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Moyen-Orient - Syrie

Assad limoge le ministre du Commerce intérieur et le remplace par le gouverneur de Homs

Talal el-Barazi est un proche de la famille de la Première dame.


Tournée du responsable de l’ONU chargé des Affaires humanitaires, Mark Lowcock, à Homs en Syrie, accompagné du gouverneur Talal el-Barazi, le 10 janvier 2018. Archives AFP

À Damas, le jeu de chaises musicales se poursuit. Alors que la saga Makhlouf-Assad bat son plein, le président syrien a ordonné lundi le limogeage du ministre du Commerce intérieur et de la Protection des consommateurs, Atef el-Naddaf, en poste depuis 2018. Selon un décret publié lundi, son remplaçant est l’actuel gouverneur de Homs, Talal el-Barazi. Ce changement au sein du cabinet ministériel survient dans un contexte de crise économique majeur et de tensions au sein du clan au pouvoir, notamment après les prises de parole via Facebook de l’homme d’affaires syrien et cousin du président Rami Makhlouf. Alors que la livre syrienne continue sa course folle (1 500 LS pour 1 dollar) et après neuf années de guerre, la population parvient difficilement à subvenir à ses besoins. Le ministère du Commerce intérieur est devenu l’un des boucs émissaires favoris de l’opinion qui le considère rongé par la corruption depuis de nombreuses années. Ces dernières semaines, Atef el-Naddaf s’est retrouvé sous le feu des critiques, après des décisions du gouvernement d’augmenter le prix de l’essence et d’instaurer une distribution de pain via des cartes à puce. Des critiques parvenues à l’oreille du président qui en a fait mention lors de son discours à l’Assemblée le 30 avril dernier. Mais la mise à l’écart de ce ministre pourrait en réalité être liée aux bisbilles entre les Makhlouf et les Assad.

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Fin avril, M. Naddaf a mis fin de manière abrupte au contrat signé par l’État avec la société Takamol qui gérait les cartes électroniques servant à la distribution de carburant, de sucre, de riz, de thé et de pain. En plein combat pour le partage des marchés, la société avait été montrée du doigt parce qu’elle appartiendrait à un cousin d’Asma el-Assad, épouse du président, mais aussi en raison des profits juteux qu’elle tirait de ce contrat. Ces révélations avaient notamment été partagées par le journal al-Watan, appartenant à Rami Makhlouf. Selon la chaîne al-Arabiya, le ministre du Commerce intérieur aurait été poussé à écarter Takamol, à la demande du milliardaire.

Évacuations de Homs

C’est d’un ministère gangrené dont Talal el-Barazi hérite, alors que l’inflation se poursuit. Dans une caricature partagée dans un groupe Facebook prorégime, l’homme est dépeint comme un loup entrant dans un poulailler, prêt à lutter contre la corruption. Cinq jours avant l’annonce de sa nomination, un journal progouvernemental faisait l’éloge du politicien et homme d’affaires à la tête de nombreuses sociétés et membre de la Chambre de commerce de Damas. Issu du monde des affaires, M. Barazi, 57 ans, avait créé la surprise lors de sa nomination en tant que gouverneur de Homs en juillet 2013. La ville est alors assiégée par les forces progouvernementales. Des durs du régime avaient à l’époque protesté contre le parachutage de cet homme qui a longtemps résidé aux Émirats arabes unis, mais qui est surtout non adhérent au Baas et sans expérience dans les moukhabarat. En 2014, des loyalistes avaient appelé à son renvoi, à la suite d’attentats à la bombe dans la ville qui avaient entraîné la mort de dizaines d’enfants. Cet homme baraqué, issue d’une famille de notables de Hama (lié au politicien et au diplomate d’origine kurde Hosni et Mohsen el-Barazi), est toutefois parvenu à camper à son poste durant sept ans. Aux yeux des prorégime, il est rapidement devenu celui qui est parvenu à faire plier la « capitale de la révolution syrienne ». Début 2011, Homs était l’épicentre des manifestations anti-Assad, puis de la lutte armée face à la répression. Fort de ces relations avec Bachar el-Assad et avec la famille Akhrass (nom de jeune fille d’Asma), mais aussi avec les Iraniens (alliés du régime), le gouverneur est parvenu à négocier le départ des rebelles suite à la perte de plusieurs quartiers en 2014, jusqu’au dernier district, al-Waër, au printemps 2017. En novembre 2018, le Hezbollah l’avait accueilli en grande pompe dans le Hermel pour le remercier de son soutien aux forces de la milice déployées dans la région. En juin 2013, le Hezb était parvenu à récupérer Qousseir, ville de la province de Homs stratégique pour le régime syrien et proche de la frontière libanaise.

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« C’est la personne la plus haïe à Homs par l’opposition qui a dû partir, mais aussi des habitants encore sur place », dit Mohammad, un journaliste contacté via WhatsApp, qui a du quitter al-Waër le 19 avril 2017. « Le jour de mon départ, il est rentré dans notre bus et a demandé si certains voulaient rester et signer des papiers de réconciliation. On a répondu qu’on ne s’acoquinera jamais avec des assassins. Il était furieux et nous a lancé “vous n’êtes pas des vrais homsiotes, mais des mercenaires”, puis il a claqué la porte du bus. Imaginez les vieux et les familles présentes, contraintes de quitter leur lieu de naissance, entendre ça », raconte Mohammad.

À Damas, le jeu de chaises musicales se poursuit. Alors que la saga Makhlouf-Assad bat son plein, le président syrien a ordonné lundi le limogeage du ministre du Commerce intérieur et de la Protection des consommateurs, Atef el-Naddaf, en poste depuis 2018. Selon un décret publié lundi, son remplaçant est l’actuel gouverneur de Homs, Talal el-Barazi. Ce changement au sein du cabinet...

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Pariez que d’ici trois jours de fonction on l’appellera TALAL EL DARRAZI

PROFIL BAS

15 h 48, le 14 mai 2020

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Commentaires (1)

  • Pariez que d’ici trois jours de fonction on l’appellera TALAL EL DARRAZI

    PROFIL BAS

    15 h 48, le 14 mai 2020

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