENT LE RETOUR DU VAMPIRE...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 59, le 16 mai 2020

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Commentaires (2)

  • ILS CRAIGNENT LE RETOUR DU VAMPIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 59, le 16 mai 2020

  • Et Bassil de prétendre que les réfugiés syriens peuvent rentrer chez eux en toute sécurité!

    Yves Prevost

    08 h 36, le 16 mai 2020

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